Définition : qu’est-ce que l’obésité modérée (quel IMC) ?
L’obésité modérée, au même titre que l’obésité sévère et morbide, est considérée comme une maladie chronique de la nutrition qui reflète un excès de masse grasse corporelle qui résulte d’un déficit de régulation de la balance énergétique. La Dre Sabine Mala-Herbau, médecin nutritionniste, ajoute : « L’obésité modérée prédispose à la survenue d’autres maladies et n’a pas tendance à guérir spontanément. »
Comment savoir si une personne est obèse de classe « modérée » ?
Mesure de l’Indice de masse corporelle et de la taille
Le diagnostic de l’obésité modérée repose sur le calcul de l’Indice de masse corporelle (IMC = poids en kg / taille² en m.).
À titre indicatif, la sévérité de l’obésité est classée en grades définis de la sorte par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) (source 1) :
- obésité modérée : IMC entre 30,0 – 34,9 kg/m2
- obésité sévère : IMC entre 35,0 et 39,9 kg/m2
- obésité morbide : IMC ≥ 40m2
Pour un IMC supérieur à 30/m2, ce qui est le cas en cas d’obésité modérée, l’examen clinique sera complété par la mesure du tour de taille qui se prend, à mi-distance entre la dernière côte et le sommet de la crête iliaque (située au niveau de la ceinture pelvienne). « Le tour de taille est un indicateur simple de l’excès de graisse au niveau abdominal chez l’adulte que l’on mesure à l’aide d’un mètre ruban », complète la Dre Sabine Mala-Herbau.
Selon la localisation de l’excès de graisse sur le corps, l’obésité pourra aussi se dire : obésité gynoïde ou androïde.
Bilan médical
En complément de mesures de l’IMC et de la taille, un bilan médical est réalisé par le médecin généraliste : « Il va permettre de faire le point avec le patient pour retracer avec lui son histoire pondérale, rechercher les facteurs qui ont pu favoriser cette prise de poids (somatiques, psychologiques, sociales…), identifier ou non un éventuel trouble du comportement alimentaire (TCA) mais aussi étudier les habitudes alimentaires ou encore évaluer l’activité physique de cette personne présentant une obésité modérée », illustre la Dre Sabine Mala-Herbau.
Obésité modérée, quels sont les causes et facteurs de risque ?
Si l’obésité modérée peut principalement s’expliquer par un déséquilibre entre les apports et les dépenses énergétiques de l’organisme, cette maladie chronique peut aussi s’expliquer par d’autres facteurs : L’environnement professionnel (stress au travail, licenciement, chômage…), le contexte de vie personnel et familial (divorce, décès, grossesse…) mais aussi l’arrêt du tabac non accompagné, l’arrêt ou encore, la réduction de l’activité physique et sportive due à par exemple à une fracture et qui impose une certaine forme de sédentarité.
Obésité modérée : quels risques pour la santé ?
L’obésité modérée expose à plusieurs complications (source 2) :
- Maladies cardiovasculaires
- Diabète
- Troubles musculosquelettiques, en particulier l’arthrose – une maladie dégénérative des articulations, très invalidante ;
- Certains cancers (de l’endomètre, du sein, des ovaires, de la prostate, du foie, de la vésicule biliaire, du rein et du colon).
- « L’apnée du sommeil ou syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil du sommeil (SAOS) est une autre complication liée à l’obésité modérée (IMC ≥ 30 kg/m²)» précise la Dre Sabine Mala-Herbau, En cas de symptômes évocateurs (ronflement, arrêts respiratoires nocturnes décrits par l’entourage, somnolence diurne, fatigue…), un dépistage avec une polygraphique ventilatoire ou une polysomnographie pourra alors être envisagé (source 3).
- Retentissement psychologie : dépression, perte d’estime de soi…
Qui consulter en cas d’obésité modérée ?
Il est d’abord important de pouvoir en parler avec son médecin généralise ou un professionnel de santé en qui vous avez confiance (sage-femme, kiné, gynécologue…
Comment sortir de l’obésité modérée ?
Un suivi médical est fortement conseillé au patient en obésité modérée. La durée et la fréquence de celui-ci dépendront toutefois de chaque individu et des pathologies sous-jacentes ou non. Certaines personnes en obésité modérée pourront de ce fait être redirigées vers des spécialistes plus compétents : médecin nutritionniste, cardiologue, endocrinologue, psychiatre…
Cet accompagnement pluridisciplinaire vise avant tout à redonner confiance et à motiver le patient pour le sortir de cette forme d’obésité. Retrouver un équilibre alimentaire et redonner une place à l’activité physique dans la vie quotidienne de l’individu seront d’autres pistes de travail.
Équilibre alimentaire et activité physique pour stabiliser et réduire sa prise de poids
Si la Haute Autorité de Santé recommande d’avoir pour objectif une perte pondérale de 5 % à 15 % par rapport au poids initial (source 2) en cas d’obésité, « stabiliser son poids est déjà un objectif intéressant pour les personnes en obésité modérée » précise Sabine Mala-Herbau. La mise en place d’un rééquilibrage alimentaire (limiter les produits salés/sucrés, diversifier ses repas, bien mastiquer, éviter les écrans pendant qu’on mange, limiter le grignotage…) ainsi qu’une pratique d’une activité physique régulière adaptée à l’état de santé du patient seront conjointement préconisées.
Une approche psychologique pourra aussi être proposée afin de traiter d’éventuels troubles du comportement alimentaire et de limiter certains risques sociaux : discriminations qui touchent toutes les dimensions de la vie (travail, famille, couple…) dans un but de redonner confiance et estime de soi aux patients obèses.
Les traitements médicamenteux
Pour certaines personnes, en complément d’une prise en charge nutritionnelle bien conduite et sous réserve de leur implication dans les soins, un traitement en injections sous cutanées par analogue du GLP-1 (liraglutide®) pourra être proposé (source 4). « Les analogues du GLP-1 sont essentiellement utilisés dans le traitement du diabète de type 2 », explique Sabine Mala-Herbau.
“En raison des effets indésirables notamment digestifs, et des interactions médicamenteuses (entre autres avec les anticoagulants et les contraceptifs oraux), la prescription d’orlistat ne sera, quant à elle, pas recommandée par l’HAS (source 2) et d’ailleurs très peu prescrite voire carrément oubliée par les professionnels de santé.
Enfin, l’utilisation détournée de médicaments dits « coupe-faim » et de médicaments n’ayant pas d’autorisation de mise sur le marché sera fortement déconseillée.
Quelle opération pour traiter l’obésité modérée ?
Il y a bien une chirurgie pour traiter l’obésité mais celle-ci ne sera pas indiquée pour l’obésité dite « modérée ». La chirurgie bariatrique concerne seulement les patients avec un Indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40 kg/m², ou un IMC supérieur à 35 kg/m² auquel s’ajoute au moins une comorbidité : diabète, insuffisance cardiaque…
S’informer
Les patients en obésité modérée pourront s’appuyer sur différents sites spécialisés tels que ObéCentre ou Fabriktasanté pour se documenter et mieux appréhender cette maladie chronique. Et aussi, se rapprocher d’une structure dédiée type SSR (structures de soins et de réadaptation) en vue d’intégrer un groupe thérapeutique via le projet GPSO (Gestion du parcours de santé dans l’obésité).
L’obésité étant une maladie chronique, sa prise en charge doit s’inscrire dans la durée et faire appel à la pluridisciplinarité médicale.