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Nouvelle alerte sur les médicaments. D’après une publication virale sur Facebook, le célèbre Doliprane aurait un effet secondaire plus qu’étrange. « Il serait responsable d’une chute des hormones sexuelles sulfatées, c’est-à-dire la forme de stockage de tes hormones », explique la vidéo. La chute normalement arriverait à l’âge adulte, mais la prise de ce médicament anticiperait son arrivée. Ce serait, toujours d’après la publication, l’équivalent d’un vieillissement de 35 ans.

La vidéo explique également que la prise du Doliprane chez la femme enceinte pourrait aussi s’avérer dangereuse. « Le Doliprane serait responsable d’anomalies pour le développement génital chez le garçon », alerte la publication. D’où vient cette information et peut-on y croire ? 20 Minutes s’est penché sur le sujet.

FAKE OFF

D’où vient cette théorie ? En 2018, plusieurs chercheurs ont publié dans la revue médicale EBioMedicine une étude prouvant le lien entre l’acétaminophène [le paracétamol] et la santé reproductive. L’étude avait alors été réalisée sur un échantillon de 455 individus et validé par la suite sur plusieurs groupes différents. Selon les résultats de l’étude, il y aurait « un schéma distinctif d’épuisement des hormones sexuelles sulfatées avec l’utilisation d’acétaminophène ». « L’effet de la prise d’acétaminophène sur les hormones sexuelles sulfatées était à peu près équivalent à l’effet de 35 ans de vieillissement », concluent les recherches.

Dans une autre étude publiée dans la revue scientifique Reproduction, des chercheurs de l’Université de Copenhague ont également démontré que les garçons exposés au paracétamol lors de la grossesse pouvaient avoir une baisse du désir sexuel plusieurs années plus tard. Effectuée sur des souris enceintes, l’étude avait alors montré que l’exposition à la molécule avait une incidence sur l’éjaculation à l’âge adulte.

Un risque chez les athlètes

Quelques années plus tôt, en 2013 plus exactement, des recherches similaires avaient été publiées par des chercheurs de l’Inserm en France. Ils démontraient que certains antalgiques – comme le paracétamol – pouvaient avoir le même qu’un perturbateur endocrinien, notamment chez les grands consommateurs de ces médicaments.

« Certains athlètes de haut niveau en usent et en abusent, notamment à des fins préventives. Outre les risques potentiels sur la fertilité ou sur la santé en général, ces produits qui provoquent une baisse de production de testostérone pourraient donc être contre-productifs en matière de performances », concluait à l’époque Bernard Jégou, le directeur de l’Institut de recherche, santé, environnement et travail (IRSET).

Des études pas assez concluantes

Plusieurs signaux ont donc été remontés auprès de l’Agence européenne de médicament (EMA). Par la suite, le Comité d’évaluation du risque de pharmacovigilance (PRAC) a publié des recommandations au mois d’avril 2019. « Utilisation du paracétamol pendant la grossesse et l’enfant développement neurologique et effets sur l’appareil urogénital », avance un des chapitres qui s’appuie sur les données non cliniques et épidémiologiques des études. « Le PRAC a conclu que les études ne sont pas concluantes, mais, le résumé du produit caractéristique (RCP) des médicaments contenant du paracétamol doivent être modifiées afin de refléter l’état actuel des connaissances scientifique », nuance l’Autorité dans son rapport.

Quant aux données concernant les femmes enceintes, l’EMA n’a relevé « aucune toxicité mal formative, ni fœto/néonatale » et il en est de même sur la question du développement neurologique chez des enfants exposés au paracétamol in utero montrent. « Si cliniquement nécessaire, le paracétamol peut être utilisé pendant la grossesse, mais il doit être utilisé à la dose efficace la plus faible pendant la durée la plus courte possible et à la dose la plus faible possible fréquence », rappelle toutefois l’organisation européenne.

Des effets secondaires toujours présents

Une recommandation que rejoint Pierre-Olivier Variot, le président de l’UPSO (Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine). Interrogé par 20 Minutes, il explique : « De toute façon, tout médicament expose à des effets secondaires et à des risques. Ce qu’on le cherche, c’est le rapport bénéfice/risque le plus élevé possible, c’est-à-dire celui qui aurait le plus de bénéfices et le moins de risques possibles ».

Pour rappel, le paracétamol est un des seuls antalgiques à disposition des femmes enceintes, contrairement aux anti-inflammatoires comme l’ibuprofène ou l’aspirine, dont l’effet toxique pour le fœtus a déjà été démontré scientifiquement. « C’est une contre-indication absolue », martèle Pierre-Olivier Variot.

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