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Young adult bearded man looking in mirror in bathroom touching head worried about about hair loss
Galina Zhigalova / 500px / Getty Images/500px Plus Young adult bearded man looking in mirror in bathroom touching head worried about about hair loss

Galina Zhigalova / 500px / Getty Images/500px Plus

« Ça reste un attribut physique globalement mal perçu dans la société, ce n’est pas associé à la beauté » explique Théo 

CHEVEUX – C’est un objet de taquinerie, une source de peur pour les uns ou une étape inévitable pour d’autres : pour les hommes adultes, la perte de cheveux est une condition fréquente et dans la plupart des cas bénigne.

Pour autant, en avril, le député ultramarin Olivier Serva confiait avoir souffert de sa calvitie et annonçait, dans les mois à venir, le dépôt d’une proposition de loi pour lutter contre toutes les formes de discriminations capillaires. En effet, si le fait d’être chauve n’est pas un critère de discrimination au même titre que certaines coiffures ou type de cheveux, la calvitie est encore loin de faire partie des critères de beauté dominants et peut exposer à des complexes ou des remarques peu agréables. Quatre hommes chauves ont confié au HuffPost les réflexions qu’ils ne veulent plus entendre à ce sujet.

Le moment de la perte de cheveux

Pour tous les interrogés, c’est dans les premiers temps de la perte de cheveux que les regards et les critiques des autres ont été les plus difficiles à accepter. Pour Théo, qui a fait les frais d’une calvitie précoce, ces premières remarques arrivent autour de ses 17 ans. « À ce moment-là, j’étais plus susceptible et j’avais beaucoup du mal à accepter qu’on me dise que je perdais mes cheveux. En cours ou au théâtre, je m’asseyais toujours au fond des salles pour qu’on ne puisse pas voir l’arrière de mon crâne dégarni. »

S’il participe volontiers aux rigolades de ses amis à ce sujet, d’autres phrases sont plus blessantes. « Les remarques comme C’est dommage que tu perdes tes cheveux’, qui sous-entendaient que c’était une tare, pouvaient me heurter. » Prendre le parti de se raser le crâne à blanc l’aide à reprendre confiance en lui et à faire de cette situation subie une situation choisie.

« J’ai une bonne adresse en Turquie »

Depuis que Ted se rase le crâne plutôt que tenter de camoufler les zones clairsemées de ses cheveux, il explique lui aussi ne plus avoir aucun mal à assumer sa calvitie. Par contre, les réflexions des inconnus à ce sujet, qui arrivent de temps à autre, ont tendance à l’agacer… Y compris quand elles viennent d’anciens chauves. « Il n’y a pas longtemps, dans un bar, un homme s’est approché de moi pour me chuchoter Je connais une bonne adresse en Turquie comme si on se connaissait depuis toujours, raconte-t-il. C’était une interaction non sollicitée qui m’a un peu énervé. »

Les blagues sur la Turquie (où les opérations de chirurgie esthétique d’implants capillaires sont moins chères qu’en France) font aussi partie du quotidien de David, qui a commencé à perdre ses cheveux il y a trois ans et qui a rapidement choisi d’arborer un crâne chauve. Ce choix se fait suivre de remarques fréquentes mi-désolées, mi-désagréables. « J’en ai marre qu’on me dise ’Quand même, t’étais mieux avant’ », explique le presque trentenaire. Il trouve qu’on a aussi souvent tendance à lui trouver des airs de ressemblance avec n’importe quelle personnalité chauve, et cela ne le réjouit pas.

« Je n’ai pas besoin qu’on me console de ne plus avoir de cheveux »

Guillaume, quant à lui, est chauve depuis une quinzaine d’années. Il sent que c’est une des premières choses qu’on remarque chez lui, et que « les regards s’arrêtent souvent sur le dessus de [son] crâne ». Quand, au cours de conversations, le sujet des cheveux arrive sur la table, il lui arrive de s’irriter devant certaines petites phrases contrites de ses proches.

« Parfois, j’ai droit à des excuses comme s’il s’agissait d’un sujet sensible, raconte-t-il. Ce sont ces remarques empreintes de compassion dont j’ai le plus marre, les gens qui se sentent obligés de préciser Mais si, ça te va bien la calvitie. Je ne cherche pas à ce qu’on me console de ne plus avoir de cheveux ! » Certains amis ont aussi la fâcheuse tendance de lui transférer des articles à ce sujet, « des choses comme : cette étude montre que les chauves sont mieux pour… Ce n’est pas si fréquent, mais c’est lourd d’être réduit à ça » poursuit-il.

Pour illustrer la manière dont ces remarques peuvent arriver quel que soit le contexte, il raconte : « J’assistais à un plateau de stand-up et ça n’a pas manqué, la moitié des humoristes m’ont vanné là-dessus alors qu’il y avait un public d’une centaine de personnes. »

En plaisanter et rire avec les autres

Pour David et Ted, les plaisanteries sont l’occasion de rire de leur calvitie avec les autres. « Je plaisante énormément dessus parce que ce n’est pas grave d’être chauve », explique le premier. « Si je fais des blagues là-dessus en premier, on rigole avec moi plutôt que rigoler de moi », abonde le second. Pour Ted, être chauve est une caractéristique physique comme une autre. « C’est comme si j’avais un très grand nez : parfois, on me vanne là-dessus mais si c’est mon seul problème dans la vie, c’est que je n’ai pas vraiment de problèmes ! »

Pour autant, cette attention marquée sur ce point de l’apparence qui touche un homme sur quatre selon l’Ifop ne manque pas d’interroger les quatre témoins. « Il n’y a plus le même regard sur moi depuis que je n’ai plus de cheveux » raconte Théo. « Ça me surprend souvent de voir que certaines personnes me caractérisent par ça. D’autant plus que ça reste un attribut physique globalement mal perçu dans la société, ce n’est pas associé à la beauté. »

Un sentiment partagé par David, et qui est à l’origine de sa lassitude. « Je ne comprends pas pourquoi on y accorde, de manière globale, autant d’importance. Ce n’est pas un choix qu’on peut contrôler, mais la société focalise une attention assez négative dessus, comme si c’était grave d’être chauve alors que ce n’est pas une maladie !  »

Vous avez une histoire à partager sur votre rapport à vos cheveux ou sur les discriminations capillaires ? Le HuffPost est toujours à l’écoute de ses lecteurs et lectrices. N’hésitez pas à témoigner et à nous écrire à témoignage@huffingtonpost.fr. Nous vous répondrons avec la marche à suivre.

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