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Connu pour être un brillant avocat, ancien associé du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, Antoine Vey défraie aujourd’hui la chronique, accusé de harcèlement moral et sexuel. Une enquête de l’Ordre des avocats de Paris a été ouverte. Mais qui est cet homme ?

«Trop, c’est trop». Blessées de voir cet avocat de 38 ans continuer d’exercer en toute impunité, plusieurs victimes présumées d’Antoine Vey – d’anciens collaborateurs, souvent des femmes, qui l’accusent de harcèlement moral voire sexuel – ont décidé de parler. Résultat : une enquête a été ouverte par l’Ordre des avocats de Paris, alors que de nombreux témoignages accablants viennent d’être publiés par Libération. Un coup de projecteur sur celui qui n’est autre que l’ancien associé de l’actuel garde des Sceaux.

Brillant avocat…

Cofondateur en 2016 du cabinet Dupond-Moretti & Vey, devenu en 2020 cabinet Vey & Associés, Antoine Vey n’est autre qu’un brillant avocat parisien – comme il en existe de nombreux – spécialisé dans le droit pénal des affaires et le droit pénal international.

Au cours de sa carrière, il a notamment défendu les époux Balkany, Georges Tron ou encore Julian Assange. Il conseille également Théodore Luhaka, connu sous le prénom de Théo, qui avait reçu un coup de matraque dans le sphincter lors d’une arrestation policière début 2017.

«Un grand talent du barreau de Paris» selon la presse qui encense les jeunes avocats charismatiques. Classé par GQ à la 8e place du classement des 30 avocats les plus puissants de France en 2019, Antoine Vey profite de la renommée de son mentor Éric Dupond-Moretti, et poursuit son ascension dans le milieu. Jusqu’à aujourd’hui, et les accusations qui l’accablent. Alors qu’il est visé par une enquête de l’Ordre des avocats de Paris par la bâtonnière Julie Couturier, les langues se délient et le mythe s’effondre.

…grisé par le pouvoir ?

Appels à toute heure du jour et de la nuit, pressions, moqueries et humiliations, mais aussi mains sur la cuisse et textos sans équivoque, le tout en imposant un rythme de travail harassant à ses équipes pouvant aller jusqu’à 80 heures par semaine… La liste des faits qui lui sont reprochés par ses anciens collaborateurs est longue, à tel point que l’on se demande comment les membres de son cabinet ont pu, voire continuent d’accepter de telles conditions de travail.

Des méthodes qu’il assume d’ailleurs à demi-mot. Dans une interview donnée au Figaro en septembre dernier, l’Altiligérien – originaire du Puy-en-Velay – explique en effet exercer «un métier qui ne se pratique pas en visio». «Il faut être là en permanence pour ses clients et pour ses collaborateurs. Je crois beaucoup à ce côté artisanal du pénaliste», avait-il assuré à l’époque, posant fièrement dans son immense cabinet situé dans le très chic quartier de Saint-Germain-des-Prés.

Est-ce le pouvoir qui a tourné la tête à celui qui s’est retrouvé – après le départ d’Eric Dupond-Moretti, devenu ministre de la Justice, du cabinet – seul aux manettes ? L’enquête déontologique ouverte par l’Ordre des avocats de Paris pourra sans doute aider à répondre à cette question. Et il risque gros si les faits sont avérés. Récemment, un autre avocat parisien, Me Emmanuel Pierrat, a par exemple été condamné en appel à un an ferme d’interdiction d’exercer, après des accusations de harcèlement.

«je démens de telles allégations»

Refusant de répondre à Libération, mais acceptant de se livrer à l’AFP, Antoine Vey s’est défendu : «je ne peux laisser proférer de telles allégations. Je les démens et établirai les faits».«Je concède être un avocat exigeant, parce que nous intervenons dans un cadre où nous devons à nos clients un total engagement, une forte disponibilité et la protection de leurs intérêts», a-t-il tout de même concédé.

«J’attends d’avoir rapidement l’opportunité de m’en expliquer devant le conseil de l’Ordre, dans la sérénité et le contradictoire. Je dénonce les méthodes choquantes employées», a-t-il finalement fait savoir. Mais du côté de ces anciens collaborateurs, il y a déjà une forme de soulagement. «Enfin, les gens savent», témoigne l’un d’eux, avant de se reprendre : «et encore, il n’y a pas tout».

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