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Comment se manifeste le mal d’estomac chez la femme enceinte ?

Si certaines femmes ressentent des brûlures d’estomac dès le premier trimestre de grossesse, ces dernières apparaissent, la plupart du temps, au cours du deuxième trimestre. A quoi sont-elles dues ? « La progestérone entraîne de nombreux bouleversements au niveau du système digestif, précise Aurore Lavergnat, diététicienne-nutritionniste. Ce changement hormonal provoque le relâchement des muscles digestifs dont ceux qui ferment l’estomac ce qui peut provoquer des remontées acides, une digestion ralentie des aliments… » Il ne faut pas oublier, non plus, la croissance du fœtus qui, au fil des mois, grandit, grossit et exerce de plus en plus de pression au niveau de l’estomac.  D’où ces remontées acides plus ou moins fréquentes.

Que manger en cas de brûlures d’estomac enceinte ?

Certains aliments, boissons et modes de cuisson sont à privilégier, quand d’autres sont à éviter. Le point avec Aurore Lavergnat, diététicienne-nutritionniste.

Quels aliments préférer ?

Il faut opter pour des aliments qui n’agressent pas la paroi digestive. Parmi les légumes, c’est le cas, par exemple, des carottes, des courgettes, des épinards, des courges… Pour les féculents, la pomme de terre et la patate douce sont alcalinisantes tout comme le pain complet, le riz complet, le quinoa.

Côté fruits, « la banane est douce et alcalinisante, précise la diététicienne-nutritionniste, tout comme la poire et les compotes. »

Concernant les protéines (viande, poisson, œuf), « il faut privilégier les viandes blanches comme le poulet, la dinde, le lapin, l’escalope ou l’épaule de veau…, conseille Aurore Lavergnat, plus rapides à digérer que les viandes grasses. Les poissons maigres (colin, cabillaud, merlan, limande-sole, carrelet, raie, lotte…) sont également faciles à digérer car ils ne renferment que des protéines. Toutefois, les petits poissons gras comme la sardine et le maquereau sont intéressants pour leur apport en acides gras essentiels oméga-3 bons pour la femme enceinte et le fœtus. De plus, ils absorbent peu de métaux lourds et sont donc moins pollués comparés au saumon ou au thon. » Chaque femme enceinte étant différente, il faut tester et voir si on les digère bien ou pas. Il en est de même pour les œufs. Sinon, pour avoir une dose suffisante d’oméga-3, « il faut penser aux huiles végétales de colza,, de lin qui, en plus, sont bénéfiques pour la paroi gastrique lésée », précise Aurore Lavergnat.

Et pour faire le plein de calcium ? « On préfère les produits laitiers à base de chèvre et de brebis qui sont moins acidifiants que ceux à base de vache, pouvant provoquer un reflux gastro-oesophagien, et qui se digèrent mieux », conseille la diététicienne-nutritionniste.

Quels aliments éviter ?

Au niveau des légumes, il faut éviter la tomate, l’ail, l’oignon, le poireau, les choux. Pourquoi ? « La tomate en raison de son acidité, et les autres légumes cités parce qu’ils renferment des composés soufrés qui les rendent moins digestes au niveau de l’estomac, risquant de provoquer un mauvais goût dans la bouche », informe la diététicienne-nutritionniste. Ce qui n’empêchent pas qu’ils ont un intérêt pour le reste du système digestif. « Ils sont antioxydants et anti-inflammatoires », complète-t-elle.

Côté fruits, il faut faire l’impasse sur les agrumes : citron, pamplemousse… mais aussi sur le kiwi.

Attention également au pain blanc, aux céréales raffinées. « Ces aliments sont extrêmement acidifiants pour l’organisme, riches en amidons et donc difficiles à digérer », prévient la diététicienne-nutritionniste.

Autres aliments à mettre de côté pendant quelque temps : les viandes grasses (échine de porc, épaule de mouton, entrecôte et côte de bœuf, travers de porc, poitrine de porc fumé, merguez…) qui renferment parfois jusqu’à plus de 40 % de matières grasses. « Les matières grasses ralentissent énormément la digestion », rappelle Aurore Lavergnat.

Les épices, la charcuterie, le sel, les gâteaux industriels, le chocolat doivent également être évités, car ils sont acidifiants.

Quelles boissons choisir et éviter ?

« Pour faciliter la digestion, on peut choisir une eau minérale naturelle plate riche en bicarbonate, en magnésium, en calcium car elles sont alcalinisantes », précise la diététicienne-nutritionniste. C’est le cas, par exemple, de Contrex, Hépar, Volvic… Les eaux minérales gazeuses alcalines comme Badoit, Quézac peuvent faciliter la digestion. « Ce qui ne sera pas le cas d’une eau minérale rendue gazeuse à la maison par l’intermédiaire d’une machine à gazéifier », prévient Aurore Lavergnat. 

Les tisanes sont aussi des boissons bien adaptées. « Particulièrement celles à base de réglisse ou de guimauve qui sont réparatrices de la muqueuse intestinale », explique Aurore Lavergnat.

Le thé est aussi autorisé à condition qu’il soit vert, blanc ou qu’il s’agisse de rooïbos. « En revanche, pas de thé noir, riche en tanins qui augmentent l’acidité », prévient la diététicienne-nutritionniste.

Autre possibilité côté boisson : « pensez à mixer de l’aloé vera dans un smoothie, cela réalisera un pansement gastrique », propose la diététicienne-nutritionniste. Une bonne idée pour soulager naturellement les brûlures d’estomac de la femme enceinte. Attention, il faut choisir de l’aloe vera alimentaire et le conserver au réfrigérateur pour éviter toute contamination bactérienne.

En revanche, pour ne pas augmenter les remontées acides, le relâchement du sphincter ou favoriser les ballonnements, on évite le thé noir, le café, les sodas

Les modes de cuisson à préférer

Moins il y a de matières grasses plus la digestion se fait rapidement. « On opte pour les cuissons douces à la vapeur, en papillote, conseille Aurore Lavergnat, plutôt que la poêle, la friture qui nécessite trop de matières grasses qui demandent plus de travail digestif pour être absorbées et qui risquent donc de provoquer des aigreurs d’estomac. »

Comment soulager les brûlures d’estomac enceinte ?

Il y a plusieurs choses à mettre en œuvre pour limiter le risque de reflux gastrique enceinte. Voici quelques conseils à suivre.

Fractionner les repas

Habituellement, on fait trois repas par jour : petit déjeuner, déjeuner, dîner. « Enceinte, pour limiter le risque de remontées acides, il est préférable de fractionner son alimentation et prendre 4 à 5 petits repas par jour », conseille la diététicienne-nutritionniste. Comment faire ? Voici comment découper sa journée avec des idées de repas, et les espace-temps à respecter pour la digestion.

• Petit déjeuner : 1 bol de flocons d’avoine + jus végétal + 1 fruit séché (pruneau, abricot, figue…) ou 1 compote + 1 tisane.

• Collation (à prévoir minimum 2 heures après le petit déjeuner) : 1 compote ou 1 banane ou 1 bol de légumes cuits.

• Déjeuner (à prendre 1 heure à 1 heure 30 après la collation) : 1 portion de viande ou de poisson + légumes + féculents. En cas de brûlures d’estomac, prendre uniquement des légumes et pas de féculents.

• Collation (à prévoir vers 16 – 17 h) : 1 compote ou 1 fruit.

• Dîner (à prendre 1 h 30 à 2 h après la collation) : 1 portion de viande ou de poisson + légumes + éventuellement des féculents.

Se relaxer avec la sophrologie

« La sophrologie est une aide précieuse pour apaiser les douleurs liées à l’estomac, et notamment les remontées acides », indique Clémentine Joachim, sophrologue certifiée.

Voici 3 exercices proposées par la sophrologue pour apaiser ces maux. Les deux premiers sont des exercices de relaxation dynamique, le troisième est une sophronisation. « Ce dernier exercice permet de modifier ses ressentis en remplaçant ses sensations négatives (les brûlures d’estomac) par des sensations agréables », explique Clémentine Joachim.

Les deux premiers exercices peuvent se pratiquer debout ou assise. A chaque femme enceinte de voir la position qui lui convient le mieux en fonction de son état. « Si la position debout est choisie, écarter les pieds au minimum de la largeur du bassin pour favoriser l’équilibre et la stabilité du corps pendant la pratique. Relâcher les bras le long du corps, le dos droit et les épaules basses. Fermer les yeux, explique la sophrologue. Si la position assise est choisie, s’adosser contre le dossier de la chaise ou du fauteuil, pieds au sol, mains sur les cuisses, yeux fermés. »

L’exercice du cou pour programmer l’apaisement des brûlures

– Inspirez profondément par le nez. Retenez votre respiration. Tournez la tête de droite à gauche comme pour dire non. Expirez en soufflant doucement par la bouche et en ramenant la tête droite.

– Reprenez une respiration naturelle. Observez vos ressentis : de la détente au niveau du cou, un relâchement de la nuque.

– Recommencez 3 fois en donnant une intention aux mouvements : « Lors des mouvements de tête de droite à gauche, dites ‘non’ mentalement aux brûlures d’estomac, explique Clémentine Joachim. Le refus psychologique des douleurs est le premier pas de la programmation de soulagement. »

– Puis, inspirez profondément par le nez. Retenez votre respiration et inclinez la tête de haut en bas comme pour dire ‘oui’. Expirez en soufflant doucement par la bouche et en ramenant la tête dans l’axe de la colonne vertébrale.

– Reprenez une respiration naturelle et observez les ressentis : les muscles du cou de plus en plus décontractés, la gorge qui s’étire, se relâche. « La sensation de dénouement de la gorge participe à contrer les désagréments liés aux brûlures des reflux qui l’irrite », informe la sophrologue.

– Recommencez ce mouvement 3 fois de suite en lui donnant du sens : « Lors de l’inclinaison de la tête de haut en bas, dites ‘oui’ mentalement au soulagement, à l’apaisement à l’accalmie des aigreurs d’estomac, conseille la sophrologue. Cela consolide le travail de programmation de l’apaisement par le cerveau. »

Le conseil de la sophrologue : le temps de rétention d’air (moment où l’on retient sa respiration après l’inspiration) d’une femme enceinte a tendance à être réduit. Il est essentiel que chaque femme s’écoute. Il est donc conseillé de souffler en expirant doucement par la bouche avant que la rétention d’air ne devienne désagréable et ne mène à l’essoufflement. Le but est de marquer un temps de rétention d’air adapté à chacune, en fonction de sa forme et de ses capacités respiratoires.

 Les éventails pour effacer les brûlures

L’exercice peut être réalisé en position debout ou assise.

– Inspirez profondément par le nez en levant les bras devant soi à l’horizontal. Retenez votre respiration et secouez vos mains comme si vous effaciez des écritures sur un tableau : « imaginez que ces écritures sont les brûlures d’estomac et tous les autres maux et inconforts liés à la grossesse et dont vous voulez vous libérer », détaille Clémentine Joachim.

– En même temps que vous secouez vos mains pour effacer les aigreurs d’estomac, rapprochez-les progressivement de votre poitrine. Une fois vos mains revenues au niveau de la poitrine, expirez en soufflant par la bouche et en relâchant les bras le long du corps.

– Reprenez une respiration naturelle et observez vos ressentis.

« Recommencez le mouvement 3 fois de suite jusqu’à ce que les douleurs aient disparues du tableau, jusqu’à ce que ce tableau mental soit entièrement vierge. Prenez conscience de votre capacité à effacer les douleurs », explique la sophrologue.

  La sophronisation pour apaiser les brûlures d’estomac

« Les visualisations se pratiquent souvent allongées, mais dans le cas des femmes enceintes souffrant de brûlures d’estomac, il est conseillé d’opter pour une position assise ou semi-allongée, car la position allongée amplifie l’inconfort lié au reflux gastrique », précise Clémentine Joachim. Puis fermez les yeux et respirez librement.

– Offrez à votre corps la position la plus confortable et la plus douillette possible. N’hésitez pas à vous adosser contre un oreiller moelleux. Mettez-vous dans une bulle de calme, dans un cocon imperméable aux bruits extérieurs. Concentrez-vous entièrement sur les ressentis à l’intérieur de votre corps. Respirez profondément pour laisser le calme s’installer davantage et favoriser la concentration sur les ressentis.

– Le scan corporel : relâchez mentalement chaque partie de votre corps en commençant par les muscles du visage (les sourcils, les mâchoires…), la nuque, le cou. Abaissez les épaules vers le sol, relâchez les bras jusqu’au bout des doigts. Relâchez le dos de haut en bas. Sentez votre cambrure s’assouplir. Relâchez le thorax et percevez les mouvements qu’imprime votre respiration sur votre corps : les côtes qui s’ouvrent, se referment au rythme de la respiration, le ventre qui se gonfle et se dégonfle. Décontractez votre bassin, vos muscles fessiers. Relâchez les muscles de vos jambes jusqu’au bout des pieds. Prenez conscience de votre corps détendu.

– Maintenant, repérez les sensations négatives de votre corps : celles issues des brûlures d’estomac. « Ce peut être une douleur piquante dans la gorge, des sensations de brûlures dans le sternum, l’abdomen, décrit Clémentine Joachim. Identifiez les sensations désagréables dans votre corps sans les éveiller davantage, et observez-les comme des tensions isolées dans le reste du corps à présent entièrement détendu. Désolidarisez ces inconforts du reste de votre corps. »

– L’étape suivante consiste à imaginer quelque chose de positif apportant des sensations inverses : « Cela revient à identifier les ressources qui peuvent apaiser les maux issus des reflux gastriques, détaille la sophrologue. Chaque femme a ses propres ressources. Certaines opteront pour une sensation de fraîcheur (celle d’une eau pure et limpide qui vient contrer la sensation piquante ou brûlante), d’autres préfèreront l’image d’un massage qui détend le corps et libère tous les maux… » Ensuite, il faut prendre conscience des sensations agréables ressenties à l’évocation de cette ressource : il s’agit de sensations de bien-être et de soulagement qui viennent contrer les sensations de brûlures.

– Puis, il faut maintenant substituer les sensations négatives par les sensations positives : « une fois la ressource identifiée, remplacez les ressentis désagréables des brûlures d’estomac par les sensations agréables et positives de la ressource, explique Clémentine Joachim. Imaginez que les sensations de fraîcheur, de détente se déposent délicatement sur les zones douloureuses. Remplacez les sensations négatives par les sensations positives : la brûlure par la fraîcheur, l’aigreur par la douceur, la crispation par la détente. » Utilisez la respiration pour amplifier les ressentis agréables : à chaque inspiration la ressource prend de plus en plus d’ampleur, de puissance, diffusez-la par la force de l’expiration. Imaginez les sensations douloureuses se réduire de plus en plus, les sensations agréables prendre de plus en plus de place dans votre corps, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’elles. Percevez une sensation d’apaisement, de soulagement et prenez conscience de votre corps apaisé.

– Ancrez les nouvelles sensations d’apaisement. « Pour s’en imprégner, le cerveau doit les enregistrer, avertit la sophrologue. Pour cela, inspirez profondément par le nez en gonflant le ventre et la poitrine. Retenez votre respiration le temps de mémoriser ces nouvelles sensations d’apaisement et expirez en soufflant lentement par la bouche pour diffuser ces ressentis dans votre corps. Reprenez une respiration naturelle et intégrez les sensations positives. »

– Et enfin, sortez progressivement de votre bulle de concentration en reprenant conscience de votre environnement : sentez les points d’appui de votre corps, écoutez les bruits extérieurs, inspirez par le nez, soufflez fortement par la bouche pour vous redynamiser. Prenez le temps de bailler, de vous étirez et rouvrez les yeux sans précipitation.

Quel médicament pour les brûlures d’estomac quand on est enceinte ?

Avant d’avoir recours aux médicaments allopathiques, on peut d’abord se tourner vers les plantes. Didier Pesoni, pharmacien spécialisé en aromathérapie préconise « la mélisse en tisane à raison de 3 à 4 tasses par jour, après ou entre les repas. On peut aussi prendre de la mélisse en EPS. »

Une autre plante est également efficace contre les maux d’estomac de la femme enceinte : le gingembre. Ce dernier peut être utilisé, en début de grossesse, pour soulager les nausées, mais également en cas de brûlures d’estomac. « Le gingembre renferme du gingérol et des shogaols qui favorisent la vidange gastrique, précise le pharmacien. Il suffit d’éplucher un petit morceau de racine de gingembre, de le passer à l’extracteur pour obtenir un jus concentré. Il suffit, ensuite, de verser ½ à 1 cuillerée à café dans une tasse d’eau minérale et d’en boire 3 à 4 fois par jour. » On n’utilise pas le gingembre sous forme d’huile essentielle chez la femme enceinte.

Si les plantes ne suffisent pas à calmer les aigreurs d’estomac, dans un deuxième temps, « on peut avoir recours aux anti-acides topiques qui ont une action locale et mécanique », précise Didier Pesoni. Ces médicaments sont composés d’alginate de sodium, de bicarbonate de sodium, de carbonate de calcium, d’aluminium hydroxyde, de magnésium hydroxyde.

En dernier recours, « et seulement sur prescription médicale, la femme enceinte pourra prendre des inhibiteurs de la pompe à protons qui donnent d’excellents résultats », explique le pharmacien.

Et la bonne nouvelle, c’est que passé l’accouchement, les brûlures d’estomac disparaîtront !

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