Spread the love


La thérapie génique (ou génothérapie) est une approche thérapeutique qui consiste à introduire du matériel génétique dans des cellules afin de soigner une maladie. Le concept date des années 1960 mais il faudra attendre 1989 pour que les premiers essais cliniques voient le jour aux États-Unis. 

Définition : quel est le principe de la thérapie génique (génothérapie) ?

La thérapie génique a été initialement conçue pour soigner des maladies génétiques monogéniques (un seul gène anormal) : l’idée étant d’introduire un gène sain pouvant suppléer le gène malade (transfert d’un gène-médicament). Mais aujourd’hui, les techniques et les indications de la thérapie génique se sont beaucoup diversifiées avec des essais cliniques portant sur des pathologies chromosomiques, polygéniques, des cancers mais aussi des maladies infectieuses ou cardiovasculaires.

Thérapie génique : comment ça marche ?

Il existe plusieurs stratégies de thérapie génique notamment le transfert de “gène-médicament”, l’édition génomique, la modification de l’ARN, les cellules thérapeutiques ou encore les virus oncolytiques. 

Le transfert d’un “gène-médicament”

Il s’agit d’introduire la copie d’un gène fonctionnel dans une cellule-cible pour qu’il s’y exprime et produise la protéine qui fait défaut. Le gène importé ne remplace ni ne modifie le gène malade. Il s’ajoute au génome de l’hôte. Ce gène est transporté vers la cellule via un vecteur viral ou non viral. 

Les vecteurs viraux sont des virus présents dans la nature mais rendus artificiellement inoffensifs. Ces vecteurs peuvent intégrer le génome de l’hôte (vecteurs intégratifs) ou ne pas l’intégrer (vecteurs non intégratifs). 

Les vecteurs non viraux sont moins employés. 

Cette technique de thérapie génique peut être réalisée directement dans l’organisme (in vivo) ou en laboratoire (ex vivo). 

La modification de l’ARN pour produire une protéine fonctionnelle

Il s’agit de modifier l’ARN afin qu’elle produise une protéine qui fait défaut. Pour cela, on réalise l’injection de petits oligonucléotides anti-sens qui se fixent sur l’ARN messager avant sa traduction en protéine. Cette technique a fait ses preuves dans plusieurs essais cliniques et deux médicaments, l’Eteplirsen et le Nusinersen, ont récemment obtenu une autorisation de mise sur le marché pour traiter respectivement la myopathie de Duchenne et l’amyotrophie spinale. 

L’édition génomique

Il s’agit de réparer ou de supprimer des mutations génétiques de façon ciblée directement au niveau de l’ADN. Elle nécessite d’importer plusieurs outils dans la cellule comme des enzymes spécifiques et un segment d’ADN. Ces approches sont encore très expérimentales. 

La thérapie cellulaire et génique

Il s’agit de produire des “cellules-médicaments” qui peuvent par exemple éradiquer un agent pathogène. C’est le cas par exemple de l’émergence des lymphocytes antitumoraux redirigés capables d’éliminer des antigènes présents sur des cellules tumorales dans le cas de lymphome. Les premiers produits de ce type ont obtenu récemment l’autorisation de mise sur le marché. 

Employer un virus pour tuer des cellules cancéreuses

Il s’agit d’utiliser des virus génétiquement modifiés afin d’éliminer des cellules cancéreuses. Ces virus sont appelés oncolytiques.

Quels sont les médicaments de thérapie génique disponibles ?

Deux types de médicaments de thérapie génique existent : 

  • Des molécules simples, de type oligonucléotides, qui existent depuis une vingtaine d’années. Ces molécules sont administrées sans vecteur viral et leur développement suit le parcours des médicaments classiques. 
  • Des produits biologiques innovants plus récents. Le développement et l’autorisation de mise sur le marché de ces produits sont bien plus complexes. Il est nécessaire de valider de nombreuses données biologiques et pharmaceutiques pour garantir la sécurité de ces médicaments.  

Voici la listes des médicaments de thérapie génique approuvés :

  • Nusinersen (Spinraza) indiqué dans l’amyotrophie spinale ; 
  • Eteplirsen contre la myopathie de Duchenne
  • Gendicine indiqué dans le traitement de cancers de la tête et du cou ; 
  • Oncorine indiqué dans le traitement de cancers nasopharyngés réfractaires;  
  • Glybera contre le déficit familial en lipoprotéine lipase; 
  • Imlygic indiqué chez les adultes atteints de mélanome métastatique ; 
  • Strimvelis indiqué dans l’ADA-SCID (une maladie génétique qui affecte le système immunitaire ; 
  • Zalmoxis indiqué contre le rejet de greffe de moelle osseuse ; 
  • Kymriah et Yescarta pour traiter des formes résistantes de  lymphome
  • Luxturna indiqué dans la dystrophie rétinienne liée à la mutation RPE65. 

Hémophilie, myopathie de Duchenne, amyotrophie spinale… Quelles sont les indications de la thérapie génique ?

Selon l’Inserm, environ 2 000 essais cliniques ont été menés ou sont en cours depuis 1989, dont 65% dans le domaine du cancer, 11% contre les maladies monogéniques dont : 

  • Des maladies ophtalmiques : l’amaurose congénitale de Leber, la neuropathie optique de Leber ou maladie de Stargardt. 
  • Des maladies hématologiques :l’hémophilie, la bêta-thalassémie, la drepanocytose.
  • Des maladies neurodégénératives : la maladie de Sanfilippo, la leucodystrophie métachromatique, l’adrénoleucodystrophie. 
  • Des maladies neuromusculaires : l’ amyotrophie spinale infantile, les myopathies myotubulaires, la maladie de Duchenne.
  • Des maladies dermatologiques : épidermolyse bulleuse dystrophique. l’épidermolyse bulleuse jonctionnelle. 
  • Des maladies immunitaires : le SCID X1, l’ADA-DICS, le syndrome de Wiskott Aldrich, la granulomatose septique chronique liée à l’X. 
  • La mucoviscidose.

 Le reste concerne des cancers (leucémie de type B, gliome avancé, mélanome…), des maladies infectieuses (VIH) et cardiovasculaires (sténose aortique après pose de stent). 

Quels sont les effets de la thérapie génique sur le cancer ?

La thérapie génique a été employée pour innover des traitements anticancéreux de type immunothérapie. Il s’agit de stimuler le système immunitaire afin d’éliminer les cellules tumorales. Des essais ont  notamment permis de prélever des lymphocytes T aux patients et d’armer ces derniers avec des récepteurs. Ces nouvelles cellules appelées CAR‑T reconnaissent les antigènes tumoraux pour leur permettre d’éliminer les cellules malignes. Deux médicaments de thérapie génique ont été développés sur ce principe (Yescarta et Kymriah) contre les leucémies de type B.

Quels sont les effets de la thérapie génique sur la mucoviscidose ?

Dans le cas de la mucoviscidose, la thérapie génique consiste à introduire une copie saine du gène CFTR dans les cellules des organes malades d’un patient. Malgré des premiers résultats mitigés, les chercheurs commencent à s’intéresser à un vecteur viral peut-être plus prometteur qu’un vecteur synthétique.

Drépanocytose : peut-on guérir de cette maladie génétique par la thérapie génique ?

La drépanocytose est une maladie sanguine causée par la mutation du gène de la bêta-globine, une protéine des globules rouges. Plusieurs essais de thérapie génique ont déjà été réalisés ou sont en cours pour tenter de guérir les patients. Tous se fondent sur l’introduction d’une version saine du gène de la bêta-globine dans les cellules souches sanguines des patients. Les résultats sont prometteurs. 

Thérapie génique : quels sont les risques ?

Le transfert de gènes utilisant un vecteur viral comprend plusieurs risques : 

  • Le système immunitaire de l’organisme pourrait réagir entraînant un syndrome inflammatoire et d’autres symptômes graves. En outre, le système immunitaire pourrait annuler l’efficacité de la thérapie génique. 
  • D’autres cellules (autres que celles visées par le vecteur viral) pourraient être endommagées et d’autres maladies pourraient apparaître ou s’aggraver. 
  • Après l’administration de la thérapie génique, des particules de vecteurs peuvent être éliminées de l’organisme du receveur par ses selles, son urine, sa salive et autres fluides corporels excrétés. L’excrétion induit la possibilité de transmettre ces matériaux résiduels à d’autres personnes. 
  • Une surproduction de protéines pourrait être induite par les traitements de thérapie génique. Ce phénomène pourrait engendrer le développement de nouvelles pathologies. 

Comme pour tout traitement, la réponse à la thérapie génique peut varier d’un patient à l’autre. La durée de l’efficacité du traitement par thérapie génique est actuellement évaluée dans les études cliniques en cours. 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *