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Pour être efficace, toute perte de poids doit se faire lentement, mais sûrement. Et ce ne sont pas nos experts qui diront le contraire. « La course à la minceur nous pousse parfois à suivre des régimes restrictifs totalement contre-productifs sur le long terme », affirme Pauline Bruel diététicienne libérale à Paris et praticienne à l’hôpital privé d’Antony. Et le Dr Denys Barrault, médecin du sport, de préciser : « les conséquences d’une perte de poids rapide volontaire ou inexpliquée se font sentir aussi bien sur le plan physique que sur le plan mental, allant parfois jusqu’à occasionner des troubles de l’estime de soi et / ou du comportement alimentaire ». Tour d’horizon.

Définition : qu’entend-on exactement par perte de poids « trop » rapide ?

Vous l’aurez compris, une perte de poids « trop » rapide fait référence à une perte significative de kilos à un rythme anormalement soutenu. Il n’existe pas vraiment de consensus universel pour caractériser ce phénomène, car les situations varient en fonction de plusieurs facteurs, comme l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle (IMC) et l’état de santé général de chaque personne.

Une perte de poids considérée comme saine est généralement comprise entre 0,5 et 1 kilogramme par semaine. Si la perte de poids dépasse cette fourchette, elle peut être considérée comme « trop » rapide, indiquent les experts. À noter : cet amaigrissement peut être volontaire – dans le cadre d’un régime restrictif pour entrer dans une robe de mariée, par exemple – ou involontaire – dans le cadre d’une maladie digestive chronique, d’un cancer, etc. (cachexie).

Pour rappel, la perte de poids est le résultat d’un déficit calorique : pour que notre corps puisse fonctionner, il a besoin de l’énergie que nous lui fournissons sous forme de calories apportées par l’alimentation, indique le Dr Barrault. Autrement dit, plus nos dépenses énergétiques – liées au fonctionnement de nos organes (métabolisme de base) et à notre activité physique – sont importantes, plus notre besoin en calories est important : on parle de balance apports / dépenses. « Pour perdre du poids, nos dépenses caloriques doivent donc être plus élevées que nos apports caloriques. Ainsi, notre organisme est obligé de puiser de l’énergie dans ses réserves », explique l’expert.

Quand s’inquiéter lors d’une perte de poids ?

Notre poids évolue tout au long de la journée et n’est jamais fixe. Il peut également varier selon les saisons, notre mode de vie et différents événements de vie. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas forcément s’inquiéter d’une perte de poids.

Le corps médical considère qu’un amaigrissement est cliniquement significatif lorsqu’une personne perd plus de 5 % de son poids en moins de six mois ou plus de 10 % de son poids en moins d’un an. « Cependant, cette définition traditionnelle ne fait pas de distinction entre la perte des masses corporelles maigres et grasses », souligne le Dr Michael R. Wasserman dans un article publié par le Manuel MSD (source 1). L’expert relève aussi qu’une accumulation d’œdèmes ou de tumeurs peut compenser et masquer un amaigrissement préoccupant.

Quels symptômes doivent alerter ?

Une perte de poids trop rapide et important s’accompagne souvent des effets secondaires suivants :

  • des maux de tête ;
  • une fatigue intense ;
  • un changement d’appétit ;
  • des douleurs osseuses ;
  • des douleurs abdominales ;
  • une sensation de malaise ;
  • des troubles de la vision ;
  • une faiblesse musculaire ;
  • une fièvre et des sueurs nocturnes ;
  • des troubles digestifs (constipation, diarrhée, etc.) ;
  • des palpitations cardiaques ;
  • une soif excessive et des crampes musculaires ;
  • etc.

Si vous constatez la présence d’un ou plusieurs de ces symptômes, parallèlement à une perte de poids importante, consultez rapidement votre médecin traitant ou un médecin généraliste, qui pourra vous prendre en charge. Une perte de poids rapide, sans changement de régime alimentaire ou d’activité physique peut être le signe d’un problème de santé sous-jacent (trouble digestif, trouble hormonal, infections, etc.) qui nécessite une prise en charge médicale !

Par ailleurs, si vous êtes préoccupé(e) par votre poids, votre image corporelle ou si vous présentez des signes de changement d’humeur et / ou de trouble du comportement alimentaire, n’hésitez pas à demander l’aide d’un(e) professionnel(le).

Quels sont les régimes minceur les plus « risqués » ?

La plupart des régimes traditionnels sont des régimes restrictifs qui présentent de nombreux risques pour la santé, entraînent une perte de repères nutritionnels, des frustrations et ne permettent pas une perte de poids durable, alerte Pauline Bruel.

Sans compter qu’ils sont souvent mis en place spontanément, sans encadrement médical et peuvent être à l’origine d’un trouble de l’image de soi (dysmorphophobie) conduisant à de graves troubles du comportement alimentaire.

En 2011, pour en avoir le cœur net, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié la première étude passant au crible quinze des régimes minceur les plus en vogue (source 2). Tous avaient un modèle commun : une restriction énergétique par le contrôle de la prise alimentaire, et la suppression d’une catégorie d’aliments au moins. Au final, tous ont montré des effets négatifs sur la santé, ont altéré le fonctionnement du métabolisme et ont occasionné des perturbations psychologiques, comme le rappelle Irène Margaritis, professeure de physiologie et cheffe de l’Unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses, dans un article intitulé « L’illusion perdue des régimes amaigrissants » (source 3).

Risques et conséquences : pourquoi il ne faut pas perdre du poids trop rapidement ?

Comme expliqué ci-dessus, la seule façon de perdre du poids volontairement et rapidement est de forcer son organisme à passer « en mode survie » et à puiser dans ses réserves de graisses par le biais d’un régime alimentaire strict qui comporte de nombreux interdits alimentaires. Mais cette stratégie n’est pas sans risques…

Perte de masse musculaire

Qui dit perte de poids ne dit pas uniquement perte de graisse. La perte de poids peut en effet se traduire par une perte importante d’eau et de masse musculaire… Concrètement, les muscles « fondent » et notre silhouette perd en tonicité. « La masse musculaire est pourtant un acteur déterminant de la dépense énergétique de repos en contribuant fortement à la thermogénèse et ainsi à la dépense énergétique de repos. S’il y a moins de muscles, la dépense énergétique de repos est de facto diminuée… », souligne Irène Margaritis (source 3). L’idéal, pour limiter ce problème ? Enrichir son alimentation en protéines (sans pour autant suivre drastiquement un régime hyperprotéiné).

Risque accru d’ostéoporose

Une perte de poids trop rapide peut impacter la masse osseuse et favoriser la survenue d’une ostéoporose précoce. Les os ont en effet besoin de stimulation mécanique pour rester forts et en bonne santé. Lorsque l’on perd trop de poids sur un court laps de temps, cette stimulation mécanique est limitée, ce qui peut entraîner une diminution de la densité osseuse. Par ailleurs, la perte de poids peut souvent s’accompagner d’une diminution de l’apport en nutriments essentiels comme le calcium et la vitamine D, indispensables pour la santé osseuse.

Altération du métabolisme

La perte rapide de quelques kilos peut aussi fortement perturber le fonctionnement normal de notre métabolisme. Celui-ci peut se mettre à fonctionner au ralenti, ce qui complique la perte de poids ultérieure et entraîne souvent un plateau dans le processus de perte de poids.

Gare à l’effet yo-yo !

Si les régimes restrictifs sont souvent à l’origine de résultats rapides et satisfaisants, ils ont un effet pervers méconnu : le fameux effet yo-yo. Selon l’Anses, la reprise de poids est quasi-systématique après ce type de régime. Dans 80 % des cas elle survient dans l’année suivant le régime et dans 95 % des cas elle survient dans les cinq années qui suivent le régime. “Souvent les patient(e)s reprennent plus de poids qu’ils / elles n’en ont perdu, regrette Pauline Bruel. Cela s’explique notamment par le fait que la perte de poids est souvent envisagée comme un objectif à court ou moyen terme pour un évènement spécifique, Or la perte de poids devrait être investie sur le long terme et permettre de pérenniser des habitudes de vie plus saines.

Des carences nutritionnelles et une déshydratation

Une perte de poids trop rapide peut conduire à des carences en nutriments essentiels tels que les vitamines, les minéraux et / ou les protéines. Cela peut affaiblir notre système immunitaire, entraîner une fatigue excessive et augmenter le risque de développer des problèmes de santé à long terme.

La perte plus ou moins importante d’eau peut aussi entraîner une déshydratation, caractérisée par les symptômes suivants : fatigue, sensation de malaise, maux de tête, constipation, crampes récurrentes, etc.

La fatigue et l’épuisement

À force d’être mis en tension et de devoir puiser dans ses réserves, le corps lâche et la fatigue peut devenir chronique et intense. La frustration constante et la logistique liées aux restrictions alimentaires demandent aussi beaucoup d’énergie. Résultat ? Un épuisement perpétuel, accompagné d’une irritabilité, d’une sensibilité au froid, de vertiges, etc.

Un déséquilibre électrolytique

Une perte de poids rapide perturbe l’équilibre des électrolytes comme le sodium, le potassium, le magnésium, le chlorure et le phosphate. Or, ces éléments sont indispensables au bon fonctionnement de nos cellules, de nos tissus et de nos organes. Ils jouent un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions biologiques : le maintien de l’équilibre hydrique, la régulation de l’activité nerveuse et musculaire, etc.

Des conséquences cardiaques

Une perte de poids importante et rapide peut augmenter le risque d’arythmie cardiaque. En cause ? Un bouleversement des électrolytes, la composition sanguine et les niveaux d’hormones qui peuvent affecter le fonctionnement normal du cœur. Dans certains cas, une perte de poids excessive peut aussi occasionner une perte de masse musculaire au niveau du muscle cardiaque : le cœur a de moins en moins d’énergie et peut avoir plus de mal à battre.

Relâchement cutané, vergetures… Des conséquences esthétiques

Cela semble être un moindre mal, mais une perte de poids rapide et importante peut avoir des conséquences dermatologiques plus ou moins importantes selon les personnes : un relâchement cutané, en particulier dans des zones telles que l’abdomen, les bras, les cuisses et les seins.

Une perte de poids importante peut aussi être à l’origine de nouveaux plis cutanés, en particulier dans les zones où l’excès de peau est présent. Ces plis peuvent générer des frottements et des irritations cutanées. Enfin, lorsque la peau est étirée au-delà de sa capacité élastique, elle peut se retrouver striée de vergetures.

Anorexie, boulimie, dysmorphophobie, dépression…

Une perte de poids rapide – et, plus généralement, la course à la minceur – peuvent impacter sévèrement notre santé mentale. « Cela peut entraîner des troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale, crises de boulimie, etc.), une mauvaise estime de soi, de l’anxiété et une obsession excessive autour du poids et de l’apparence physique », énumère Pauline Bruel. Autant de phénomènes qui peuvent conduire à la dépression et à l’isolement social.

Et le Dr Barrault de signaler : « Il faut être extrêmement vigilant(e), car le fait de ne pas se percevoir tel que l’on est et de ne pas s’apprécier physiquement peut mener à un cercle vicieux : on veut toujours perdre plus de poids, quitte à se faire vomir ou à s’affamer volontairement ».

En vidéo : La témoignage de Capucine “Il y a quatre ans, je suis tombée dans l’anorexie”

Quels conseils pour perdre du poids sainement et durablement ?

« Une perte de poids durable et saine implique un changement progressif et durable des habitudes alimentaires et du mode de vie », insiste Pauline Bruel. Mieux vaut tirer un trait sur les régimes minceur et se concentrer sur son hygiène de vie !

  • Mangez au moins trois fois par jour et ne sautez aucun repas.
  • Veillez à manger « de tout » en quantité raisonnable et hydratez-vous tout au long de la journée.
  • Écoutez votre corps et attendez d’avoir faim pour manger.
  • De même, ne vous forcez pas à finir votre assiette si vous n’avez plus faim.
  • Dédiabolisez les aliments plaisir comme les sucreries, le chocolat ou le fromage (certes ils sont très riches en calories, mais on peut s’autoriser un petit plaisir de temps en temps, dans le cadre d’une alimentation équilibrée, et dans le respect de la satiété).
  • Si besoin, misez sur des aliments à faible index glycémique pour limiter les fringales.
  • Mangez lentement et mastiquez bien pour laisser le sentiment de satiété s’installer.
  • Optez pour des herbes aromatiques (coriandre, ciboulette, aneth, basilic, etc), des épices (curry, paprika, cannelle, muscade, etc.) et des condiments (sauce soja, Tabasco, Sriracha, etc.) pour donner du goût à vos plats en limitant l’apport calorique. Autre avantage de ces aides culinaires : leur très forte concentration en vitamines, minéraux et antioxydants.
  • Pratiquez une activité physique régulière et adaptée à votre profil (l’idéal étant d’allier des exercices de cardio et de renforcement musculaire).
  • Profitez de chaque occasion pour vous dépenser : prenez les escaliers plutôt que l’ascenseur, descendez quelques stations de bus avant votre arrêt pour marcher un peu plus, etc.
  • Adoptez une bonne hygiène de sommeil et limitez les sources de stress au quotidien.

À noter : l’aide d’un(e) professionnel(le) vous permettra de bénéficier de conseils personnalisés et de mettre en place une approche saine et durable pour atteindre vos objectifs de poids. « Les clés de la réussite sont la patience, la persévérance et la régularité. Avec le temps, les contraintes deviennent des habitudes et on s’assure une perte de poids durable », conclut Pauline Bruel.

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