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« Je ne pouvais plus profiter de ma terrasse ! C’était un véritable enfer et ils piquent à toute heure, même en pleine journée et à répétition », se désespère du fond de son beau et verdoyant jardin le strasbourgeois Jeff Benignus. « Ils », ce sont les redoutables moustiques tigres qui l’été dernier déjà, ont pourri la vie des habitants de Strasbourg, comme dans le quartier de Koenigshoffen où Jeff Benignus demeure. Aussi, bien décidé à ne pas se laisser faire et à prendre les choses en main, des habitants ont formé le premier collectif citoyen de la ville pour lutter contre les moustiques tigres, baptisé les Empereurs, inspiré du nom des rues du quartier.

Ses membres le savent très bien : c’est maintenant qu’il faut agir. Les larves qui se développent actuellement, début mai, seront les moustiques de demain, ceux qui vont leur faire passer un été d’enfer. Alors, la moindre trace d’eau stagnante, très recherchée par ce moustique redoutable, surtout lorsqu’elle est à l’ombre, doit être éliminée.

« Des enfants piqués de partout aux jambes », « l’impossibilité de prendre l’apéro sur sa terrasse », « l’obligation de rester calfeutré à intérieur »… Les témoignages se multiplient. L’inconfort va bien au-delà du simple Bzzzzz et des petites piqûres des moustiques que nous connaissions jusqu’alors. Le tigre est en effet vecteur de maladies. Sa prolifération représente même « un risque pour la santé publique, car il peut transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya ou le virus Zika », a tenu à souligner mardi lors d’un point presse, le docteur et élu Alexandre Feltz, adjoint à la Ville en charge de la santé publique.

« Un moustique très urbain »

Et le collectif citoyen n’est pas le seul à se mobiliser… Car le constat est sans appel : apparu il y a une dizaine d’années en France en provenance de la région PACA, ce fléau touche à présent toute la France. Et fortement depuis l’année dernière sur l’ensemble des 33 communes de l’Eurométropole, a souligné Françoise Schaetzel, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de la santé environnementale. 

Une remontée vers le nord de la France du moustique à rayures noires et blanches, que « l’on doit au réchauffement climatique » et aux températures plus clémentes que connaît le département, assure Françoise Schaetzel. « Un moustique très urbain qui adore les centres-villes », ajoute l’élue. « Maintenant qu’il est là, on ne peut plus l’éliminer, mais nous pouvons limiter sa progression, surveiller son évolution, en faisant de la prévention, en sensibilisant aux bons gestes les habitants mais aussi tous les agents des services techniques pour limiter les conditions favorables à leur prolifération ».

La saison de la chasse aux moustiques tigres est donc ouverte. Une lutte « intégrée », collective, menée à la fois par l’Eurométropole de Strasbourg, la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), l’ARS Grand-Est et leur bras armé sur le terrain, le Syndicat de lutte contre le moustique 67 (SLM67). Avec dans le viseur, dans un premier temps, du traitement des avaloirs d’eau, (comprendre les capteurs d’eau des rues vers les égouts), mais aussi la sensibilisation des Alsaciens. Une région où les habitants, constatent les collectivités mais aussi le collectif Empereur, ne sont pas toujours au courant des bons gestes à avoir.

À Koenigshoffen, territoire qui va servir de secteur expérimental pour évaluer l’efficacité de la prévention et de sensibilisation des habitants et des agents des services techniques de la ville, le collectif a prévu, dans les prochains jours, d’aller à la rencontre de tous ses voisins. Objectif, les sensibiliser, détecter et éradiquer les endroits où la ponte des moustiques est favorisée : comme les coupelles d’eau sous les pots de fleurs, les jouets qui traînent dans les jardins, les endroits où l’eau stagne, comme « les récupérateurs d’eau privés sur lesquels il est conseillé d’apposer une moustiquaire », conseille le SLM67. Ou bien encore les « plots sous les terrasses. Tous les endroits où l’eau peut stagner ». Une lutte « collective, intégrée, si l’on veut que cela soit efficace », rappellent les différentes collectivités. Le prix à payer maintenant pour passer un été tranquille et sans « se faire manger » sur sa terrasse.

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