Spread the love

Une juge de Los Angeles a ce mardi 14 mars abandonné les chefs d’accusation restants contre l’ex-producteur Harvey Weinstein. Déjà condamné à deux reprises, il devrait rester derrière les barreaux jusqu’à la fin de ses jours, mais certaines victimes auraient préféré que «justice soit faite» pour elles aussi.

En février dernier, Harvey Weinstein a écopé d’une peine de seize ans de prison pour un viol et deux agressions sexuelles sur une mannequin russe, Evgeniya Chernyshova, dans un hôtel de Beverly Hills en 2013.

Une peine qui s’ajoute à celle de vingt-trois ans d’emprisonnement qu’il purgeait déjà depuis sa condamnation pour des faits similaires à New York. Le septuagénaire – dont la chute en 2017 a libéré la parole de nombreuses femmes et engendré le mouvement #MeToo – devrait donc passer le reste de ses jours derrière les barreaux.

Les jurés du tribunal de Los Angeles n’avaient cependant pas atteint l’unanimité nécessaire pour prononcer un verdict concernant les accusations de deux autres femmes, dont Siebel Newsom, la femme du gouverneur de Californie Gavin Newsom. La justice devait donc se prononcer sur la tenue d’un éventuel nouveau procès concernant ces chefs d’accusation spécifiques. Le parquet avait annoncé son souhait de les abandonner, ce qui a été entériné par une juge mardi.

Le magazine Variety rapporte que le procureur principal Paul Thompson a rappelé qu’Harvey Weinstein purgeait déjà une peine combinée de trente-neuf ans et passerait le reste de sa vie en prison. Thompson a expliqué que le bureau du D.A. de Los Angeles avait pris la «décision difficile» de ne pas procéder à un nouveau procès, mais pas parce qu’ils ne croient pas en la nécessité de demander justice pour chaque victime.

des victimes demandent justice

Depuis 2017, près de quatre-vingt-dix femmes dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires, qui remontent pour certaines jusqu’à 1977.

Le procès de Los Angeles, tenu d’octobre à décembre, avait vu quatre femmes témoigner de manière anonyme contre lui, l’accusant de les avoir contraintes à des relations sexuelles. Deux d’entre elles, Siebel Newsom et Evgeniya Chernyshova, ont ensuite révélé leur identité à la presse.

L’accusation avait dépeint Harvey Weinstein comme un ogre tout-puissant, un «prédateur» dont la mainmise sur Hollywood – les films qu’il a produits ont reçu plus de 330 nominations aux Oscars et 81 statuettes – a longtemps empêché ses victimes de parler, par peur de répercussions sur leur carrière.

Ses avocats se sont, eux, employés à jeter le doute sur la parole des plaignantes, en soulignant notamment l’absence d’éléments médico-légaux pour étayer leurs récits.

Le procès a débouché sur un verdict partagé. Les jurés ont condamné Weinstein pour les faits portant sur Evgeniya Chernyshova, mais n’ont pas prononcé de verdict concernant les accusations de Siebel Newsom et d’une autre femme, et ont acquitté Weinstein concernant celles portées par la dernière plaignante.

Après l’audience de mardi, Lauren Young, actrice et scénariste qui affirme que Weinstein l’avait agressée en 2013, a pris la parole devant le tribunal, exhortant le juge à ne pas abandonner les accusations restantes. Apparaissant avec son avocate, Gloria Allred, Lauren Young a confié : «Je pense que Harvey Weinstein devrait être puni pour tous les crimes.»

«Même si l’accusé a été condamné à New York et à Los Angeles pour des crimes contre d’autres femmes», a-t-elle ajouté, «je voulais qu’il soit tenu responsable de ce qu’il m’a fait.» Lauren Young a déclaré à la juge Lisa B. Lench qu’elle pensait qu’un nouveau procès pour les accusations restantes créerait un précédent pour les prédateurs sexuels et donnerait aux victimes plus d’espoir dans le système judiciaire. «On se souviendra toujours de lui non pas comme un grand producteur, mais comme un criminel condamné et un prédateur sexuel», a-t-elle aussi déclaré.

Siebel Newsom n’a pas comparu devant le tribunal, mais elle a fourni une déclaration écrite qui a été lue à haute voix par la procureure Marlene Martinez. Dans la déclaration, l’épouse du gouverneur Newsom a déclaré que sa vie avait été grandement affectée par le fait que Weinstein l’avait violée, et qu’elle faisait face à de l’anxiété, à un manque de confiance et à des problèmes dans ses relations. «Il a essayé de ruiner ma vie et la vie de tant d’autres femmes», est-il écrit dans sa déclaration. «Il mérite de passer le reste de sa vie en prison.»

[REUTERS]” width=”375″/>

L’avocate de Siebel Newsom, Elizabeth Fegan, a dit qu’elle respectait la décision mais aussi affirmé que si le tribunal n’avait «pas prononcé une peine appropriée», Siebel Newsom aurait été «prête à soutenir les procureurs» s’ils avaient décidé garder les chefs d’accusation restants, et ce «même celui lui aurait été très pénible d’un point de vue émotionnel». «L’intention principale était de s’assurer que Weinstein passe le reste de sa vie en prison», a-t-elle souligné dans un communiqué transmis à Variety.

 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *