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La glande thyroïde est une glande située au niveau du cou qui a le pouvoir de chambouler l’organisme quand elle se met à dysfonctionner. « Elle sécrète 24 heures/24 des hormones destinées à freiner ou à accélérer le métabolisme, c’est-à-dire l’énergie de quasi chacune de nos cellules », explique le Dr Pierre Nys, endocrinologue et nutritionniste.

Lorsque son activité est faible, tout tourne au ralenti, avec pour conséquences, variables selon les personnes : fatigue, déprime, frilosité, constipation… Une prise de poids est aussi fréquemment mise en avant par les patient.e.s ». Lorsque la glande thyroïde est dans l’incapacité de produire suffisamment d’hormones thyroïdiennes, la personne est alors atteinte d’hypothyroïdie

Thyroïde et prise de poids : est-ce que l’hyperthyroïdie fait grossir ?

Parmi les fonctions des hormones thyroïdiennes, il y a la régulation des dépenses énergétiques et du métabolisme des lipides, glucides et protéines. « Lorsque la thyroïde ne sécrète plus suffisamment d’hormones, tout tourne au ralenti, à commencer par le métabolisme de base, c’est-à-dire l’énergie dépensée au repos », explique le Dr Nys. « S’il brûle moins alors que l’apport calorique reste constant, la balance énergétique penche du mauvais côté, et on stocke ».

La prise de poids, un symptôme de l’hypothyroïdie

Le fonctionnement de la glande thyroïde est étroitement lié à notre hygiène de vie. Lorsqu’une personne est atteinte d’hypothyroïdie, elle est sujette à une prise de poids notamment à cause de la fatigue qu’implique ce dérèglement. « Une hypothyroïdie induit souvent une fatigue qui pousse les patients à réduire leur activité physique. Or, c’est la seule variable sur laquelle on peut agir ». Résultat : si les dépenses baissent sans qu’aucun ajustement alimentaire ne soit mis en place, on grossit !

À cela s’ajoute une rétention d’eau marquée. Ce surpoids est cependant à relativiser selon l’endocrinologue : « la prise de poids n’est pas trop importante, en général autour de 4-5 kg. Si c’est davantage, ce n’est pas certain que la thyroïde en soit la responsable, et l’hygiène de vie doit être révisée ! ». Une chose est sûre : que les kilos soient imputables ou non à un dysfonctionnement thyroïdien, celui-ci freine leur élimination.

Thyroïde et perte de poids : est-ce que le traitement de l’hypothyroïdie fait maigrir ?

« Même de plus en plus fiables, les traitements ne permettent pas toujours d’assurer un mieux-être stable au jour le jour », constate le Dr Nys. « Aucune médication ne peut rivaliser avec la finesse des sécrétions hormonales endogènes ». Par ailleurs, certaines personnes ne répondent pas correctement aux traitements.

« En cas d’hypothyroïdie, on administre souvent de la T4 », indique Véronique Liesse. Or, ce n’est pas l’hormone active : elle doit être convertie en T3, la véritable forme active des hormones thyroïdiennes. On observe parfois des anomalies de transformation de T4 en T3, notamment liées à des déficits micronutritionnels ».

Pas de traitement en cas de TSH élevée mais de T3 et T4 normales

Enfin, toutes les personnes ne sont pas traitées, comme lorsque l’hypothyroïdie est peu marquée (TSH élevée mais T3 et T4 normales). Là, l’hygiène de vie doit prendre le relais ! D’où l’importance de pratiquer une activité physique et de surveiller son alimentation. Pour juguler la prise de poids quand le métabolisme devient plus lent, il faut manger mieux et brûler plus.

Pas de traitement en cas d’hypothyroïdie fruste

L’hypothyroïdie fruste est un léger dysfonctionnement de la thyroïde (bilan hormonal dans les normes ou presque, symptômes peu spécifiques et atypiques…) qui ne nécessite pas, la plupart du temps, de prise en charge médicamenteuse. « Mais il faut rester vigilant », insiste Véronique Liesse. « Car ce léger dysfonctionnement peut, à la longue, faire s’accumuler les kilos en trop ! Mieux vaut ajuster ses apports alimentaires et surveiller la balance ».

Les kilos de l’hypothyroïdie et ceux de la ménopause : comment les différencier ?

Il est souvent difficile de différencier les kilos pris à cause de l’hypothyroïdie et ceux pris lors de la ménopause. Il est d’autant plus compliqué de les discerner car les deux phénomènes sont liés par le jeu des sécrétions hormonales. Il est important de veiller à ce que l’une ne masque pas l’autre car beaucoup de symptômes sont communs (prise de poids, fatigue…). En période de périménopause, mieux vaut être attentive et consulter afin de procéder à un bilan sanguin. « Durant cette période, il est encore plus important de faire de l’exercice physique et de soigner le contenu de son assiette afin de favoriser le bon fonctionnement de la thyroïde et de ne pas prendre de poids », recommande le Dr Nys.

Hypothyroïdie : quelle alimentation adopter pour équilibrer sa thyroïde ?

Les kilos superflus lorsqu’on est atteint.e d’hypothyroïdie ne sont pas une fatalité. Parmi les solutions pour réguler son poids, il y a évidemment les traitements médicamenteux – particulièrement efficaces lorsque le dosage adéquat est trouvé. Mais l’alimentation joue aussi un rôle essentiel. « Une production optimale en hormones thyroïdiennes dépend directement de nos apports nutritionnels », souligne Véronique Liesse, diététicienne-nutritionniste. « Le contenu de l’assiette est primordial pour augmenter le métabolisme, déstocker et retrouver l’équilibre pondéral ».

« La production des hormones thyroïdiennes dépend directement des apports nutritionnels », insiste Véronique Liesse. « Une hypothyroïdie ou une mauvaise réponse aux traitements peuvent être favorisées par certaines carences ». Voici les principaux nutriments qui permettent de réguler la thyroïde.

Les effets positifs de certains nutriments sur la thyroïde

  • L’iode : elle est le composant majeur des hormones thyroïdiennes. Or, les déficits sont très présents dans la population générale : près de 8,5 % des hommes et 20 % des femmes. On retrouve l’iode dans certains aliments de la vie quotidienne comme dans le jaune d’œuf ou le fromage, les meilleures sources sont les produits de la mer. « Il faut en consommer 3 à 4 fois par semaine », indique Véronique Liesse. « Et ajouter un peu d’algues en paillettes ». Incontournable aussi : le sel enrichi en iode qui en renferme 1 000 fois plus que le sel classique ;
  • La tyrosine : cet acide aminé entre dans la composition des hormones thyroïdiennes. « Les protéines animales (contenues dans les aliments comme la viande, le poisson, les œufs et les produits laitiers) en sont de très bonnes sources, mais on en trouve aussi dans d’autres aliments comme dans les graines, les oléagineux et les légumineuses » ;
  • Le zinc : cet oligoélément intervient dans la synthèse des hormones thyroïdiennes et stimule l’activité de la T3, hormone thyroïdienne active. On la trouve dans un certain nombre d’aliments comme les poissons et fruits de mer (huîtres, crabe…), les viandes… ;
  • Le sélénium : la thyroïde en est très riche, et il est indispensable à la transformation de T4 en T3. Là aussi, les meilleures sources se trouvent dans les aliments tels que les poissons et fruits de mer, puis les viandes, abats et œufs, et enfin les céréales et graines ;
  • Le fer : « un déficit pourrait diminuer l’efficacité des enzymes impliquées dans la production et la conversion des hormones thyroïdiennes, détaille la nutritionniste. Il faut donc veiller à s’assurer un bon statut en consommant de temps en temps du boudin, de la viande rouge, des moules » ;
  • La vitamine D : « elles contribuent entre autres à un bon fonctionnement de l’immunité et permettent à l’hormone T3 d’agir en pénétrant dans le noyau des cellules ». Une fois encore, les bonnes sources sont des aliments comme les poissons gras (surtout le foie de morue), suivis des produits laitiers entiers.

Les aliments à manger raisonnablement

  • Les choux, surtout crus, contiennent des substances inhibant l’absorption ou l’action de l’iode ;
  • Le soja, il interfère avec la synthèse des hormones thyroïdiennes à de nombreux niveaux ;
  • Les épinards, leur acide lipoïque pourrait perturber la thyroïde et les traitements thyroïdiens.

Comment perdre du poids quand on a une hypothyroïdie ?

Afin de réguler son poids lorsqu’on souffre d’une hypothyroïdie, il est important de privilégier les aliments qui boostent le métabolisme et favorisent une bonne satiété. Et on limite ceux qui augmentent les apports énergétiques et favorisent le stockage.

Augmenter les apports en viande, poisson, œufs

Pour favoriser une perte de poids, il est important de consommer davantage d’aliments comme la viande, le poisson et les œufs afin de s’assurer des apports suffisants en tyrosine bien sûr, mais aussi parce qu’ils rassasient, entretiennent la masse musculaire et boostent le métabolisme de base. « Il en faut une petite portion à chaque repas, y compris au petit-déjeuner », indique Véronique Liesse. « Et on complète les apports avec 2 produits laitiers naturels et des protéines végétales (légumineuses, oléagineux) ».

Rationner et sélectionner les féculents

« Réduire les apports en glucides permet de diminuer l’apport énergétique sans risque de carence, et ainsi favorise le déstockage », continue la nutritionniste. On en consomme à chaque repas, mais en quantités contrôlées (100 à 150 g poids cuit maximum ou 50 g de pain). « Il est surtout indispensable de choisir ceux dotés d’index glycémiques bas à modérés (céréales complètes, légumineuses…) », insiste le Dr Nys. « Ainsi, on limite le stockage et on s’assure une satiété durable ».

Consommer des légumes à chaque repas

Les légumes sont des aliments pauvres en calories mais volumineux et riches en fibres, ils sont la clé pour être durablement rassasié à moindres frais. « Ils sont par ailleurs indispensables à la bonne santé du microbiote, essentiel à l’équilibre pondéral et hormonal », souligne Véronique Liesse. Crus ou cuit, à satiété, la moitié de l’assiette, et le double des féculents. Nutritionnellement intéressants mais plus sucrés, les fruits doivent être consommés avec modération et entiers de préférence : 2 par jour.

Petit-déjeuner à l’anglaise

De nombreuses études indiquent l’importance du premier repas de la journée dans la régulation du poids. « Un repas protéiné est l’idéal pour être rassasié et augmenter le métabolisme, souligne la nutritionniste. On ajoute donc à sa base de flocons d’avoine ou de pain riche en graines, œuf, jambon, oléagineux, houmous, produits laitiers nature… ».

Miser sur les super aliments « brûleurs »

Les super aliments « brûleurs » sont ceux capables d’élever nos taux de sirtuines, des acides aminés naturellement présents dans le corps et qui élèvent le métabolisme de base : oignon, persil, chocolat noir à fort pourcentage de cacao, noisettes, roquette, pomme, chicorée rouge, myrtilles, sarrasin, thé vert matcha, huile d’olive, curcuma, câpres, café… », détaille l’experte.

Choisir des matières grasses de qualité

Les graisses sont nécessaires à une bonne satiété. De plus, certaines (oméga-3 notamment) ne sont pas stockées car directement utilisées par nos cellules. On consomme 1 c. à s. d’huile par repas (en alternant colza ou noix et olive) et on prévoit 2 portions de poisson gras par semaine (maquereau, anchois, sardine…). On modère certains aliments comme le beurre et la crème et on dégraisse les viandes.

Programmer une collation

« Faire une pause dans l’après-midi permet une meilleure répartition des apports énergétiques sur la journée, estime Véronique Liesse. Cela permet notamment de délester le dîner, ce qui est intéressant pour perdre du poids ».

Pour aller plus loin, lire Mes programmes Hashimoto en 15 jours, Pierre Nys, éd. Leduc S, 18 € et Ma bible pour perdre du poids sans régime, V. Liesse, éd. Leduc S, 25,90 €.

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