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SPORT – « Je suis Halba, je suis une femme, il faut composer avec ça. » Halba Diouf, athlète transgenre privée de compétition d’athlétisme à cause de son changement de genre, a mis les points sur les « i » dans le magazine L’Équipe, dont elle fait la couverture, dans une interview publiée ce vendredi 7 avril . Elle y parle de sa transition et exprime aussi sa colère face aux instances sportives qui l’empêchent de pratiquer son sport.

Grand espoir de l’athlétisme français, Halba Diouf, 21 ans, a récemment fait des chronos impressionnants qui faisaient d’elle l’une des favorites pour les Championnats de France catégorie espoirs et les Championnats de France élite de février. Mais comme le rappelle le quotidien sportif, elle a été retirée de la liste des inscrites.

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Halba Diouf en couverture du magazine l’Equipe

« J’étais sur la liste des engagées sur les France Espoirs, puis ils m’en ont enlevée sans me donner d’explications. J’étais très en colère. Je l’ai vécu comme une injustice », raconte l’athlète. « Ils m’ont contactée quelques jours après pour me dire que je ne pouvais pas courir tant qu’ils n’avaient pas accès à mon suivi biologique et que ma carte d’identité n’indiquait pas mon nouveau genre (ce qui n’est plus le cas), alors qu’ils savaient que j’existais depuis deux ans. Mes performances ont dû faire peur », analyse-t-elle, toujours sonnée.

La fédération internationale durcit les règles

Le règlement de la fédération internationale exigeait un taux de testostérone de moins de 5 nanomoles/L sur un an pour les athlètes transgenre. Sauf que cette règle s’est brutalement durcie le 23 mars, lorsque les femmes transgenres ont tout simplement été bannies des compétitions. Depuis le 31 mars, celles « qui ont connu une puberté masculine » ne peuvent plus concourir aux compétitions féminines.

Cette annonce a « choqué » Halba Diouf. « Je considère que c’est de la discrimination. À la base, on pensait qu’ils voulaient durcir les règles (…) Mais là, c’est de l’acharnement », dénonce-t-elle. Elle assure que son traitement a « réduit fortement (s)es forces » et que courir avec les hommes lui est désormais impossible.

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« Les femmes trans ne menacent personne. On n’a jamais dominé le sport féminin. Au bout de douze mois de traitement, il n’y a plus d’avantage. Et il y a beaucoup de conséquences physiques pour nous. J’ai perdu énormément en capacités et c’est devenu très compliqué pour moi de me muscler. Surtout, je ne m’identifie pas en tant qu’homme, donc je ne vois pas pourquoi je courrais avec eux », insiste l’athlète.

Dans un communiqué publié sur son compte Instagram peu après la décision de la World Athletics, elle disait aussi regretter cette « injustice », cette « oppression ». « Exclure les femmes trans nuit à TOUTES les femmes », s’insurge-t-elle dans son texte.

Objectif : Jeux olympiques

Interrogée sur la création d’une troisième catégorie « transgenre » en compétition, elle est ferme : « Ce n’est pas possible. Avant de décider de l’interdiction des femmes (des compétitions), ils avaient déjà durci les règles. Je n’ai même plus de testostérone. C’est de l’acharnement. »

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Malgré des bâtons dans ses roues, Halba Diouf veut se battre pour faire de la compétition. Elle souhaite notamment concourir pour le Sénégal, où elle a vécu jusqu’à ses quatre ans mais dont elle n’a pas la nationalité, et « participer aux Jeux olympiques ».

Et elle est déterminée : « Je vais sûrement recevoir des critiques mais je m’en moque. Je vais me présenter aux compétitions. C’est un combat. On est déjà exclus dans la vie de tous les jours alors qu’on ne représente pas grand-chose. À un moment donné, ce n’est plus possible. »

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