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Luxation de la rotule, à ne pas confondre avec la luxation du genou !

Aussi appelée luxation patellaire, la luxation de la rotule correspond au déboitement de l’articulation fémoro-patellaire, à savoir celle qui relie le fémur et la rotule. Elle fait généralement suite à un traumatisme direct ou indirect : choc, torsion par rotation interne ou changement brusque de direction. C’est un traumatisme fréquent chez l’adolescent, l’adulte jeune et le sportif. “Il y a une perte totale ou partielle des rapports anatomiques normaux de l’articulation, ce qui signifie que les zones articulaires ne sont plus emboitées comme elles devraient l’être” précise le Dr Miniot.
Dans l’immense majorité des cas, le déplacement est de la rotule est latéral externe. “Les très rares cas de luxations internes sont consécutives à des actes de chirurgies ou à de très gros traumatismes” indique le spécialiste. 

La luxation de la rotule est très différente de celle du genou : la première concerne l’articulation entre la rotule et le fémur, alors que la luxation du genou concerne celle située entre le fémur et le tibia. 

Dr Jean-Christophe Miniot, médecin du sport : La luxation du genou est beaucoup plus grave que celle de la rotule. Elle survient sur des traumatismes très importants (accidents de la route, chute de très grande hauteur), et peut avoir de graves conséquences vasculaires et nerveuses.

Symptômes : Comment savoir si on a une luxation de la rotule ?

Lorsqu’elle ne s’est pas spontanément remise en place, la luxation de la rotule est facilement visible car la rotule est déplacée sur le côté du genou et palpable. Le patient a par ailleurs du mal à marcher, voire à se tenir debout, et la région patellaire est généralement gonflée et douloureuse
Dans les cas où la luxation s’est spontanément réduite, à savoir remise en place toute seule, il peut y avoir présence d’une hémarthrose, à savoir de sang dans l’articulation, due à la rupture du ligament fémoro-patellaire médial (MPFL).  “La palpation médiane interne de la rotule et du MPFL est généralement douloureuse, et on sent que la rotule est anormalement mobile ” ajoute le spécialiste.
Dans de rares cas, on peut observer une petite ecchymose dans la partie interne de la rotule. 

Risques : l’instabilité rotulienne objective

Lorsque la luxation de la rotule récidive plus de 2 fois, on parle d’instabilité rotulienne. Cette pathologie  affecte principalement des patients jeunes et actifs et peut avoir deux principales causes :
– La lésion du ligament fémoro patellaire médial, qui permet le bon maintient de la rotule dans l’articulation,
– Une anomalie de la rotule ou une hyperlaxité.

Toute luxation de la rotule doit donc faire rechercher de potentielles causes d’instabilité rotulienne.

“Il y a quatre principaux facteurs de risques connus à l’instabilité patellaire” détaille le spécialiste : 
– La trochlée fémorale dysplasique : caractérisée par une perte de la profondeur de la trochlée, qui occasionne une perte de la stabilité osseuse de la rotule,
– Une tubérosité tibiale antérieure trop latéralisée,
– Une rotule trop haute, 
– La rupture du MPFL :  Ce ligament aide à maintenir la rotule dans une position centrée lors de la flexion du genou. Sa rupture, lors d’une luxation rotulienne, prédispose les patients à une récidive de la luxation. Le ligament fémoro-patellaire médial est le composant le plus important fonctionnellement du retinaculum patellaire médial.

Il existe aussi d’autres facteurs de risques secondaires, parmi lesquels : le genou valgum – à savoir une déviation des genoux vers l’intérieur – et des quadriceps insuffisamment musclés. 

“Lorsque l’on suspecte une instabilité rotulienne, on peut proposer au patient un test d’appréhension, appelé test de Smilie” explique le Dr Miniot. 
Le patient est allongé sur le dos, le thérapeute fléchit son genou à 90°, et amène passivement le membre inférieur en extension, tout en poussant la rotule vers l’extérieur. “Si le patient a peur ou s’il contracte son quadriceps par appréhension, c’est que le test est positif” conclu le médecin du sport. 

Traitement et prise en charge : Comment soigner une luxation de rotule ?

Lorsqu’un patient arrive en consultation avec une luxation patellaire non réduite, la première chose à faire est de la remettre en place

Rotule déplacée : Comment remettre la rotule en place ?

La réduction de la luxation rotulienne n’est pas très douloureuse et ne nécessite habituellement pas de sédation, à moins que le patient soit particulièrement anxieux.
Le patient doit être allongé et relâché : son genou luxé est mis doucement en extension, ce simple mouvement peut suffire. Si ça n’est pas le cas, le thérapeute va appliquer une légère pression sur le bord latéral de la rotule, et la repousser médialement afin qu’elle reprenne sa place. 

La réduction de la luxation engendre un soulagement immédiat de la douleur, et redonne au genou son aspect normal. 

Traitement orthopédique : combien de temps porter une attelle?

Le traitement de première intention consiste à immobiliser le genou à l’aide d’une attelle amovible, afin de faire cicatriser les éventuelles lésions associées créées par le déboitement de la rotule. Il permet également de laisser le temps au MPFL de cicatriser lorsqu’il a été rompu. 
Ce traitement orthopédique est relativement court, avec une attelle souple afin que le patient puisse continuer à marcher et à faire ses activités pour éviter l’amyotrophie. “Le patient garde l’attelle entre  4 et 6 semaines pendant lesquelles on commence physiothérapie et drainage” indique le spécialiste.

Une luxation sur un sujet peu sportif, qui n’a pas entrainé de lésions périphériques, ne sera pas nécessairement immobilisée.

Chirurgie : Quand opérer une luxation rotule ?

La chirurgie est indiquée dans deux cas de figures lors d’une luxation rotulienne :

  • En cas de lésions associées : ligaments, cartilage, lésions ostéochondriales voire fracture.
  • En cas de récidive de luxation, associée à l’un des 4 facteurs de risque cités plus haut (trochlée dysplasique, tubérosité tibiale antérieure trop latéralisée, rotule trop haute, rupture du MPFL).

Dr Miniot : On n’opère jamais sur une première luxation sans lésions sérieuses associées.

Le but de l’opération est de stabiliser la rotule, grâce à la reconstruction du ligament patello-fémoral médial. C’est en effet lui qui maintient la rotule centrée devant le fémur, et qui se déchire et se distend au fur et à mesure des épisodes de luxation. 
L’opération est toujours suivie d’une immobilisation par attèle d’une durée de 4 à 6 semaines, et de plusieurs mois de rééducation.

Rééducation après luxation : quels exercices et combien de temps ?

La rééducation est indispensable après un épisode de luxation, et plus encore après une chirurgie. Si le patient a uniquement besoin d’un traitement orthopédique, les séances de kinésithérapie peuvent débuter dès le début de l’immobilisation par attelle. 

“Le but de la rééducation est de redonner de la qualité musculaire, d’assouplir la chaîne myotendineuse, de lutter contre les raideurs de la chaîne postérieure et des rotateurs interne de la hanche. Le travail de musculation du mollet et des quadriceps est essentiel” insiste le médecin du sport.

En post opératoire, un travail de physiothérapie est important et peut être débuté dès le 5e jour après l’opération. Il y a ensuite une phase de transition et une phase de réathlétisation musculaire pour les sportifs. 
La rééducation dure généralement entre 4 et 6 mois, à la fréquence de 2 fois par semaine. “Les athlètes ont quant à eux une séance quotidienne de rééducation” précise le spécialiste. 

Reprise du sport et des activités : combien de temps après la luxation ?

Après une luxation de la rotule, la reprise du sport doit se faire prudemment, après la rééducation complète.
“Elle peut être faite généralement entre 2 à 3 mois après le traitement orthopédique, et en moyenne après 4 à 6 mois s’il y a eu chirurgie” indique le Dr Miniot. 

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