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Pathologie généralement bénigne, la hernie inguinale est une grosseur sous la peau qui ne nécessite pas forcément d’être opérée, mais doit être surveillée. Le point avec le Dr Alain Valverde, chirurgien viscéral

SOMMAIRE :

Définition : qu’est-ce qu’une hernie inguinale ?

La hernie inguinale est une grosseur située au niveau de l’aine, là où passe le canal inguinal. “Ce canal comporte deux orifices : l’orifice inguinal profond, qui correspond avec la cavité abdominale, et l’orifice inguinal superficiel, qui débouche chez l’homme sur les bourses testiculaires, et chez la femme sur la grande lèvre, indique le Dr Alain Valverde, chef de service de chirurgie digestive du groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon à Paris. Lorsque ces deux orifices sont alignés, un interstice peut se créer, laissant passer le sac péritonéal. Le trou peut alors s’agrandir, laissant passer une petite partie du contenu de l’abdomen : du côté droit, une partie de l’intestin grêle, du côté gauche, une partie de l’intestin grêle ou du côlon généralement“.

La hernie inguinale peut survenir à tout âge : chez le bébé, l’adulte jeune comme le moins jeune et est plus fréquente chez l’homme. La hernie arrive lorsqu’un organe sort de la cavité dans lequel il se trouve. Dans le cas de la hernie inguinale, il s’agit d’un tissu mou – le plus souvent une partie de l’intestin – qui s’extrait de la paroi abdominale. En fait, il existe des zones plus “faibles” dans cette paroi, qui sont traversées par des artères et veines. C’est là que se développe la hernie. La partie de l’intestin qui s'”échappe” forme un renflement, sorte de petit sac, qui peut être douloureux.

On ne connaît pas vraiment ses causes, mais les facteurs favorisants sont bien identifiés : une bronchite chronique entraînant une toux, un adénome de la prostate obligeant l’homme à pousser lors de la miction, une hernie sentinelle côlon générant une constipation et des efforts de poussée, etc. En somme, tout ce qui crée une pression au niveau abdominal.

Hernie inguinale : quand peut-elle se produire ?

La hernie inguinale touche en général plus les hommes que les femmes. Elle peut se produire en cas :

  • d’augmentation de la pression dans l’abdomen ;
  • d’effort pendant les selles (dans le cas de constipation chronique, par exemple) ;
  • de toux chronique ;
  • de surpoids ;
  • d’activités nécessitant de lever de lourdes charges ;
  • de grossesse.

Mais la plupart du temps, elle est liée à une faiblesse dans la paroi abdominale, parfois présente dès la naissance chez ceux qui en souffrent. Elle se développe aussi particulièrement lorsque les muscles s’affaiblissent, en raison du vieillissement, d’activités physiques intenses ou de toux liée au tabagisme.

Elle concernerait par ailleurs entre 2 à 5 % des enfants, essentiellement des garçons. Il arrive que leur canal péritonéo-vaginal reste ouvert au lieu de se refermer avant la naissance, laissant l’opportunité à une portion de l’intestin de s’introduire dans la brèche. La hernie est donc présente dès la naissance, et devra être opérée.

Quels sont les symptômes d’une hernie inguinale ?

On peut sentir une petite boule le matin, sous la douche, alors que l’on est détendu, ou bien lorsque l’on tousse ou lors de tout effort de poussée. Au fil du temps, cette grosseur peut devenir permanente et provoquer une gêne, voire une douleur“, détaille le Dr Valverde. Il est alors conseillé de consulter. L’examen se fait debout. Le médecin demandera au patient de tousser. “Certes gênante, la hernie inguinale est généralement bénigne, mais elle comporte une complication grave : l’étranglement. Le petit sac est coincé à l’extérieur avec pour risque d’entraîner une occlusion.”

Dans la majorité des cas, le renflement est ressenti par le patient dans la paroi abdominale. Il existe également d’autres signes d’une hernie inguinale :

  • Une grosseur de chaque côté de l’os du pubis ;
  • Une sensation de brûlure ou de douleur au niveau de ce renflement ;
  • Une sensation de gêne, de douleur, de lourdeur dans l’aine, notamment en position penchée, pendant la toux ou lorsque des poids sont portés ;
  • Une sensation de pression ou de faiblesse au niveau de l’aine ;
  • Une sensation de tiraillement dans le bas-ventre, accompagnée de troubles digestifs ;
  • Chez l’homme, une douleur et une enflure du scrotum autour des testicules – la hernie est alors descendue dans le scrotum.

Si la personne atteinte n’est pas capable de pousser le renflement à l’intérieur du corps, il s’agit d’un cas d’urgence nécessitant de se rendre à l’hôpital sans tarder. La hernie inguinale est alors prise au piège dans la paroi abdominale. Cette condition peut être accompagnée de nausées, de vomissements, de fièvre, d’une accélération du rythme cardiaque et de douleurs soudaines s’intensifiant rapidement.

Comment se diagnostique une hernie inguinale ?

 

Un examen physique est nécessaire pour diagnostiquer la pathologie. Certaines hernies ne provoquent pas de symptômes, et sont découvertes par hasard lors d’examens de routine. Le médecin vérifiera la présence ou non d’une bosse dans la région de l’aine, en demandant au patient de se mettre debout et de tousser.

Le diagnostic est très simple. “L’examen clinique suffit, tout examen complémentaire (échographie, scanner) est inutile. En plus d’être coûteux, cela induit le patient en erreur, car l’imagerie peut décrire des lésions herniaires sans traduction clinique. C’est l’examen clinique dynamique et le ressenti du patient qui doivent nous guider sur le diagnostic et la nécessité ou non d’une intervention chirurgicale. Mais il faut consulter un spécialiste pour réaliser cet examen spécifique“, insiste le Dr Alain Valverde.

Hernie inguinale : quels sont les risques ?

La hernie inguinale n’est pas particulièrement dangereuse. En revanche, si elle ne disparaît pas d’elle-même, elle peut être à l’origine de complications :

  • L’augmentation de la taille de la hernie peut faire pression sur les tissus environnements ;
  • Une boucle de l’intestin peut se retrouver piégée dans le “point faible” de la paroi abdominale, entraînant des douleurs sévères et une gêne pour l’intestin. La hernie est alors “coincée” ;
  • Lorsque la hernie est “coincée”, le flux sanguin de cette partie de l’intestin bloquée peut être diminué. La hernie est alors “étranglée”, ce qui peut même conduire à la mort des tissus intestinaux touchés. Cette condition, appelée strangulation, nécessite une intervention chirurgicale immédiate.

Hernie inguinale : faut-il absolument opérer ?

Une petite hernie inguinale ne provoquant aucune gêne ne nécessite aucune d’intervention, une simple surveillance suffit. Une ceinture de contention peut être proposée, pour maintenir le sac herniaire en zone abdominale. Néanmoins une hernie qui grandit implique une chirurgie, pour prévenir d’éventuelles complications et soulager la douleur. Il existe deux types d’opérations : la herniorraphie et la laparoscopie. Quelle que soit la technique, le taux de récidive est inférieur à 2%. Environ 200 000 adultes sont opérés chaque année.

C’est au cas par cas, en fonction de la gêne occasionnée et de l’état de santé du patient, indique le Dr Valverde. Chez une personne âgée qui ne bouge pas beaucoup, on aura tendance à ne pas opérer, tandis que chez le sujet jeune, actif, une intervention est indiquée, notamment pour éviter le risque d’étranglement”.

En quoi consiste la chirurgie ?L’intervention peut se faire en ouvrant au niveau de l’aine (sous anesthésie locorégionale ou générale) ou par cœlioscopie (anesthésie générale). Cette technique, moins agressive au niveau des muscles et des petits nerfs de la région inguinale, permet un rétablissement plus rapide. Dans les deux cas, après avoir rentré la hernie, une prothèse sous forme de treillis plastique sera fixée à la paroi. Cela limite le risque de récidive, qui est alors de 1 à 2 % seulement, contre 10 à 15 % avec la technique sans prothèse“, termine le spécialiste.

Quels sont les bons gestes pour prévenir la hernie inguinale ?

S’il est impossible de prévenir une malformation congénitale (présente dès la naissance) – l’action préventive peut se porter sur les facteurs qui favorisent son apparition. Il est ainsi conseillé aux personnes susceptibles ou ayant déjà développé une hernie inguinale de :

  • Maintenir un poids santé ;
  • Privilégier une alimentation riche en fibres alimentaires (légumineuses, céréales complètes, fruits, légumes) afin d’éviter tout risque de constipation et de tension abdominale ;
  • Boire 1,5 L d’eau par jour, toujours pour prévenir une poussée intra-abdominale ;
  • Arrêter de fumer, pour limiter la toux ;
  • Réduire les activités qui impliquent de soulever de lourds objets.

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