Spread the love


« Le sport est bon pour la santé dans la grande majorité des cas. Mais dans de rares cas, il peut aussi être fatal », prévient le Dr Denys Barrault, ancien président de la Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport (SFMES). Comme son nom l’indique, la mort subite du sportif désigne la mort soudaine d’une personne pendant ou peu de temps après la pratique d’une activité physique intense. Elle est généralement causée par des troubles cardiaques tels qu’une arythmie cardiaque, une cardiomyopathie ou une malformation cardiaque congénitale.

Le dernier incident médiatisé ? Celui du footballeur Christian Eriksen, footballeur danois âgé de 29 ans, victime d’une maladie cardiaque à la quarante-deuxième minute d’un match de l’Euro 2020 opposant le Danemark à la Finlande. Massé et défibrillé rapidement, il a échappé de peu à la mort et a pu bénéficier d’un défibrillateur automatique implantable (DAI). Preuve qu’il est absolument indispensable de connaître les gestes de premiers secours.

Définition : qu’est-ce que la mort subite du sportif ?

La mort subite du sportif est relativement rare, mais peut être particulièrement choquante car elle touche souvent des personnes jeunes, en pleine forme physique, voire en excellente santé. Concrètement, elle désigne le décès inattendu et instantané d’athlètes plus ou moins aguerri(e) s qui s’écroulent au beau milieu d’un effort physique – ou quelques minutes / heures plus tard.

En cause ? Une défaillance inexpliquée du cœur. « Le grand public parle de ‘crise cardiaque‘, mais cela ne correspond pas à une réalité médicale. C’est trop flou », indique le Pr Jacques Mansourati, cardiologue, chef du service cardiologie au CHU de Brest et membre de la Fédération française de cardiologie (FFC). Et de préciser : « Cet accident peut être lié à un infarctus du myocarde, à un malaise cardiaque, à une insuffisance cardiaque ou encore à un arrêt cardiaque ». Dans tous les cas, le cœur ne parvient plus à assurer sa fonction de perfusion des organes vitaux, comme le cerveau.

Incidence : quelques chiffres et statistiques

Selon la Fédération française de cardiologie, plus de 500 sportifs(ves) meurent chaque année d’un arrêt cardiaque au cours de l’effort physique (source 1). Le plus souvent, il s’agit de jeunes hommes athlétiques. Mais le nombre pourrait être bien plus important en réalité, comme l’explique le Dr Barrault : « lorsque le Samu est appelé pour un arrêt cardiaque sur la voie publique ou dans un stade, il ne mentionne pas forcément le fait que celui-ci est survenu pendant un effort physique ». Les statistiques occultent donc potentiellement de nombreux décès – y compris chez les « sportifs(ves) du dimanche ».

Symptômes : quels sont les signes d’une mort subite ? Comment ces malaises cardiaques arrivent-ils ?

Vous l’aurez compris, il est impossible d’anticiper la survenue d’une mort subite.

Sur le moment, elle peut se manifester par une perte de conscience soudaine (la personne s’effondre soudainement sans raison apparente) et un arrêt cardiorespiratoire. Allongée au sol, la victime ne réagit plus et n’a pas de pouls. Avant de s’effondrer elle a à peine le temps de ressentir une douleur thoracique, des vertiges ou des étourdissements.

Certains facteurs de risque doivent être surveillés :

  • des antécédents cardiaques ;
  • des antécédents de mort subite du sportif ;
  • des antécédents familiaux de mort subite du sportif ;
  • la prise de produits illicite et de substances dopantes ;
  • etc.

Par ailleurs, certains paramètres sont suspectés de favoriser la survenue de défaillances cardiaques : un stress important, une fatigue écrasante, une trop grande chaleur ou une trop grande fraîcheur, des troubles diététiques, une déshydratation, un trouble électrolytique ou encore une maladie virale.

Le sport est-il vraiment un médicament ?

Causes : pourquoi les athlètes font-ils des « crises cardiaques » ? Meurent-ils forcément plus jeunes ?

« La mort subite peut concerner tous les sportifs(ves), quel que soit leur âge, leur niveau ou leur sport de prédilection (basket, football, natation, cyclisme, etc.) », précise le Dr Barrault. Les causes de mort subite peuvent toutefois différer selon l’âge des victimes.

Avant 35 ans, c’est souvent l’arrêt cardiaque qui est en cause. « Il peut être dû à une malformation cardiaque congénitale, à une maladie cardiaque héréditaire ou à une maladie cardiaque acquise qui n’était pas connue des patient(e)s », précise le Pr Mansourati. Et plus les patient(e)s avancent en âge, plus ils / elles sont susceptibles de faire face à un infarctus du myocarde, ajoute-t-il. Concrètement, l’une des artères coronaires se bouche et la zone du cœur correspondante est soudainement privée de sang – et donc d’oxygène. Elle souffre et s’abîme, ce qui peut entraîner une fibrillation ventriculaire et un arrêt cardiaque, explique l’expert.

Et son confrère de poursuivre : « les causes cardiaques sont les plus redoutables, mais il existe aussi des causes endocriniennes, notamment liées aux hormones des glandes surrénales (adrénaline, éphédrine, etc.) ». Unerupture d’anévrisme cérébral ou une atteinte de la moelle épinière peuvent aussi être en cause.

Il arrive aussi qu’aucune cause ne soit formellement identifiée, souligne le Dr Barrault, qui précise que les causes cardiaque restent les plus redoutables et les plus “faciles” à détecter en amont.

Par ailleurs, quel que soit l’âge des patient(e)s, le risque est aussi aggravé par le tabagisme, l’excès de cholestérol, une surconsommation d’alcool, ou encore l’absence d’une activité physique régulière.

Sport : le dopage peut-il augmenter le risque de décès ?

Les drogues, les substances illicites et les stimulants tels que la cocaïne et les stéroïdes anabolisants, peuvent effectivement endommager le cœur et augmenter le risque de mort subite, répondent les experts.

Quel pronostic une fois que les premiers symptômes sont apparus ?

La mort subite du sportif estimprévisible et peut survenir pendant ou après un effort physique intense. Le pronostic des victimes dépend de plusieurs facteurs, notamment :

  • de la cause sous-jacente de la mort subite,
  • de l’efficacité des mesures de réanimation immédiatement entreprises
  • et du temps écoulé entre l’accident et la réanimation.

« Il faut bien avouer que le pronostic des victimes est généralement mauvais, surtout si la réanimation n’est pas entreprise immédiatement ou si la cause sous-jacente n’est pas traitée rapidement et efficacement », prévient le Dr Barrault. Et de nuancer : « Cependant, avec une intervention médicale rapide et appropriée, il est possible d’améliorer les chances de survie et de réduire les dommages cérébraux et / ou cardiaques ».

Prévention : comment éviter la mort subite du sportif ?

La prévention de la mort subite du sportif passe par un dépistage approfondi en amont, notamment chez les athlètes de haut niveau, suivis régulièrement par des médecins et des cardiologues du sport. « Elle passe par la réalisation obligatoire d’un électrocardiogramme (ECG), d’un bilan de performance et d’un bilan cardiaque comprenant notamment un test d’effort », précise le Pr Mansourati.

En cas d’anomalie, plusieurs examens complémentaires peuvent être prescrits, comme une échographie cardiaque. Et la découverte d’une anomalie cardiaque contre-indique formellement la pratique du sport en compétition, précise le cardiologue. « Les sportifs(ves) du dimanche aussi doivent prêter attention à leur forme cardiaque et réaliser un bilan médical avant de se lancer dans la pratique du jogging pour perdre quelques kilos », insiste-t-il.

Les gestes de prévention clé

Si aucun test ne peut vraiment anticiper les cas de mort subite, certaines habitudes permettent de limiter les risques et le nombre de décès :

  • bien s’échauffer en amont ;
  • bien s’hydrater avant, pendant et après l’effort ;
  • ne pas faire d’exercice physique intense en cas de fièvre ;
  • ne pas fumer avant, pendant ou après la pratique sportive – et même ne pas fumer tout court ;
  • ne pas consommer de substance dopante ;
  • etc.

Soyez surtout transparent(e) sur votre santé : signalez tout symptôme inhabituel à votre médecin, insiste le Dr Barrault. Il est là pour vous accompagner et vous permettre d’évoluer en toute sécurité.

Comment réagir si vous êtes témoin d’une défaillance cardiaque ?

La connaissance des facteurs de risque et le respect des mesures de prévention n’empêchent malheureusement pas toujours la survenue d’une mort subite… Il est donc indispensable de se former aux gestes de premier secours pour pouvoir agir rapidement.

Vous êtes témoin du malaise d’un(e) proche ou d’un(e) inconnu(e) en pleine activité physique ? Commencez par vérifier si la personne est consciente et respire normalement. Si ce n’est pas le cas, il faut rapidement passer à l’action.

« La prise en charge doit être la plus rapide possible pour limiter les séquelles irréversibles. Quelle que soit la situation, il ne faut pas hésiter à agir, c’est toujours plus efficace que de ne rien tenter », insiste le Pr Mansourati.

Contactez les secours (le 15 ou le 112)

N’attendez pas une seconde avant de contacter les secours. À l’autre bout de la ligne, un régulateur du SAMU vous posera des questions pour se faire une idée précise de la situation.

Tentez de gardez votre sang-froid et précisez-lui l’adresse du lieu et les circonstances de l’accident, l’état de la victime et les gestes de premier secours qui sont en train d’être effectués. Le régulateur vous guidera au mieux en attendant l’arrivée des secours.

Surtout ne raccrochez jamais tant que le régulateur ne vous l’a pas indiqué ! À noter : lors de grandes compétitions sportives, des médecins sont généralement présents sur place.

Démarrez un massage cardiaque

Démarrez la réanimation cardiopulmonaire (RCP) le plus vite possible. Concrètement, cela consiste à effectuer des compressions thoraciques pour aider le cœur à « repartir ».

Même si vous n’êtes pas sûr(e) de votre geste, lancez-vous !, insiste le Dr Barrault. Un massage cardiaque imprécis et quelques côtes cassées valent mieux que l’absence de massage cardiaque. 

Suivez les conseils de la Fédération Française de Cardiologie (FFC) :

  • Allongez la victime sur le dos sur une surface dure ;
  • Mettez vos genoux contre la victime, sur le côté ;
  • Positionnez vos mains l’une sur l’autre, un peu en dessous du milieu du thorax, les bras bien tendus ;
  • Appuyez de tout votre poids, bien perpendiculairement au-dessus du corps de la victime ;
  • Les pressions à exercer sont fortes : enfoncez les mains de 5 à 6 cm dans la poitrine et relâchez complètement le thorax entre chaque compression.
  • Effectuez les pressions sur un rythme de 100 par minutes (le même rythme que celui de la chanson « Staying Alive » des Bee Gees)
  • Si besoin, relayez-vous avec les autres personnes présentes en attendant l’arrivée des secours.

Utilisez un défibrillateur automatique externe (DAE)

Demandez rapidement à un(e) membre de l’assemblée d’aller chercher un défibrillateur automatique externe (DAE). En France, depuis, le 1er janvier 2020, tous les établissements pouvant recevoir plus de 300 personnes doivent en être équipés. Par ailleurs, il existe aujourd’hui de nombreuses applications permettant de géolocaliser les DAE à proximité.

Ces petits appareils portatifs peuvent, via deux électrodes posées sur la poitrine, envoyer un choc électrique au niveau du cœur et le remettre en route. « Ils n’envoient un choc électrique que lorsque cela est nécessaire, précise le Pr Mansourati. Et si les électrodes sont mal posées, le seul risque, c’est que l’appareil soit inefficace ».

Depuis 2007, tout le monde peut s’en servir, même sans formation ! Les appareils se chargent de nous guider vocalement, étape par étape.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *