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Superstar des années 1990 avant de connaître un long passage à vide, l’acteur Brendan Fraser renaît de ses cendres. Il a remporté dimanche l’Oscar du meilleur acteur pour sa prestation remarquable dans «The Whale».

«C’est donc ça le multivers», a lancé Brendan Fraser, visiblement très ému, après avoir remporté l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans «The Whale», lors de la 95e cérémonie qui se tenait dimanche soir en direct de Los Angeles.

Après des problèmes de santé et le traumatisme d’une agression sexuelle, la star des films des années 1990 – «La Momie» en tête – qui était tombée dans l’oubli ces dernières années, opère un retour inattendu et salué par l’ensemble de la profession grâce à ce long-métrage signé Darren Aronofsky.

Dans ce drame adapté d’une pièce de théâtre de Samuel D. Hunter, le comédien de 54 ans incarne un professeur d’anglais souffrant d’obésité morbide qui, reclus chez lui, tente de reprendre contact avec sa fille. Méconnaissable dans le corps de Charlie et ses quelque 250 kilos, Brendan Fraser qui a supporté de lourdes prothèses pendant toute la durée du tournage, donne la réplique à Sadie Sink, alias Maxine de la série «Stranger Things». 

Sans langue de bois, Darren Aronofsky a confié qu’il avait pensé «à toutes les stars de la planète» pendant dix ans pour jouer le personnage de Charlie, avant de choisir la vedette de «George de la jungle». «Un rôle le plus compliqué (…) et de loin le plus héroïque que je n’aie jamais interprété», a confié ce dernier. 

Un talent précoce pour la comédie

Né le 3 décembre 1968 à Indianapolis, aux Etats-Unis, Brendan James Fraser a beaucoup voyagé pendant son enfance, son père étant fonctionnaire du ministère du tourisme canadien. Attiré très tôt par la comédie, il est monté sur les planches pour la première fois à l’âge de 12 ans. Après l’obtention de son diplôme à l’Actors Conservatory du Cornish College of the Arts de Seattle, le jeune homme est apparu dans de nombreuses pièces, dont de grands classiques tels qu’«En attendant Godot» ou «Roméo et Juliette».

En 1989, Brendan Fraser a fait ses premiers pas au cinéma dans «Comment devenir beau, riche et célèbre», de Savage Steve Holland, avant de se glisser, sept ans plus tard, dans la peau d’un «Tarzan» pas comme les autres, le «George de la jungle» de Sam Weisman. Cette comédie parodique a marqué le début de sa popularité, mais la consécration viendra en 1999, avec la superproduction hollywoodienne «La Momie» de Stephen Sommers, laquelle connaîtra des suites : «Le Retour de la momie» en 2001, et «La Tombe de l’empereur Dragon» en 2008.

Brendan Fraser apparaîtra ensuite au casting de films plus sombres, à l’instar d’«Un Américain bien tranquille» (2002) et de «Collision» (2004), long-métrage qui remportera trois Oscars. Après cela, le comédien s’est fait bien plus rare, voire quasiment absent jusqu’en 2021.

Il faudra attendre «No Sudden Move» de Steven Soderbergh pour que l’acteur effectue son retour sur le devant de la scène. Les spectateurs le retrouvent en 2022 dans «Batgirl» et «Killers of the Flower Moon» de Martin Scorsese. Mais pourquoi l’Américano-canadien s’est-il éloigné des plateaux de cinéma ?

fauché en pleine gloire après une agression sexuelle

Affaibli par des problèmes de santé dont une profonde dépression, Brendan Fraser a expliqué avoir été traumisé suite à une agression sexuelle. Il a accusé Philip Berk, ancien président de la HFPA (l’Association hollywoodienne de la presse étrangère qui organise les Golden Globes, ndlr) d’avoir eu un comportement déplacé, rapportant des faits qui se seraient déroulés au Beverly Hills Hotel, au cours de l’été 2003.

«Il passe sa main gauche autour de moi, m’attrape la fesse, et un de ses doigts me touche au niveau du périnée. Et il commence à le bouger», a-t-il détaillé dans une interview pour GQ en 2018, ajoutant qu’à l’époque, il s’était «senti comme un petit enfant». À la suite de cet événement dramatique, il se serait précipité chez lui, et se serait confié à sa femme. Mais il aurait préféré taire cette sombre histoire, craignant que ses révélations puissent nuire à sa carrière.

Divorcé en 2007 de l’actrice Afton Smith avec qui il a eu trois fils, Brendan Fraser a expliqué qu’il avait préféré se mettre en retrait de la vie publique après cette affaire, mais estime aussi avoir été blacklisté à Hollywood dès 2003, et notamment de certaines cérémonies prestigieuses comme les Golden Globes. 

La roue tourne

Nul doute que sa nomination en janvier dernier dans la catégorie «meilleur acteur» a sonné pour lui comme une revanche… Et cela, même si Austin Butler a finalement été couronné pour sa performance dans «Elvis».

Ce dimanche 12 mars, en direct du Dolby Theatre de Los Angeles, Brendan Fraser a séduit l’Académie des Oscars. Debout sur scène, la prestigieuse statuette à la main, il a savouré cette renaissance, quelques mois seulement après avoir reçu une standing ovation de six minutes à la Mostra de Venise, puis avoir été félicité lors des Critics Choice Awards.

«J’étais dans la jungle, et j’aurais probablement dû laisser une traînée de miettes, mais tu m’as trouvé, et comme les meilleurs réalisateurs, tu m’as simplement montré où aller, et où je devrais être», a-t-il déclaré à Darren Aronofsky.

L’acteur a terminé son discours en pleurant, et d’une voix tremblante a comparé son itinéraire à celui de son personnage. «Si, comme Charlie, vous luttez contre l’obésité, ou vous vous sentez submergé dans la noirceur, je veux que vous sachiez que si vous aussi vous avez la force simplement de vous lever et d’aller vers la lumière, de bonnes choses vont vous arriver», a-t-il confié.

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