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Une semaine après le début de la grève des éboueurs, l’entassement des détritus incite les rats à se promener en surface, et à y laisser leurs déjections et leurs urines. Or les rats peuvent être à l’origine d’une infection, la leptospirose. Quels sont les symptômes ? Comment se traite-t-elle ?

Alors que la mobilisation des éboueurs contre la réforme des retraites se poursuit, des tonnes de déchets s’accumulent sur les trottoirs de plusieurs villes, dont Paris. Rassurez-vous, en dehors de l’inconfort visuel et des odeurs qui en émanent, le risque sanitaire demeure relativement minime. Les gaz toxiques dégagés par les ordures peuvent toutefois gêner les personnes fragiles souffrant de pathologies respiratoires, telles que l’asthme.

Autre risque : celui de la prolifération des rats, qui peuvent transmettre la leptospirose. L’adjointe au maire de Paris en charge de la santé publique Anne Souyris a toutefois rassuré sur le plateau de BFM TV : “La seule chose que transporte le rat, c’est la leptospirose, que connaissent les éboueurs, il existe un vaccin et il y a extrêmement peu de cas aujourd’hui“, avant de préciser que la mairie de Paris prend l’affaire au sérieux et s’attelle à faire “redescendre les rats dans les égouts en supprimant la nourriture en extérieur” et “cherche de nouveaux produits pour tuer les rats en cas d’infestation”.

De fait, on compte entre 800 et 1 000 cas de cette maladie chaque année en France mais les chiffres sont en augmentation depuis 2014. Si bien qu’en juillet dernier l’Académie de médecine avait rappelé dans un rapport que “la surpopulation de rats d’égouts dans les grandes villes est un véritable danger pour la santé publique“. Elle recommandait plusieurs recommandations, notamment que les mairies entreprennent “de vigoureuses campagnes de dératisation dans les habitations et l’environnement urbain chaque fois qu’une surpopulation de rongeurs est constatée”, ou encore que “des captures de rats d’égouts soient effectuées régulièrement afin de surveiller le portage d’agents pathogènes et de détecter d’éventuelles émergences”.

Définition : La leptospirose, c’est quoi ?

Communément appelée « maladies des rats », la leptospirose est une infection bactérienne causée par la bactérie Leptospira interrogans.

C’est une zoonose, c’est-à-dire une maladie que les animaux peuvent transmettre à l’homme et vice-versa.  Généralement, la contamination se fait par l’exposition d’une muqueuse ou d’une peau lésée à de l’eau infectée. En effet, cette bactérie appréciant chaleur et humidité, elle se développe dans les milieux humides et peut rester vivante plusieurs jours dans de bonnes conditions. En fait, c’est l’urine d’animaux contaminés qui va infecter certaines eaux : eau douce, terre, sols boueux… Les chiens aussi peuvent être contaminés et chez eux, la maladie peut être grave, voire mortelle.

Quels sont les symptômes de la leptospirose ?

Chez l’homme aussi, la maladie peut être létale si elle n’est pas bien soignée. Une infection par Leptospira interrogans cause une septicémie, c’est-à-dire une infection généralisée de l’organisme à partir d’un seul foyer infectieux. Les symptômes peuvent être plus ou moins grave selon les formes de la maladie.

Après 4 à 14 jours d’incubation, le patient peut exprimer divers symptômes non spécifiques :

Dans la forme modérée, l’évolution de la maladie en reste à ce stade mais dans certains cas, elle peut évoluer vers des atteintes du rein, du foie, des méninges ou des poumons. Et dans 20% des  cas, elle se complique d’un syndrome hémorragique (source : Institut Pasteur) en plus des atteintes multiorganiques. Si le patient peut mettre du temps à guérir, il ne souffre généralement pas de séquelles même si, plus tard, il peut avoir des complications oculaires (uvéite, kératite).

Comment est fait le diagnostic ?

En fait, pour détecter la présence de leptospires (dans le sang ou les urines), il faudrait faire un test de détection d’ADN. Mais ce qui se pratique le plus souvent est un test sanguin pour détecter la présence d’anticorps réalisé en deux temps : si le premier test est positif, un traitement antibiotique pourra être mis en place.
Si le test est négatif, un autre test est réalisé 8 à 21 jours plus tard pour être certain qu’une contamination ne soit pas passée inaperçue (à cause de la latence entre l’infection et la production mesurable d’anticorps dirigés spécifiquement contre les leptospires). (Source : Institut de veille Sanitaire)

Quel traitement pour la leptospirose ?

Pour traiter cette infection bactérienne, le traitement repose avant tout sur l’administration d’antibiotiques (amoxicilline, céphalosporine et cyclines) le plus tôt possible pour soulager les symptômes au plus vite et prévenir d’éventuelles complications. Dans les cas les plus graves, une hospitalisation peut être nécessaire.

En France, la vaccination est proposée aux travailleurs très exposés (égoutiers et éboueurs notamment). De toute manière, le respect des mesures de protection (gants, bottes, lunettes) est indispensable.
A noter que les chiens aussi peuvent être vaccinés.

Quelle est son taux d’incidence en France ?

La leptospirose est présente sur le territoire français y compris en France métropolitaine, selon une publication de 2017 du Bulletin épidémiologiques hebdomadaire (BEH). Les experts s’interrogent sur la possibilité que cette recrudescence de la maladie soit un effet du réchauffement climatique.

« Il y a un an, le Centre national de référence de la leptospirose (Institut Pasteur, Paris) rapportait deux cas de leptospirose parmi les détenus de la prison de Fresnes. Cette information, reprise ultérieurement par la presse nationale et amplifiée par le débat sur les conditions matérielles de détention, a brièvement donné la vedette à « la maladie des rats ». Depuis, la leptospirose est retombée dans l’anonymat médiatique des maladies bactériennes », rappellait Dr Eric Bertherat de l’Organisation mondiale de la santé, dans le communiqué du BEH.  « Les départements et collectivités d’outre-mer, la leptospirose y est donc sans surprise un problème de santé publique significatif : endémicité soutenue, recrudescence saisonnière, voire épidémies consécutives à des évènements climatiques de type cyclones », rappelle le Bulletin.

Mais, en France métropolitaine, l’incidence de la leptospirose au cours des deux dernières années a atteint 1 cas pour 100 000 habitants, le taux le plus élevé depuis 1920, malgré la vaccination des personnes professionnellement exposées, les égoutiers, vétérinaires et autres plongeurs en eau douce. « Faut-il y voir l’effet du “changement climatique”, du développement des activités de loisir ou tout simplement d’une meilleure surveillance épidémiologique ? », s’interroge Dr Eric Bertherat de l’OMS dans un éditorial du BEH.

Sources :

  • Académie de médecine, juillet 2023.
  • Institut Pasteur
  • Institut de Veille Sanitaire

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