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Quand un geste banal, normalement non douloureux le devient, on parle d’allodynie. Explications.

Allodynie veut dire “autre douleur”. Elle caractérise le fait de souffrir d’un événement qui n’aurait pas dû entraîner de douleur. Le site Migraine Québec la définit comme ceci : “L’allodynie découle d’un dysfonctionnement du traitement de la douleur dans le système nerveux, soit un trouble de sensibilisation centrale. (…) Lorsque l’allodynie se manifeste, les nerfs qui convoient les signaux de douleur réagissent en envoyant de tels signaux en réaction à un toucher, un frottement ou un changement de température qui, habituellement, ne devraient pas déclencher des douleurs.” Il s’agit d’une douleur neuropathique, qui peut être intense et qui est souvent liée à une douleur pré-existante et localisée, précise le Manuel MSD.

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Des anomalies cérébrales en cause dans l’allodynie

En étudiant le cerveau de patients atteints de fibromyalgie (une affection chronique caractérisée par des douleurs diffuses persistantes et une sensibilité à la pression) via des outils d’imagerie cérébrale, des chercheurs ont pu comprendre les dysfonctionnements du cerveau qui entraînent l’hypersensibilité à la douleur, ou allodynie.

Plusieurs anomalies ont été répertoriées par l’Inserm à la suite de cette étude menée notamment par Eric Guedj, neuro-imageur à l’hôpital de la Timone à Marseille : “Comparés aux personnes saines, les patients analysés présentaient, pour une même stimulation douloureuse, une sur-activation d’une région cérébrale qui mesure la douleur : le cortex pariétal somato-sensoriel [au niveau du sommet du crâne, ndlr.] ; et à l’inverse une sous-activation des régions qui exercent un contrôle sur la douleur, comme les régions fronto-cingulaires [à l’avant du cerveau], le cervelet [sous et à l’arrière du cerveau] ou le cortex temporal interne [au niveau des tempes]”.

Causes psychologiques et autres

En revanche, l’origine de ces anomalies cérébrales n’est pas connue. Plusieurs pistes sont évoquées par les chercheurs : des facteurs psychologiques (vécu traumatique, grande sensibilité émotive) à l’origine d’un stress intense. Il n’est pas question de dire que la fibromyalgie est psychologique, on dit plutôt qu’elle est un syndrome “biopsychologique” car “les systèmes de régulation du stress et de la douleur sont très interconnectés au niveau cérébral“, explique un chercheur auprès de l’Inserm.

Le Manuel MSD, dans une note à propos de la symptomatologie du syndrome douloureux régional complexe explique qu’une douleur de type brûlure, peut entraîner une allodynie. Il n’y a pas qu’une douleur à l’endroit de la blessure, mais c’est toute la région qui devient hypersensible, sous l’effet notamment d’un stress émotionnel.

L’activité électrique des muscles ou encore des dysfonctionnements au niveau des mitochondries (qui sont les sources d’énergies des cellules), pourraient aussi expliquer l’hyper expression de la douleur, selon l’Inserm. “De petites fibres nerveuses qui conduisent l’influx douloureux des organes à la moelle épinière : les fibres A‑delta et les fibres C” pourraient être en cause selon des recherches américaines.

Allodynie et migraine

Sur le site Migraine Québec, on apprend que l’allodynie peut notamment toucher les personnes qui souffrent de migraines. Cette association est aussi décrite par la Revue Médicale Suisse. 70% d’entre elles seraient concernées, avec une prévalence chez les migraineux avec aura. Chaque geste autour de la tête (au à d’autres endroits du corps) devient insupportable et envoie au cerveau un message douloureux. “Se brosser les cheveux peut provoquer des douleurs, de même que d’autres activités simples comme se laver le visage, déposer la tête sur un oreiller ou un doux tapotement sur le poignet.” Plus les crises sont violentes et régulières, plus le risque de développer une allodynie est fort.

Comment traiter la douleur neuropathique ?

Le Manuel MSD liste une série d’options pour traiter une douleur neuropathique, qui peut être à l’origine d’une allodynie. Il y a des médicaments antalgiques par exemple, mais aussi antidépresseurs, ou encore anticonvulsivants. La kinésithérapie et l’ergothérapie peuvent aider. La chirurgie est listée dans les possibilités de traitement, comme la stimulation de la moelle épinière ou des nerfs, ou encore des blocs analgésiques (anesthésier toute la partie autour de l’épicentre de la douleur).

Sources :

  • Migraine épisodique et migraine chronique: quel traitement ?, Revmed, septembre 2007
  • Syndrome douloureux régional complee, MSD Manuel, mars 2022
  • Douleur chronique : Le puzzle de la fibromyalgie bientôt résolu ?, Inserm, octobre 2020
  • ce qu’il faut savoir sur l’allodynie, Migraine Québec, octobre 2020

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