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Ça ressemble à du THC. Ça a les mêmes effets psychoactifs que le THC. Mais ce n’est pas du THC. Depuis quelques mois, un jumeau de synthèse, le HHC, fait un carton. Ses ventes explosent, faisant le bonheur de patrons de boutiques de CBD qui, depuis qu’ils proposent cette molécule en vente libre, voient leur chiffre d’affaires bondir. Et des clients, qui pensent avoir trouvé une alternative pour fumer des joints en toute légalité.

Mais quels sont les effets du HHC ? Cette substance est-elle sans risque pour la santé et sa vente est-elle vraiment légale ? 20 Minutes fait le point sur ce que l’on sait de cette nouvelle molécule dérivée du cannabis.

Qu’est-ce que le HHC ?

Le HHC, ou hexahydrocannabinol de son nom complet, « est un cannabinoïde de synthèse, explique à 20 Minutes le Pr Laurent Karila, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul-Brousse. Il n’est pas naturellement issu de la plante de cannabis, c’est une création chimique. Le HHC a fait son apparition en France il y a quelques mois, mais il est arrivé plus tôt dans d’autres pays d’Europe. Et a été synthétisé pour la première dans les années 1940 par un chimiste américain ».

Le cannabis de synthèse « ne contient pas de THC (le principe actif du cannabis), mais des molécules qui en imitent les effets », précise Drogues info service.

En pratique, « le HHC est conditionné et vendu sous forme de cartouches de liquide à vapoter, d’huiles, ou vaporisé sur des fleurs séchées à fumer », décrit Laurent Karila.

Quels sont ses effets et est-il risqué d’en consommer ?

« Aujourd’hui, nous n’avons pas de recul sur le HHC, indique le Pr Karila. Mais il est très proche du THC ; il stimule les mêmes récepteurs et procure sensiblement les mêmes effets » : sensation de planer, euphorie, désinhibition.

Côté effets secondaires, « ce sont globalement les mêmes aussi, avec un même tableau de complications physiques et psychiatriques que pour le cannabis et les cannabinoïdes de synthèse », poursuit l’addictologue : baisse de la capacité de concentration, somnolence, maux de tête ou altération de la mémoire immédiate. Mais les risques liés à la consommation de cette molécule de synthèse sont potentiellement encore plus élevés. « Le cannabis de synthèse est plus puissant, plus dangereux et plus addictif que le cannabis naturel, insiste Drogues info service. En fonction du produit consommé, la puissance d’effet peut être jusqu’à 200 fois supérieure à celle du cannabis naturel. Le risque de surdose est particulièrement élevé. Et les effets indésirables, en particulier les effets psychiques, seront plus forts ».

Parmi eux, « troubles psychiatriques de type attaques de panique, paranoïa, autoagressivité pouvant aller jusqu’à des idées suicidaires, convulsions, perte de connaissance ou encore troubles du rythme cardiaque (palpitations, accélération du rythme cardiaque, douleurs thoraciques, infarctus du myocarde) ».

Pour le HHC comme pour les molécules dont il est le cousin, « il y a un potentiel addictif évident : dès qu’il y a un effet psychoactif, il y a un risque de tomber dans l’addiction », insiste Laurent Karila.

Sa vente est-elle légale en France ?

« Certaines boutiques de CBD se sont approprié la vente de HHC, proposé comme une alternative légale au THC et aux cannabinoïdes de synthèse, dont la vente est interdite en France », rappelle l’addictologue. Cela signifie-t-il qu’en vendre, en acheter et en consommer est légal ? Pour l’heure, la vente en France de HHC n’est pas illégale. En clair, sa commercialisation se fait à la faveur d’un vide juridique : apparu il y a quelques mois dans l’Hexagone, en boutique ou en ligne, le HHC ne figure pas sur la liste des produits classés comme stupéfiants, et ne fait donc pas (encore) l’objet d’une interdiction de vente et de consommation. Ce qui fait les affaires des commerçants.

Et cela arrange les consommateurs, qui trouvent là une alternative pour l’heure légale au THC. « Ce statut légal, chez les consommateurs, peut entretenir l’idée que la consommation de ce cannabinoïde de synthèse, disponible et facilement accessible, n’est pas grave, déplore le Pr Karila. Or, outre les mêmes risques sur la santé que le THC, le HHC, en altérant la perception sensorielle, a aussi les mêmes risques sociaux : il ne faut surtout pas conduire sous l’emprise de cette molécule ».

Reste que ce vide juridique pourrait bientôt être comblé. Dans une question écrite publiée le 25 avril au Journal officiel, le député LR Victor Habert-Dassault interpelle le ministre de la Santé sur les dangers du HHC et manifeste son souhait de « savoir si le gouvernement compte interdire l’usage de cette substance chimique au sein des produits de la filière CDB ». A ce jour, En France, « 12 familles et 10 substances de cannabinoïdes de synthèse sont classées parmi les stupéfiants par arrêté du 31 mars 2017. Et leur usage est interdit », rappelle Drogues info service. Le HHC est déjà interdit dans d’autres pays proches, à l’instar de l’Autriche, la Suisse et la Finlande.

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