Infection urinaire chez l’homme : causes, symptômes, traitement

Avec le Pr Xavier Gamé, urologue au CHU de Toulouse
Une infection urinaire est une infection bactérienne de l’appareil urinaire : l’urètre, la vessie, les uretères sont touchés, tout comme la prostate et les reins. Si la prostate est mise en cause, on parle de prostatite. Mal soignée, une prostatite peut devenir chronique et être particulièrement gênante au quotidien. Si l’infection atteint le rein, elle entraîne une pyélonéphrite.
Pour toutes ces pathologies, « on emploie souvent le terme générique d’infection urinaire masculine », explique le Pr Xavier Gamé, urologue au CHU de Toulouse.
Brûlures, douleurs en urinant, fièvre… Quels sont les symptômes d’une infection urinaire chez un homme ?
Les signes d’une infection urinaire, bien que variables, sont faciles à identifier : un besoin fréquent et urgent d’uriner pour de toutes petites quantités, des fuites, des brûlures mictionnelles. Parfois, on peut observer la présence de sang dans les urines. « Une particularité aussi chez l’homme, c’est une difficulté voire une impossibilité d’uriner malgré l’envie, empêchant une vidange complète de la vessie », détaille le médecin.
Quand l’infection atteint la prostate ou touche les reins, des douleurs dans le bas-ventre ou/et des douleurs lombaires (dans le bas du dos) sont aussi significatives. Dans ces cas-là, l’infection s’accompagne souvent de fièvre, de frissons, d’une grosse fatigue.
Tous ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère, et le patient doit consulter son médecin dans les plus brefs délais pour éviter tout risque de complications.
Infection urinaire : est-ce contagieux ?
Due à l’âge ou à nos propres bactéries, l’infection urinaire en tant que telle n’est pas contagieuse.
En revanche, elle peut être confondue avec une urétrite. Touchant l’urètre, c’est une infection sexuellement transmissible (IST). Dans ce cas, elle peut favoriser la transmission d’autres IST (comme une infection à Chlamydiae ou une gonorrhée). Si les symptômes peuvent être ressemblants, la prise en charge est différente.
Dans tous les cas, toute gêne urinaire doit amener à consulter. Si après discussion, votre médecin suspecte une IST, vous devrez vous faire dépister, ainsi que vos partenaires, même s’ils sont asymptomatiques.
Quelles sont les causes d’une infection urinaire ?
Chez les hommes de plus de 50 ans, les infections urinaires sont la plupart du temps des prostatites. Souvent, avec l’âge, la prostate à tendance à grossir : en cas d’hypertrophie prostatique, celle-ci peut passer de la taille d’un petit abricot à celle d’une boule de pétanque ! En augmentant, la prostate peut comprimer l’urètre et gêner l’émission des urines. Celles-ci ne s’écoulent plus normalement, stagnent dans la vessie, ce qui favorise le développement des bactéries, donc de l’infection.
Cependant, « les causes peuvent être multiples : cela peut être aussi dû à une sténose de l’urètre, un corps étranger dans la vessie, un calcul, une tumeur entraînant des troubles urinaires. Or, l’urine qui stagne dans la vessie favorise la multiplication des germes », ajoute le Pr Gamé.
Une infection aux multiples origines
Sinon, une infection urinaire peut être le résultat d’une colonisation de la vessie par des bactéries naturellement présentes dans le tube digestif puis dans les selles. Bien que les germes en cause soient divers (Proteus mirabilis, Klebsiella…), la bactérie Escherichia coli (e-coli) est la plupart du temps responsable. Lors d’un passage aux toilettes, la bactérie provenant de l’intestin peut entrer en contact avec le méat urinaire et remonter jusqu’à la vessie. Toutefois, parce que l’urètre masculin est éloigné de l’anus, les infections urinaires dues à cette bactérie sont moins courantes chez l’homme que chez la femme.
Chez les hommes jeunes, les infections urinaires sont encore plus rares, et fréquemment confondues avec une IST (infection sexuellement transmissible) déclenchant une urétrite (plus vulgairement nommée “chaude-pisse”) : l’urètre (le canal urinaire), colonisé par des micro-organismes (souvent gonorrhées ou chlamydiae), est alors infecté. Ce qui distingue une urétrite d’une infection urinaire plus classique, c’est qu’un écoulement peut sortir de l’urètre (écoulement urétral). Il peut être épais et jaunâtre en cas de gonorrhée, ou plus clair s’il s’agit d’une chlamydiae.
Chez les enfants, l’infection urinaire peut être liée soit à des malformations, une anomalie anatomique, soit à une couche sale gardée trop longtemps.
Quoi qu’il en soit, ces infections ne sont pas à prendre à la légère car « elles peuvent être graves : un choc septique est possible », prévient le médecin. Au moindre doute ou sensation de gêne, il faut consulter.
Comment soigner rapidement une infection urinaire chez un homme ? Quel traitement, quel antibiotique ?
Il est conseillé de consulter rapidement son médecin dès l’apparition des premiers symptômes. Il en est d’ailleurs de même si une fois traités, vos symptômes réapparaissent.
Lors de la consultation, le médecin réalisera un examen, et éventuellement un toucher rectal afin d’examiner la prostate. Il vous demandera aussi une analyse d’urine (ou ECBU). Ces tests sont nécessaires pour identifier la bactérie à l’origine de l’infection et adapter le traitement en conséquence.
Si vous avez plus de 50 ans, d’autres examens (comme une prise de sang, une IRM ou une échographie des voies urinaires) pourront vous être demandés afin de s’assurer de la bonne santé de votre prostate.
En fonction du résultat, le médecin vous prescrira des antibiotiques. Si votre infection s’avère être une IST, le traitement durera au moins une semaine. Il faudra alors s’abstenir de tout rapport sexuel pendant toute la durée du traitement.
En cas de prostatite et sous médicament, une infection urinaire s’améliore souvent en quelques jours. Le traitement peut être assez long : entre 2 ou 3 semaines. Prenez bien vos antibiotiques et soyez rigoureux, car mal soignée, « une prostatite peut devenir chronique et beaucoup plus difficile à soigner. Dans ces cas-là, il faut aller voir un urologue », assure le Pr Xavier Gamé.
Toutefois, si les symptômes dont vous souffrez sont sévères (comme une forte fièvre) et laissent penser que vous souffrez d’une prostatite aiguë, celle-ci devra être prise en charge plus rapidement. Dans ces cas-là, le médecin n’attend pas le résultat de l’ECBU. « Mieux vaut traiter en amont et adapter ensuite le traitement antibiotique », assure le Pr Xavier Gamé. Si l’infection s’avère trop grave, il peut demander une hospitalisation de quelques jours. Surtout si vous êtes immunodéprimé, souffrez beaucoup, avez de la fièvre, vomissez ou s’il vous est impossible d’uriner.
En plus des médicaments, comment soulager ses symptômes ?
En plus des antalgiques que votre médecin vous prescrira certainement pour calmer la douleur et en parallèle de votre traitement, il est possible de soulager les symptômes les plus gênants :
- Boire beaucoup d’eau (au moins 1,5 litre par jour) afin de favoriser l’élimination des bactéries
- Utiliser une bouillotte à poser sur le ventre pour apaiser les douleurs
- La canneberge (ou cranberries) est connue pour stimuler le système immunitaire et prévenir les infections urinaires
- Éviter les rapports sexuels pendant un moment
- Ne pas se retenir d’aller uriner
Ces conseils ne peuvent pas vous guérir, mais ont pour seul but de soulager vos symptômes en attendant que le traitement prescrit par votre médecin fasse effet.