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PS Senator Laurence Rossignol during the current affairs session of the government. Paris, 2022/10/26. Photograph by Virginie Haffner / Hans Lucas.
La senatrice PS Laurence Rossignol lors de la seance des questions d actualite au gouvernement. Paris, le 2022/10/26. Photographie de Virginie Haffner / Hans Lucas.
Virginie Haffner / Virginie Haffner / Hans Lucas vi PS Senator Laurence Rossignol during the current affairs session of the government. Paris, 2022/10/26. Photograph by Virginie Haffner / Hans Lucas.
La senatrice PS Laurence Rossignol lors de la seance des questions d actualite au gouvernement. Paris, le 2022/10/26. Photographie de Virginie Haffner / Hans Lucas.

Virginie Haffner / Virginie Haffner / Hans Lucas vi

La senatrice PS Laurence Rossignol lors de la seance des questions d actualite au gouvernement, Paris, le 2022/10/26.

IVG – « Le gouvernement doit agir en urgence. Le droit à l’IVG doit être garanti. » C’est avec ces mots que l’ancienne ministre des Droits des femmes et sénatrice PS Laurence Rossignol s’est adressée le 14 avril au ministre de la Santé François Beaune. Alertée sur le terrain d’une pénurie de misoprostol, une pilule utilisée dans 76 % des interruptions volontaires de grossesse (IVG) en France, elle a adressé un courrier au ministre.

Laurence Rossignol a expliqué au HuffPost pourquoi cette pénurie vient s’ajouter à d’autres entraves au droit à l’IVG en France.

En tant que sénatrice, comment avez-vous été alertée sur cette pénurie de pilules abortives ?

J’ai été alertée par le Planning familial et des associations de terrain sur une pénurie en Île-de-France et dans certaines pharmacies à Lille. J’ai fait mon travail de parlementaire et j’ai interpellé le ministre, car c’est à lui de régler ça. J’ai reçu une réponse rapide, qui fait valoir que « les professionnels de santé qui auraient aujourd’hui des difficultés temporaires à s’approvisionner auprès de leur pharmacie habituelle peuvent orienter les patientes vers les centres IVG les plus proches ». Mais c’est à condition qu’il y en ait un. Car lorsqu’on ferme une maternité, le plus souvent on ferme aussi un centre IVG aussi. Et ça suppose que les centres soient eux durablement approvisionnés.

Pourquoi ces alertes vous inquiètent-elles autant ?

Oui, c’est très sérieux. C’est grave parce que la prévalence de l’IVG médicamenteuse dans les IVG est déjà la conséquence d’une défaillance de l’offre de soins en matière d’IVG instrumentale. Aujourd’hui, deux tiers des IVG (NDLR : 76 %) sont pratiquées sous forme médicamenteuse, car elles peuvent être prescrites par un médecin de ville après une échographie. Les IVG dites instrumentales, qui doivent être pratiquées dans un milieu hospitalier, sont devenues une minorité. Entre les centres saturés, fermés, éloignés, les femmes n’ont pas réellement le choix.

Le libre choix de la technique d’IVG pour les femmes n’est déjà pas respecté, à cause d’une défaillance de l’État et du système de soins actuel. Et là, une seconde défaillance vient s’ajouter à la première ; elle est due à l’industrie pharmaceutique mais aussi à État qui a laissé s’organiser sa perte de souveraineté pharmaceutique. Cette pénurie rajoute une entrave à l’accès à l’IVG et c’est très grave, car on ne peut pas dire à ces femmes d’attendre.

François Braun parle de « tensions » quand des acteurs de terrain évoquent une « pénurie ». Comment interprétez-vous cette différence ?

Ils parlent de « tensions » plutôt que de « pénurie » dans l’approvisionnement et disent que ce sera réglé fin avril… Je suis très perplexe et je trouve le ministre un peu optimiste. Le gouvernement minimise sa responsabilité parce qu’il est défaillant.

Je plaide depuis plusieurs années pour la création d’une Agence nationale qui pilote la santé sexuelle et reproductive. Car ce qu’il y a derrière tout ça, c’est qu’il n’y a pas de pilotage sur l’accès à l’IVG et l’offre de soins.

Faites-vous un lien entre cette pénurie et les politiques anti-IVG aux États-Unis, où sont situés les laboratoires qui produisent ce médicament ?

Il faut rester très prudent et ne pas être parano. Si c’était la seule molécule sur laquelle il y avait une pénurie, on pourrait se poser des questions. Le problème, c’est qu’il manque continuellement des médicaments, pour tout. On manque de Doliprane ! C’est un problème de défaillance de notre souveraineté en matière d’approvisionnement pharmaceutique.

Donc ça nous renvoie à un problème plus global sur lequel des parlementaires travaillent. (NDLR : à l’initiative du groupe communiste du Sénat, une commission d’enquête a été créée.)

Cette pénurie est-elle une raison de plus, pour vous, de militer pour que le droit à l’IVG soit inscrit dans la Constitution ?

Si on n’a pas de médicament, le droit ne changera rien ! Je suis une militante de la première heure de la Constitutionnalisation de l’IVG, mais j’en mesure la réalité des effets concrets… Si vous n’avez plus de médicament en pharmacie, vous pouvez toujours avoir un droit dans la Constitution, ce n’est pas ça qui va vous approvisionner.

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