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L’exposition aux rayons X durant l’enfance ne serait pas si anodine que cela, du moins si l’on en croit une nouvelle étude scientifique.

Parue ce 24 avril 2023 dans le Canadian Medical Association Journal (Source 1), une étude scientifique indique en effet que si un seul scanner est a priori sans danger quant au risque carcinogène, l’exposition à 4 scanners ou plus avant 18 ans ferait plus que doubler le risque de tumeur cérébrale, de leucémie ou de lymphome.

Pour arriver à cette inquiétante conclusion, l’équipe de recherche a examiné les données de 7 807 enfants taïwanais ayant reçu un diagnostic de tumeur intracrânienne, de leucémie ou de lymphome entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2013. Données qui ont été comparées à celles de 78 057 enfants “contrôle”, n’ayant pas reçu de tels diagnostics.

L’équipe a ainsi pu constater qu’avoir passé une tomodensitométrie (aussi appelée CT-scanner ou simplement scanner) n’était pas associé à une hausse du risque de ces cancers, par rapport à l’absence de scanner durant l’enfance. En revanche, les enfants ayant eu 2 à 3 scanners avaient un risque accru de tumeurs intracrâniennes, et ceux qui en avaient passé 4 ou plus avaient un risque plus que doublé de tumeurs intracrâniennes, de leucémie et de lymphome non hodgkinien. Notons que les enfants exposés les plus jeunes aux rayons X étaient d’autant plus à risque de développer ces cancers : “recevoir 4 tomodensitogrammes ou plus à l’âge de 6 ans ou avant était associé aux risques les plus élevés de cancer, suivi des [tranches d’âges] de 7 à 12 ans et de 13 à 18 ans”, indiquent les auteurs.

Notre travail renforce l’importance des stratégies de radioprotection, abordées par l’Agence internationale de l’énergie atomique”, a déclaré le Dr Yu-Hsuan Joni Shao, chercheur à l’Université médicale de Taipei (Taïwan), et coauteur de l’étude. Il estime que “les tomodensitogrammes inutiles doivent être évités et une attention particulière doit être accordée aux patients qui nécessitent des tomodensitogrammes répétés”.

Les scientifiques concluent que “les parents et les [jeunes patients] doivent être bien informés sur les risques et les avantages avant les procédures radiologiques et encouragés à participer à la prise de décision concernant l’imagerie”.

Quid en France ?

En France, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) estime que “les doses de rayonnements ionisants délivrées par un scanner restent dans le domaine des doses dites « faibles » pour les expositions médicales”. L’IRSN précise que la dose reçue lors d’un scanner équivaut néanmoins à environ 3 années d’exposition à la radioactivité naturelle et elle est nettement plus importante que celle d’une radiographie classique (100 fois plus par exemple pour un scanner du thorax comparativement à une simple radiographie pulmonaire).

En 2022, elle avait donné les résultats de l’étude EPI-CT, une étude épidémiologique européenne réalisée pour estimer le risque de cancer suite à des scanners durant l’enfance. Celle-ci avait montré que, même si le risque est faible au regard du bénéfice diagnostique, il existe bien “un excès de risque de développer une tumeur maligne du cerveau après des examens scanners de la tête chez l’enfant et le jeune adulte”.

Ces résultats avaient, selon l’IRSN, confirmé l’importance et l’utilité des principes obligatoires de radioprotection déjà en vigueur, notamment au regard du rapport bénéfices-risques. Ces règles comprennent trois grands principes : justification (l’examen est-il justifié et indispensable ?), substitution (peut-on remplacer l’examen par un autre sans rayons X, comme l’IRM ou l’échographie ?) et optimisation (employer la dose la plus faible possible en maintenant la meilleure qualité d’examen possible).

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