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Les agents de la police judiciaire, mais aussi les magistrats et avocats, sont appelés à se mobiliser ce jeudi 16 mars pour dénoncer la réforme de la PJ voulue par Gérald Darmanin.

Ils n’en veulent pas. Une large partie des 5.400 agents de la police judiciaire (dont 3.840 enquêteurs), accompagnés de magistrats et d’avocats, doivent se réunir devant les tribunaux judiciaires du pays, ce jeudi 16 mars. Ils vont manifester contre la réforme de la police judiciaire, portée par Gérald Darmanin.

Celle-ci s’inscrit dans le projet plus global du ministre de l’Intérieur de changer le fonctionnement de la police nationale, pour la rendre plus efficace. «Le fonctionnement de la police, tant au niveau territorial qu’au niveau central, doit être simplifié pour le bien de la sécurité des Français», a-t-il ainsi rappelé, dans une lettre envoyée aux personnels, début mars.

Ainsi, parmi les différentes mesures, la police judiciaire, dont tous les services étaient jusque-là dirigés par une direction centrale (la DCPJ), se verra éclatée dans chaque département. Un Directeur départemental de la police nationale (DPPN) va être nommé dans chacun d’entre eux et sera à la tête des PJ locales. Face à la gronde, Gérald Darmanin a consenti à créer des zones interdépartementales (DIPN), afin que les services conservent leur territoire d’action actuel. «La cartographie des services exerçant des missions de police» ne sera pas modifiée et «aucun service de police judiciaire ne sera supprimé», a-t-il assuré.

Une perte d’efficacité redoutée

Pas de quoi rassurer les contestataires, qui pointent la désorganisation dans laquelle selon eux la réforme va plonger la PJ. «Nous avons un système bien rodé qui va se désagréger», se désole Yann Bauzin, enquêteur et président de l’Association nationale de la Police judiciaire (ANPJ), structure non syndicale créée l’été dernier en réponse au projet de réforme pour défendre la police d’investigation. «La force de la PJ est de se coordonner rapidement et efficacement sur l’ensemble du territoire. Là, on va être perdu», explique-t-il à CNEWS, en soulignant les nombreux appels à passer et validations à obtenir lorsqu’une enquête devra s’étaler sur plusieurs départements.

«Nous avons des dossiers où une victime peut se trouver dans un département et les malfaiteurs dans un autre, n’importe où en France, voire à l’étranger. Comment est-ce que l’on résoudra ça ?», s’interroge le policier. La crispation se fait aussi face à l’absence de réponse à ces questions. «La hiérarchie ne sait même plus quoi nous répondre. Le problème, c’est qu’on est face à une réforme qui a été lancée sans avoir de solutions aux questions pratico-pratiques», dénonce-t-il.

Gérald Darmanin se veut rassurant

Gérald Darmanin a de son côté mis en avant le travail de concertation fait avec les organisations syndicales, en prenant soin de préciser que «la police judiciaire disposera de moyens humains et budgétaires propres», afin de répondre à l’inquiétude des agents de voir leurs moyens se disséminer parmi les autres services de police départementaux.

Reste que d’autres peurs sont aussi présentes chez les agents de la PJ. Parmi celles-ci, le risque de voir des enquêteurs financiers être absents de certaines zones ou les difficultés qu’auront les magistrats du parquet à saisir un service spécifique de la PJ si celui-ci n’est pas présent dans leur département.

Ces mêmes magistrats, mais aussi des avocats, devraient d’ailleurs se mobiliser eux aussi pour réclamer un arrêt du projet de réforme de la PJ. En plus des craintes sur le désagrégement des capacités d’enquête, ils dénoncent de possibles interférences entre la sphère politique et judiciaire, puisque le DDPN et le DIPN seront sous l’autorité du préfet.

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