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A Jacou (Hérault), une petite commune tout près de Montpellier, Medincell s’apprête, sans aucun doute, à bouleverser le quotidien des patients souffrant de schizophrénie. « C’est le fruit de neuf ans d’efforts », se réjouit Christophe Douat, le président du directoire de cette pépite de la biotech française. La Food and drug administration (FDA), l’agence américaine du médicament, a, en effet, donné son feu vert à la commercialisation de l’Uzedy, un traitement révolutionnaire pour ce trouble mental grave, qui touche environ 24 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ce nouveau médicament sera sur le marché américain d’ici quelques semaines.

Ce n’est pas la molécule qui compose l’Uzedy qui suscite tant d’espoir : la rispéridone est déjà prescrite à la plupart des personnes souffrant de schizophrénie, pour diminuer les symptômes de la maladie, depuis plusieurs décennies. Mais c’est la façon dont ce nouveau médicament s’administre qui change tout : l’Uzedy est injecté par un médecin sous la peau. Grâce à une technologie développée par Medincell, il libère de la rispéridone dans l’organisme pendant un ou deux mois. « Les patients schizophrènes sont, dans beaucoup de cas, des patients qui ne suivent pas leurs traitements, explique Christophe Douat à 20 Minutes. C’est environ un patient sur deux. Avant même de développer de nouvelles molécules, la priorité de l’OMS est, d’ailleurs, d’améliorer l’observance », c’est-à-dire le respect des consignes données par le médecin.

Pendant un à deux mois, le patient schizophrène et ses proches n’ont plus à penser au traitement

« Dans le cas de la schizophrénie, lorsque les patients ne prennent pas leurs traitements, ça a, évidemment, un impact sur leur vie, sur leur santé, et sur leur entourage », poursuit l’entrepreneur. C’est même « la cause la plus fréquente de rechute dans la schizophrénie, explique, dans le communiqué diffusé samedi par Medincell, Christoph Correll, professeur de psychiatrie à la Zucker School of Medicine, à New York. Les traitements actifs d’un ou deux mois [comme l’Uzedy] ont un vrai rôle à jouer pour prévenir les rechutes. »

Ainsi, avec ce traitement, pendant plusieurs semaines, le patient et ses proches n’ont plus à y penser, contrairement aux traitements oraux, qui doivent être pris régulièrement. Il existe déjà, certes, des médicaments injectables, utilisant cette molécule, avec une action longue. « Mais ce sont des traitements de première génération, avec des aiguilles intramusculaires longues, des produits qu’il faut reconstituer avant l’injection ou qui ne parviennent pas au bon niveau de concentration avant quelques semaines, et qu’il faut compléter avec un traitement oral ou par une autre injection, détaille Christophe Douat. Tous ces problèmes, nous les avons résolus. » Uzedy est prêt à l’emploi et ne s’administre que par « une petite injection » très peu invasive. Et il est « au bon niveau, immédiatement », poursuit le président du directoire de Medincell. Lors des essais cliniques, l’Uzedy a permis une nette « amélioration de la qualité de vie des patients ».

Pour Medincell, ce premier succès en appelle d’autres

Medincell n’est pas toute seule à mener cette révolution : Teva Pharmaceutical Industries, géant de l’industrie pharmaceutique, aux côtés de l’entreprise montpelliéraine depuis les prémisses du développement de ce médicament, va produire et distribuer l’Uzedy.

Viser, d’abord, le marché américain est un choix pour les deux partenaires. Mais il ne fait aucun doute que ce médicament tentera, bientôt, de conquérir d’autres pays. La France ? Pour l’instant, la stratégie de Teva pour ce nouveau traitement contre la schizophrénie n’a pas été dévoilée. Mais pour Medincell, ce premier succès en appelle d’autres. Sa technologie, qui facilite les injections médicamenteuses sous la peau, est en passe d’être appliquée, notamment, à la contraception féminine, ou aux antidouleurs.

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