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Une fusillade a fait huit morts jeudi soir à Hambourg en Allemagne, dans un centre des Témoins de Jéhovah, un mouvement religieux qui revendique plus de huit millions de membres dans le monde et qui est régulièrement accusé de dérives sectaires.

Des adeptes dans 239 pays. Le mouvement religieux des Témoins de Jéhovah, en deuil depuis une fusillade meurtrière dans un centre à Hambourg en Allemagne jeudi 9 mars, a longtemps été victime de persécutions, tout en étant régulièrement accusé de dérives sectaires.

Fondé en 1870 en Pennsylvanie aux Etats-Unis par Charles Russell, et connu sous le nom d’«Etudiants de la Bible», ce mouvement se réclame du christianisme. Les Témoins de Jéhovah ne sont pas reconnus par les grandes Eglises (catholiques, protestantes et orthodoxes), car ils n’admettent pas la nature divine du Christ.

Connus pour leur activité de porte-à-porte et munis de leur Bible dans une traduction qui leur est propre, ils revendiquaient en 2022 plus de 8,6 millions de membres actifs dans 239 pays (1,2 million rien qu’aux Etats-Unis).

Un mouvement «millénariste»

Les Témoins de Jéhovah se considèrent comme les seuls à restituer un authentique christianisme des origines. Ce mouvement est «millénariste» car il soutient l’idée d’un règne terrestre à venir de Jésus-Christ pendant mille ans. 

Ainsi, ils ne célèbrent pas Pâques ni aucune des fêtes jugées par eux contraires aux normes bibliques, comme Noël, l’Épiphanie, la Toussaint, et pas davantage les anniversaires de naissance, par refus de l’idolâtrie.

Ils sont considérés en Autriche et en Allemagne depuis 2017 comme une religion à part entière, regroupant plus de 170.000 membres de cette confession, dont 3.800 à Hambourg, selon le site des Témoins.

Leur importance varie cependant d’un pays à un autre, puisqu’en France, nombre de leurs branches locales ont le statut d’«association cultuelle», ne faisant pas partie des «grandes religions». Ils bénéficient néanmoins de réductions d’impôts et ont la possibilité d’accréditer des aumôniers de prison.

Victimes de persécutions

A l’époque de l’Allemagne nazie déjà et sous le régime soviétique, les Témoins de Jéhovah, bien qu’étant apolitiques et non-violents, avaient été enfermés par milliers dans des camps de concentration et des centaines de fidèles furent tués. En France, en raison de leur refus du service militaire, des milliers de jeunes Témoins ont été emprisonnés pour insoumission avant 1995.

Le mouvement a été formellement interdit en Russie en 2017, par une décision de la Cour suprême qui a ouvert la voie à la confiscation des biens de cette organisation officiellement considérée comme «extrémiste».

De par la structure très hiérarchisée de cette organisation, sa vision essentiellement négative du monde terrestre, son indifférence à l’égard de la vie sociale, l’opprobre jeté sur les «apostats» expliquent que les Témoins de Jéhovah restent sous surveillance des autorités dans de nombreux pays et souvent dans le collimateur des groupes luttant contre les sectes.

Signalés à plusieurs reprises en France

Néanmoins, en France, l’activité du mouvement et son prosélytisme font régulièrement l’objet de signalements auprès de la mission gouvernementale contre les dérives sectaires appelée Miviludes.

Un dernier rapport publié en novembre 2022 indique notamment en 2021 que sur un total de 4.020 saisines des «multinationales de la spiritualité» auprès de cet organisme public, 99 ont concerné les Témoins de Jéhovah. Une légère augmentation puisque celles-ci s’élevaient à 78 en 2019 et 62 en 2020.

La Miviludes rappelle en outre dans son rapport que «de nombreux Témoins de Jéhovah sont amenés, par leur doctrine, à être privés de transfusions sanguines sur le sol français» et que sa doctrine «tend à décrédibiliser et à diaboliser les organes étatiques, dont la Justice».

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