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Une femme prend un selfie
JGI/Jamie Grill / Getty Images/Tetra images RF Une femme prend un selfie

JGI/Jamie Grill / Getty Images/Tetra images RF

Sur TikTok, le filtre « bold glamour » fascine.

TIKTOK – « Bold Glamour » est un nouveau filtre proposé par TikTok, et il fait le buzz. Employé dans plus de sept millions de vidéos sur la plateforme privilégiée des jeunes générations, ce filtre consiste à modifier le visage pour lisser la peau, affiner le nez, rendre la bouche plus pulpeuse, les sourcils plus symétriques. Un outil « beauté » de réalité augmentée qui dérange.

Pourquoi ? Car pour bien des internautes, la plateforme est allée trop loin cette fois-ci. Ce filtre modifierait tellement l’apparence qu’il pourrait avoir des incidences négatives sur la santé mentale des jeunes femmes qui l’utiliseraient. La retouche est si intense et si « solide » (bouger des mains ou son visage ne l’altère pas, contrairement aux filtres traditionnels, faillibles) qu’en contrecoup, les utilisatrices, surtout les plus jeunes, se sentiraient « plus moches » sans lui et nourriraient des complexes terribles.

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Il faut dire que ces outils ne sont pas sans conséquences néfastes. « L’utilisation de filtres sur ses selfies nuirait à l’humeur et susciterait le sentiment d’être malhonnête en propageant une fausse image de soi. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, utiliser des filtres ne nous rend pas plus satisfait·e de notre apparence physique mais nous pousserait à nous sentir plus critique à l’égard de notre apparence physique et plus insatisfait·e », analyse à ce titre la docteure et psychologue Charlotte Gamache du côté de CScience.

« À force de se regarder à travers des filtres qui gomment toute imperfection, le moindre petit défaut physique devient une obsession. Et cela peut ainsi engendrer de la dysmorphophobie », renchérit le psychologue et psychanalyste Michaël Stora auprès de 20 Minutes.

Un outil de déshumanisation ?

« Des filtres comme celui-ci sont terrifiants parce que nous oublions à quoi nous ressemblons réellement. Parce que les idéaux de beauté sont allés si loin que les hommes ne peuvent pas faire la différence entre les femmes créées ou modifiées par l’intelligence artificielle et les femmes réelles. Parce que toutes les stars de la téléréalité sur Instagram ajoutent ce filtre sur leurs photos », déplore ainsi une TikTokeuse, qui s’exclame : « ASSEZ ! ».

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« Bold Glamour » inquiète car il exacerberait les pressions et diktats relatifs à la beauté dans notre société, diktats impossibles à atteindre, si ce n’est par ce genre de retouches numériques abouties. Le magazine britannique Dazed Digital s’alarme en ce sens : même un bon maquillage n’atteint pas la qualité de ce filtre, capable d’effacer jusqu’aux pores de la peau, et « c’est la fluidité du filtre qui le rend particulièrement dangereux, car rien ne le fait faiblir, or si le masque ne tombe jamais, les gens oublieront qui en porte et qui n’en porte pas ».

Pour le magazine spécialisé en culture numérique, ce genre de filtres synthétise les dérives des outils digitaux, comme le deepfake : des instruments de retouche et de montage si perfectionnés dans la modification qu’ils proposent (à partir d’images comme le corps et le visage), qu’ils troublent la frontière entre réalité et illusion, et promeuvent des idéaux physiques « terrifiants » qui alimentent la misogynie, puisqu’ils déshumanisent les femmes.

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