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Les pancartes du pink bloc sont devenues virales, comme ici lors d’une des manifestations parisiennes, en février 2023.

RÉFORME DES RETRAITES – « J’adore les grévistes. C’est tellement romanesque. » Cette citation, qui n’est autre qu’un détournement d’une des punchlines de Paloma dans un épisode de Drag Race France, vous l’avez peut-être aperçue si, depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, vous avez participé à l’une des manifestations parisiennes, comme celle de ce mercredi 15 mars.

Et pour cause, ladite citation, alors imprimée sur une capture d’écran pixélisée de la fameuse drag-queen (génialement grimée en Fanny Ardant), figure sur plusieurs des pancartes brandies fièrement par les manifestants du cortège LGBTI : le pink bloc.

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Sur d’autres, on trouve des références évidentes à des paroles cultes, comme à celles de Mylène Farmer (« Sans contrefaçon, je suis contre Macron »), de Diam’s et Vitaa (« Mel, assieds-toi faut que je te parle. Tu vas passer ta retraite dans l’noir ») ou Dalida (« Il venait d’avoir soixante ans. C’était le plus bel argument de sa retraiteuh »).

« La culture LGBTI est très en prise avec la culture pop », nous explique un membre des inverti.es, collectif à qui l’on doit toutes ces pancartes. Sous leur plume, ce ne sont plus les gays, mais les macronistes qui essayent de tuer Jennifer Coolidge, star de The White Lotus. Quant à Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, c’est désormais celui de « la vieille fille sans cheveux ».

Un engouement croissant

Céline Dion, lunettes noires, remonte la vitre son SUV. Aya Nakamura, posée sur son lit, insulte une internaute sur Twitter. Une image d’Anne Dorval en Criquette Rockwell (Le cœur a ses raisons). Une autre de Laura Felpin dans Le Flambeau. Les détournements sont très drôles, ils s’appuient sur des mèmes, ces images reprises et déclinées en masse sur Internet.

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Sur Instagram, les montages sont commentés, likés et partagés. « On espérait que ça fonctionne, mais on a été surpris par la viralité de la première série de mèmes. Ça nous a encouragés à continuer », nous explique ce même membre des inverti.e.s. À peine le millier d’abonnés sur le réseau social au début du mouvement de mobilisation contre la réforme des retraites, le collectif se rapproche désormais des 10 000.

L’engouement pour le pink bloc est croissant, nous assure-t-on. En ligne, comme dans les rangs du cortège. La hausse de la fréquentation des manifestations y est pour quelque chose. L’arrivée d’un char – un camion sur lequel les militants scandent chansons et slogans – aussi. À l’initiative du cortège, les inverti.e.s sont désormais rejoints par d’autres collectifs queers et s’organisent avec les syndicats. « Ça montre qu’on est un cortège sérieux », constate l’activiste.

Si le pink bloc parisien a pris de l’ampleur, il n’est toutefois pas le premier de l’histoire des mobilisations. En France, son histoire remonte à 1971, date de l’apparition du Front homosexuel d’action révolutionnaire. Son but est clair : manifester collectivement pour dénoncer les oppressions liées aux genres ou aux orientations sexuelles, le patriarcat et le capitalisme.

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« Avec les mèmes, on a réussi à être viral », se félicitent les inverti.e.s. Un intérêt, qui s’accompagnerait d’une « reprise de conscience des liens entre ces enjeux », nous dit-on. Le signe, aussi, « d’une demande plus présente chez les personnes LGBTI de se réinvestir dans le mouvement ouvrier ».

« On va continuer tant qu’on peut »

Lancé en septembre dernier au moment des mouvements de grèves pour la revalorisation des salaires dans les raffineries, le collectif entend répondre à un manquement de la part des grandes organisations LGBTI « qui n’ont pas été capables de proposer une riposte face au déferlement homophobe de La Manif Pour Tous », en 2012.

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« Ma révolution » de Jennifer devient « Notre révolution ».

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Ici, un détournement du tube de Lady Gaga, « Born This Way ».

Des plateaux de Quotidien à ceux de Médiapart, en passant par L’Obs, 20 Minutes ou des médias plus spécialisés, comme Komitid : le mouvement attire les médias. Une manière pour ses instigateurs de porter haut et fort leurs revendications : « montrer que nous les LGBTI, pour la majorité des travailleurs et travailleuses, sommes concernés, que nous avons des choses à dire et des spécificités dans notre manière d’être touchés et de nous mobiliser ».

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L’heure tourne et, ce jeudi 16 mars, le projet de loi revient à l’Assemblée. Même s’il obtient une majorité de voix, le pink bloc reste au front, malgré les craintes de résignation. « Ce qui compte, c’est le rapport de force dans la rue, entre les grèves et les blocages, nous soufflent les inverti.e.s, prenant pour exemple le recul du gouvernement sur le CPE, en 2006, devant les mobilisations de l’époque. On va continuer tant qu’on peut. » Car le pink bloc entend, comme le chante (presque) Lorie, rester « ta meilleure manif ».

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