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Le film « Sage-Homme » de Jennifer Devoldere sort en salle ce mercredi 15 mars.
picture alliance via Getty Image Le film « Sage-Homme » de Jennifer Devoldere sort en salle ce mercredi 15 mars.

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Le film « Sage-Homme » de Jennifer Devoldere sort en salle ce mercredi 15 mars.

CLICHÉS – Depuis la mort de sa mère emportée par un cancer, Léopold n’a plus eu qu’un but dans sa scolarité : devenir médecin. Mais au concours d’entrée de la fac de médecine, les choses ne se passent pas comme prévu et l’étudiant doit intégrer l’école des sages-femmes. D’abord mal à l’aise dans ce métier connoté féminin, le jeune homme cache sa nouvelle orientation professionnelle à sa famille et ses amis, par peur des réflexions désobligeantes. Ce synopsis, c’est celui du film Sage-Homme, réalisé par Jennifer Devoldere et qui sort en salle ce mercredi 15 mars.

Mais cette histoire fictive se rapproche de celle de Thibault*, sage-femme depuis quatre ans dans la région de Montpellier, qui a lui aussi menti à ses proches au sujet de son choix de carrière. Une orientation qui était pourtant l’aboutissement d’un rêve d’ado qu’il cultivait dans l’ombre. Après sa première année à la fac de médecine, il se spécialise donc en maïeutique, afin de devenir sage-femme. Pourtant, à sa famille, il dira avoir choisi le parcours pharmacie.

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« Je ne leur avais jamais dit que je voulais faire ce métier et au moment de me spécialiser, j’ai paniqué. Avec mes parents, on avait déjà beaucoup parlé du fait de devenir pharmacien et je n’avais pas envie de les décevoir. D’autant plus que, dans leur tête, devenir sage-femme était inenvisageable », explique Thibault au HuffPost. Il faut dire qu’en France, ce métier est encore très peu pratiqué par des hommes, qui ne représentent que 3 % des sages-femmes, selon la Mutuelle d’assurances du corps de santé français.

« Mais, tu es un homme ?! »

Pendant le premier trimestre, le jeune homme de 29 ans réussira à cacher le réel sujet de ses études. « Mes parents n’ont jamais été du genre à vérifier ce que je faisais, et je vivais seul donc ça aidait aussi », confie-t-il. Mais au moment des fêtes d’année, la pression devient trop forte. Alors, entre Noël et le Nouvel An, Thibault crache le morceau.

« Je l’ai dit à mes parents et, évidemment, ils étaient en colère. Ils ne comprenaient pas pourquoi je leur avais menti », raconte-t-il. Au moment de la révélation, les réflexions fusent. Au-delà de la déception causée par le mensonge, les parents de l’étudiant ne comprennent pas sa vocation. « Ils me disaient “Mais, tu es un homme ?! Ce n’est pas un métier pour toi, ça. On n’a jamais vu d’hommes aider les femmes à accoucher !” », raconte-t-il.

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Ces réflexions, Florian, sage-femme à Valenciennes, les a, lui aussi, entendues. « Moi, j’ai toujours voulu faire ce métier. Mes parents moins », rit-il. Tellement, qu’il a d’abord fait des études de droit avant de se réorienter vers sa passion. « En fait, ils étaient coincés dans les stéréotypes de base et affirmaient que c’était un métier de femmes », avance le jeune homme de 27 ans.

Des couples réticents

Les familles de ces sages-femmes ne sont pas les seules à être réticentes à l’idée qu’un homme exerce cette profession. Les patientes et leurs conjoints ne sont pas toujours enthousiastes à l’idée qu’un sage-femme prenne en charge le suivi d’une grossesse jusqu’à l’accouchement. Pourtant, « pour plein de femmes, ce n’est pas un problème de consulter un homme gynécologue, estime Florian. C’est un vrai paradoxe. »

Pendant ses études, Florian a donc écumé les refus en masse. Il se souvient notamment d’un stage réalisé à Bruxelles, où il n’avait pu assister qu’à sept accouchements en cinq semaines. « Le problème est que ces actes sont comptés pour être diplômé », rappelle-t-il.

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S’il est désormais officiellement sage-femme, les rejets restent présents. « Parfois, je dois dire aux couples : “Écoutez, certes vous ne voulez pas de moi, mais si à un moment vous sentez que ça pousse ou qu’il y a une urgence et que toutes mes collègues sont occupées, ça sera moi quand même.” Et au final, ils sont bien contents, explique-t-il. Mais ce sont des situations qui sont plus rares que pendant mes études. »

Ses collègues sages-femmes n’ont pas non plus toujours été tendres avec lui, n’hésitant pas parfois à lui faire des remarques. « J’ai déjà entendu “tu es un homme, tu ne peux pas tout connaître ou comprendre sur ça” », relate Florian, qui est le seul homme de son service.

Un métier qui « touche à l’intimité des femmes »

« Ce métier touche à l’intimité des femmes, donc c’est normal qu’elles ne veulent pas d’amateurisme, même si ça peut être blessant d’être refusé. Surtout que quand on étudiant, on ne demande qu’à apprendre », raconte David, sage-femme en Guyane.

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Le trentenaire a toujours été encouragé par sa famille à poursuivre la carrière qu’il souhaitait. À l’hôpital, même si les patientes sont parfois surprises, tout le monde accepte et intègre facilement le fait qu’il soit un homme. « Les rares fois où des couples m’ont dit “non”, c’était pour des questions religieuses et de culture, ça se respecte, souligne-t-il. Je pense que je ne suis pas à plaindre par rapport à des femmes qui exercent des métiers encore considérés comme masculins. Elles ont vraiment droit à des remarques désobligeantes et sexistes. »

*Le prénom a été changé.

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