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Une des deux molécules indispensables à une IVG médicamenteuse

C’est un médicament clé de l’interruption médicale de grossesse (IVG), puisque 76 % du total des IVG sont médicamenteuses, selon les derniers chiffres de la Dress, direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques. Pourtant, il est de plus en plus difficile à obtenir, au point que la France se retrouve confrontée à des pénuries, selon l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds).

Le misoprostol est le composé actif de la pilule abortive, qui provoque l’expulsion de l’embryon, et qui doit être prise 36 à 48 heures après la prise d’une première pilule qui interrompt la grossesse. Hélas, depuis plusieurs semaines maintenant, les professionnels de santé peinent à se procurer le misoprostol, ce qui complique grandement la prise en charge des femmes souhaitant réaliser une IVG.

Des acteurs de terrain qui alertent depuis plusieurs semaines

Dans un communiqué (Source 1), l’Observatoire dénonce une situation connue et signalée depuis des mois, sans que la situation n’évolue favorablement. “Une fois encore, les alertes des acteurs de terrain, associations luttant pour le droit à l’IVG, médecins libéraux et sages-femmes ont été ignorées, au risque de laisser des personnes dans des situations dramatiques, et subir des pénuries qui n’étaient même plus signalées sur le site de l’ANSM”, déplore l’OTMeds. Ce dernier estime qu’il “devient particulièrement alarmant qu’en France, les ruptures et pénuries soient constatées sur le terrain avant même les agences et le gouvernement”. Car l’alerte initiale a été donnée par les professionnels et antennes départementales du Planning familial, selon les précisions de Jérôme Martin, cofondateur de l’OTMeds.

De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) évoque unetension d’approvisionnement pour une des trois formes pharmaceutiques contenant du misoprostol, et d’une “remise à disposition” pour les deux autres, initialement prévue à partir du vendredi 23 septembre 2022. En date du 13 avril 2023, l’agence a effectué une modification sur son site indiquant la date “prévue de remise à disposition” au 30 avril prochain. Mais pour l’OTMeds, ces informations sont la preuve de l’attentisme et de l’amateurisme de l’État : “Qu’est-ce qui a été fait par les gouvernements depuis 2020 ? Comment expliquer le silence, l’attentisme et l’amateurisme de l’actuel ministre de la santé François Braun ?”.

Un monopole pharmaceutique vivement dénoncé

Les médicaments à base de misoprostol sont sous brevet, et tous fabriqués par le laboratoire Nordic Pharma, qui en a donc l’exclusivité. La production de ces médicaments est concentrée sur un seul site, ce qui expose à des risques. “S’il y a un souci industriel, une impureté sur l’un des sites, pas ou peu d’usines peuvent prendre le relais. La production est donc ralentie pendant des semaines, voire des mois”, explique ainsi Jérôme Martin, cofondateur de l’OTMeds. C’est d’ailleurs ce qui est évoqué dans une lettre d’information du laboratoire en date du 22/09/2022 à l’attention des professionnels de santé : “Une impureté inconnue a été identifiée sur un lot lors des études de stabilité de routine à 12 mois”, laquelle avait, par mesure de précaution, entraîné le rappel de deux lots.

Pour l’Observatoire, il y a donc “urgence à penser un autre système, qui sorte la fabrication des médicaments de la propriété intellectuelle et d’une production monopolistique”, lesquels “rentrent parmi les facteurs des pénuries”. Relocaliser la production de ces médicaments, et la rendre en partie publique permettrait également de “mieux faire face à la pression des lobbies anti-IVG”, estime encore l’OTMeds, qui appelle à une réponse immédiate du gouvernement pour garantir le droit à l’avortement, qu’il estime menacé par ces pénuries.

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