Spread the love

« Il ne manquait plus que ça ! », s’exclame une habitante du boulevard Tzarewitch. Attablée à la terrasse d’une boulangerie, elle apprend de Raymond, représentant du comité de quartier, qu’une réunion s’est tenu pour « rassurer les locaux sur l’installation d’un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (Caarud), au numéro 6 » de cette rue de Nice.

Ce Caarud, géré par la Fondation de Nice, va passer du 85 boulevard Virgile Barel, à l’est de la ville, à cet endroit, proche du boulevard Gambetta, à deux pas de la cathédrale russe.

Raymond poursuit : « Les gens sont réticents, ils n’ont pas envie de voir dans leur rue des files de personnes. En plus, c’est juste en face d’un jardin. C’est sûr qu’il va être investi lorsque les toxicomanes attendront des soins ou lorsque ce ne sera pas ouvert. » Le Niçois hoche la tête de la gauche vers la droite en soufflant : « Ils méritent d’être détectés, suivis et accompagnés, mais dans un cadre spécifique, plus discret. Pas en centre-ville. »

La ville de Nice contre le déménagement

Même réaction du côté de la mairie. Le 14 septembre, Christian Estrosi déclarait « son opposition » après avoir été interpellé par « les riverains légitimement inquiets par ce déménagement en centre-ville, situé près d’un jardin d’enfants, d’un collège, d’une faculté de droit ». « Souvent marginalisés, les publics accueillis peuvent nuire au voisinage, à la sécurité publique, à la vie du quartier », communiquait-il, en préconisant « une prise en charge en milieu hospitalier ». N’ayant pas de pouvoir sur cette prise en charge qui est une compétence de l’Etat, l’élu demandait alors à l’agence régionale de santé (ARS) de « renoncer à ce projet de déménagement de Caarud ».

Un mois et demi plus tard, à l’emplacement choisi, le nom sur les boîtes aux lettres a été inscrit, avec ce qui semble être un tout nouveau rideau électrique pour la porte d’entrée. Le déménagement étant bien définitif, le premier adjoint au maire, Anthony Borré, a réuni, début octobre, tous les acteurs concernés pour « coordonner la mise en place rapide de propositions » et « envisager des réponses harmonisées ».

« J’ai proposé de travailler en lien avec la CPAM et les prescripteurs afin d’améliorer les parcours de soins des patients toxicomanes, affirme-t-il. Nous allons également améliorer la fréquence des ramassages de seringues en lien avec les professionnels des Caarud afin de minimiser l’impact sur la qualité de vie des riverains. » Il assure par ailleurs que des « points de suivi » sont faits « régulièrement » pour « proposer des solutions les plus adaptées à ces publics fragiles ».

Une ouverture « en automne »

Ce projet va donc « ouvrir sous peu », a appris 20 Minutes d’une source proche du dossier, la Fondation de Nice ne « souhaitant pas communiquer à ce sujet ».

Mais il est tout de même possible de savoir que le projet a été « autorisé et ses travaux d’aménagement financés par l’ARS en 2022 » via le « journal d’information trimestriel » de l’organisme, qui indique une ouverture « en automne ». L’article, rédigé par la directrice générale, explique que ce Caarud sera en réalité une « plateforme en addictologie » pour « rapprocher les actions de ce Caarud et d’un Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) », également géré par la Fondation de Nice. Cette plateforme permettra de « faciliter l’accueil, l’accompagnement et le soin des personnes ayant des conduites addictives en mutualisant des moyens humains et locaux et du matériel ».

Et cette « implantation géographique » est pour l’association, un « atout pour l’intensification des actions d’aller-vers avec des maraudes quotidiennes par des professionnels », mais aussi « pour rencontrer les publics en extérieur, créer et maintenir le lien, distribuer du matériel stérile, prévenir et agir en direction d’éventuelles difficultés liées à l’usage de produits dans l’espace public ». Dans ce courrier adressé aux lecteurs, elle s’engage à « récupérer du matériel souillé et intervenir si besoin sur demande du voisinage ».

En 2012, la ville et les habitants de Nice avaient été responsables de la fermeture en centre-ville de ce Caarud, géré également à l’époque par la Fondation de Nice sous l’association Entractes. A l’échelle du département, seuls deux centres de ce type existent, tous se trouvent à Nice.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *