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« À chaque fois que je veux expliquer ce que je fais à mes amis, la comparaison avec Véronique et Davina finit toujours par revenir. » Tout juste sortie de son cours, Juliette, encore sous les effets de l’effort, s’amuse du parallèle inévitable avec les deux anciennes stars du fitness.

Il faut admettre que la séance de gym suédoise qu’elle vient de s’infliger, ce dimanche matin, a un petit air du show télévisé des années 1980. Pourtant, aucun participant n’arbore de bandeau fluo dans les cheveux, et si le lycra garde une place prépondérante, il est très éloigné des couleurs fluo et du kitsch de « Gym Tonic ». « Disons que c’est la version 3.0 », sourit Sarah, une autre adhérente.

Des racines suédoises du 19e siècle

Âgées de 25 et 32 ans, les deux sportives sont trop jeunes pour s’être époumonées devant un Bernard Tapie en Marcel rouge et jogging vert brillant. C’est aussi le cas de la structure qui les réunit : Swedish Fit.

Si la pratique souffle ce mercredi ses 30 bougies, ses préceptes sont nettement plus anciens. « En 1978, Johan Holmsäter, un professeur d’EPS suédois, s’est inspiré d’un mouvement du 19e siècle pour élaborer et promouvoir, avec l’aide de médecins, des exercices physiques sans accessoires alliant santé et bien-être », explique Daniel Coury, directeur technique de Swedish Fit.

Si la coordination a une place importante dans les mouvements, elle n'est pas indispensable pour bien se dépenser.
Si la coordination a une place importante dans les mouvements, elle n’est pas indispensable pour bien se dépenser. – R.Le Dourneuf / 20 Minutes

À la tête de l’entreprise avec son frère, il connaît par cœur l’histoire de la gym suédoise, et pour cause, il l’a dans le sang : « Mon père, Claude, travaillait à l’importation de produits suédois en France. Il a notamment participé à l’installation de l’entreprise Ericsson en France. » Adeptes de la discipline, Claude et Lena, sa femme suédoise, pratiquent en amateurs jusqu’à la crise des télécommunications, au début des années 1990. « C’est à ce moment qu’ils décident de se consacrer à 100 % à la gym », précise Daniel Coury.

Diplômé des formations de référence du royaume scandinave, le couple crée en 1993, à Paris, l’association Gym suédoise et travaille au développement du concept : lier le sport et la santé au travers de séances collectives. « Pendant une heure, les pratiquants, guidés par un animateur au centre de la salle, alternent les séquences de renforcement musculaire, de cardiotraining et d’étirements dynamiques au rythme de la musique. »

Animateurs diplômés, cours personnalisés

Des exercices tous élaborés et validés avec des kinésithérapeutes pour respecter l’intégrité physique de chacun. « Chaque animateur, lorsqu’il prépare son programme, va piocher dans une banque interne de 500 mouvements. Son programme est ensuite validé avant qu’il puisse le proposer », précise Daniel Coury. Même les playlists sont approuvées afin de s’assurer qu’elles correspondent au rythme et à l’atmosphère dynamique et bienveillante.

Mais les propositions restent à l’initiative des animateurs, qui imprègnent chacune des séances d’un style personnel. « On a tous un ou une favorite », confirme Marie, qui n’ose pas révéler sa préférence. Des animateurs qui ne sont pas de simples sportifs du dimanche. Infirmières, avocats ou chercheures à la ville, tous ces anciens adhérents ont dû obtenir un certificat de qualification professionnel (CQP) d’animateur de loisir sportif pour pouvoir porter la très reconnaissable tenue bleue. « En plus de ce diplôme, indispensable pour exercer, ils doivent également passer une certification interne à Swedish Fit, attestant qu’ils sont aptes à donner des cours de gym suédoise. »

Autoentrepreneurs, ils participent à la professionnalisation de la pratique et de la structure, devenue une entreprise pour un meilleur fonctionnement administratif, ce qui permet depuis plusieurs années de proposer de nouvelles disciplines tout en gardant l’esprit associatif de ses débuts.

Une grande diversité de discipline

Outre la gym suédoise « basique » qui se décline en trois intensités (modérée, standard et intensive), les adhérents peuvent travailler les muscles profonds au « Core », pousser le palpitant dans ses retranchements au « Cardio max » ou s’essayer au petit dernier, le ballet sculpt, une discipline qui applique les principes de la gym suédoise aux mouvements de la danse classique. En tout, 19 disciplines, toutes en musique, sont à la carte.

C’est d’ailleurs la raison du changement de nom de la structure : « Swedish Fit est une marque ombrelle qui regroupe les activités de gym suédoise, et les autres qui en sont dérivées », explique Daniel Coury.

« Cette diversité est le point fort de l’activité, témoigne Anne-Laure, 40 ans. Il y a tous types de cours, tous les jours, à n’importe quelle heure et partout dans Paris. » Un fonctionnement qui offre une très grande flexibilité pour les pratiquants, qui peuvent aussi bien choisir un cours à deux pas du bureau la semaine, ou dans leur quartier le dimanche matin.

Des cours dans des écoles, des églises ou des boîtes de nuit

Car si l’entreprise dispose de trois salles en nom propre dans les 9e et 10e arrondissements et à Boulogne-Billancourt, elle propose aussi des cours dans des gymnases de collège le soir ou le week-end, dans des salles de sport et même dans des églises ou des boîtes de nuit. « Nous occupons les lieux lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Cela permet souvent à leurs occupants de les rentabiliser », explique Daniel Coury.

Une souplesse qui participe au succès de la pratique à Paris, où Swedish Fit a comptabilisé près de 10.000 adhérents sur l’année 2022, mais aussi désormais à Bordeaux, Toulouse, Nantes, Strasbourg ou encore Lyon. Inscrits au cours, au mois ou à l’année, c’est souvent le bouche-à-oreille qui les a amenés pour la première fois en salle : « C’est notre principal atout, confie Daniel Coury. Selon nos enquêtes, 90 % des personnes nous ont découvertes grâce à un ami. »

Où sont les hommes ?

Ou plutôt une amie. Car s’il fallait établir un profil type du participant, ce serait une femme âgée entre 25 et 45 ans, selon le directeur : « On ne fait pas de moyenne, mais les femmes représentent environ 85 % de notre audience. » Une balance très féminine sans doute due à l’aspect chorégraphié des séances. « La coordination fait un peu plus peur aux hommes, mais ce n’est pas une fatalité, et nous développons des activités et une communication moins axées sur ce point pour les convaincre de nous rejoindre. »

Quentin, 26 ans et adepte de la musculation et de l’escalade, n’a pas eu besoin d’aide pour pousser la porte d’un cours : « C’est très complémentaire de ce que je fais à côté, parce qu’on travaille des muscles et des postures oubliés dans d’autres disciplines. Et la musique donne un côté vraiment ludique aux efforts. »

« Ce qui est génial, c’est que la progression est rapidement visible. Quand j’ai commencé en septembre dernier, je n’avais jamais vraiment fait de sport. Aujourd’hui, j’arrive même à faire des pompes », s’enthousiasme Manon, 45 ans.

Une ambiance sécurisante

Un constat partagé par Tatiana, une Franco-colombienne qui salue l’attention des professeurs : « Peu importe votre niveau, vous vous sentez intégré. Quels que soient les mouvements, ils proposent toujours une alternative plus douce pour ceux qui n’y arriveraient pas ou qui craindraient de se faire mal. Même chose pour ceux qui veulent durcir un peu l’exercice. C’est très sécurisant et on ne se sent pas jugé. »

Une ambiance louée par tous les interrogés, qui plébiscitent la bienveillance et l’énergie des encadrants, parmi lesquels Marie-Hélène, 62 ans, hôtesse à Swedish Fit depuis un an et demi : « Mon rôle est d’accueillir les inscrits, de gérer la musique et de participer à la bonne humeur et à la sécurité affective de tous. » Une bonne ambiance qu’elle devrait retrouver ce mercredi soir, à la grande halle du Carreau du Temple, où près de 1.000 personnes sont attendues pour un anniversaire toujours sous le signe du sport, avec de nombreuses activités à découvrir.

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