Femme en surpoids et obèses : quelle prise de poids pendant la grossesse ?
Le surpoids et l’obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. Ils sont principalement dus à une alimentation trop riche et à une activité physique faible, même si des facteurs psychologiques, génétiques, environnementaux, et des maladies chroniques peuvent intervenir dans leur survenue.
Comment savoir si on est en surpoids ?
Pour l’adulte, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le surpoids et l’obésité suivant l’indice de masse corporelle (IMC) (source 1). Pour mémoire, l’IMC se calcule en divisant le poids (exprimé en kilos) par la taille au carré (exprimée en mètre) soit IMC = poids en kg / taille² en m.
- Il y a surpoids quand l’IMC est égal ou supérieur à 25 ;
- il y a obésité quand l’IMC est égal ou supérieur à 30.
Quel est le poids maximum qu’une femme enceinte en surpoids peut prendre pendant la grossesse ?
Selon un communiqué du CHU de Toulouse, la femme en surpoids (qui présente un IMC entre 25 et 29,9 kg/m², avant son début de grossesse) devrait limiter sa prise de poids entre 7 à 11 kilos contre 11 à 16 kilos pour une femme à l’IMC normal (entre 18,5 et 25 kg/m², donnée avant de tomber enceinte) (source 2).
Courbe de poids : si un document de la Haute Autorité de santé rappelle qu”une attention particulière doit être apportée aux femmes en surpoids en début de grossesse, il n’est en revanche pas précisé qu’elle serait leur prise de poids “idéale” comme elle l’est indiquée pour les femmes avec un IMC normal. À savoir pour ces dernières : 1 kg en moyenne par mois et 1,5 kilo les deux derniers mois (source 3).
À quelle fréquence contrôler son poids ? Comment ?
La surveillance obstétricale de la femme enceinte en surpoids comporte les examens réguliers prévus dans le suivi de la grossesse « normale » (pesée mensuelle). Au besoin, des bilans supplémentaires (prises de sang, hyperglycémie provoquée par voie orale, automesure de la tension artérielle à domicile…) pourront être prescrits à la femme en surpoids afin de dépister au plus tôt la survenue des complications : prise de poids excessive, diabète gestationnel, hypertension artérielle.
En cas d’obésité, des échographies supplémentaires seront nécessaires et pourront être réalisées par voie endovaginale afin de mieux visualiser le fœtus et ses organes (en raison de l’importance du tissu adipeux). Si ces images ne permettent pas une analyse satisfaisante, une IRM pourra aussi être demandée en complément.
Qui assure le suivi (prise de poids) de la grossesse d’une femme enceinte ? En fonction de la consultation préconceptionnelle, le suivi de la grossesse de la femme enceinte sera assuré selon l’importance du surpoids. Le médecin généraliste, sage-femme, gynécologue médical ou gynécologue-obstétricien assureront par exemple le suivi de la femme en surpoids ou en situation d’obésité sans complications. Face à une situation d’obésité dite complexe, le suivi sera en revanche assuré par un gynécologue-obstétricien et un médecin spécialiste de l’obésité.
Peut-on faire un régime pour maigrir pendant la grossesse ?
« La grossesse n’est surtout pas le bon moment pour mettre en œuvre un régime drastique, en raison des conséquences sur la santé de la future maman et de son enfant », avertit la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache.
Des apports alimentaires insuffisants pendant la grossesse peuvent entraîner des carences nutritionnelles (vitamines, calcium…) avec des risques d’hypotrophie fœtale (nouveau-né de petit poids) et dans une mesure plus grave, et heureusement très rare, de morts in utéro.
Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, Dre Corinne Chicheportiche-Ayache
Il s’agira en revanche de définir avec un nutritionniste, et en coordination avec le gynécologue, un objectif de prise de poids durant la grossesse et de mettre en œuvre un contrat thérapeutique définissant des objectifs de poids. Ces objectifs personnalisés et progressifs, s’appuient sur l’histoire du poids de chaque femme, de son niveau d’activité physique enceinte, de son état émotionnel ou encore de sa relation avec l’alimentation.
Comment perdre du poids sans régime alimentaire quand on est enceinte en surpoids ?
« Sans se lancer dans un régime amincissant drastique, il sera toutefois possible de gérer sa prise de poids en appliquant les mesures hygiéno-diététiques incontournables répondant aux trois aspects indissociables du contrôle du poids : aspect diététique : ce que l’on mange, aspect comportemental : comment on mange, et le niveau d’activité physique : ce que l’on dépense comme énergie », précise la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache.
- Répartir l’alimentation au moins en trois repas plus une collation dans l’après-midi,
- ne pas sauter de repas,
- ne pas bannir les féculents indispensables pour réguler la satiété et éviter les fringales,
- privilégier les fruits et les légumes riches en nutriments,
- garder un bon niveau d’activité physique sont des pistes. La Haute Autorité de santé (HAS) préconise par exemple les sports type natation, marche rapide ainsi que les exercices de renforcement musculaire, si pas de contre-indications obstétricales bien sûr.
Combien de calories par jour ? Comment contrôler ses apports nutritionnels ?
Les besoins énergétiques journaliers moyens de la femme enceinte doivent augmenter par rapport à celui d’avant la grossesse (passant de 1 800 kcal en moyenne par jour à environ 2500 kcal par jour). Ils augmenteront progressivement de 70, 260 et 500 kcal/j en moyenne aux 1er, 2e et 3e trimestres, respectivement (source 4).
Cet apport calorique ne change pas selon que la femme enceinte est en surpoids ou non. En revanche, ce nombre de calories doit être adapté selon le niveau d’activité physique et le métabolisme de chacune d’entre elles.
Dre Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste
Des analyses de sang seront d’ailleurs prescrites durant ces neuf mois pour détecter d’éventuelles carences alimentaires pouvant être liées à des apports trop pauvres en vitamines, en oligo-éléments et en nutriments de bonne qualité. « En période de grossesse, les apports en fer devront par exemple être plus importants », souligne la Dre Corinne Chicheportiche-Ayache.
Quels sont les aliments qu’une femme enceinte en surpoids ne doit pas manger ?
En plus des conseils personnalisés transmis par son médecin gynécologue, les aliments à éviter en étant enceinte en surpoids sont à peu près les mêmes que pour une femme à IMC normal (entre 18,5 et 25 kg/m²), en raison de risques spécifiques (listériose, toxoplasmose…). À savoir :
- “fromages au lait cru (surtout les pâtes molles),
- charcuterie cuite (rillettes, pâtés, foie gras, produits en gelées…),
- préparations transformées (trop salées),
- produits allégés,
- mais aussi la viande hachée et crue (source 5).
- L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (l’ANSES) rappelle aussi aux femmes enceintes de limiter leur consommation de poissons afin de notamment limiter les risques de surexposition à certains contaminants. « Pendant la grossesse et jusqu’à l’âge de 3 ans, le cerveau de l’enfant étant particulièrement vulnérable à l’action toxique du méthyl-mercure et des PCB » (source 6). L’organisme conseille donc de limiter la consommation de certains poissons dits « prédateurs sauvages » (lotte-baudroie, loup-bar, dorade…) et de limiter à 1 à 2 fois tous les deux mois, celle de poissons d’eau douce type carpes, silures.
Menu spécial femme enceinte en surpoids en hiver
Si l’été se prête plus facilement à des recettes fraîcheur type salade de riz complet au poulet ou papillote de maquereaux aux agrumes, l’hiver, à l’inverse, est plus propice aux « envies de gras » : plats fromagers au four, préparations à base de crème… Alors, si c’est votre cas et que vous manquez d’inspirations, voici une proposition de dîner pour se faire plaisir sans culpabilité :
- velouté de potiron (entrée),
- poêlée d’endives avec quinoa et filet de saumon (plat),
- pomme au four à la cannelle (dessert).
Pourquoi repérer l’excès de poids durant une grossesse ?
Limiter les risques santé : la surcharge pondérale en elle-même présente un risque double pour la future maman et son bébé : en augmentant les risques d’hypertension et de diabète de la femme enceinte, elle augmente les risques d’accouchement prématuré et de complications néonatales. Détails.
Diabète gestationnel, de quoi parle-t-on ?
Le diabète gestationnel dit aussi « diabète de grossesse » est un trouble de la tolérance au sucre avec une augmentation de la glycémie (quantité de sucre dans le sang) plus ou moins importante. Il se diagnostique pour la première fois au cours de la grossesse autour de la 25e semaine d’aménorrhée. Et s’il est bien souvent réversible à l’accouchement, le diabète gestationnel est à prendre au sérieux du fait des conséquences qu’il peut avoir chez la future mère et futur enfant.
Conséquences chez la femme enceinte
Un risque d’hypertension artérielle gravidique et de pré-éclampsie (augmentation anormale de pression artérielle) est plus fréquent chez la femme en surpoids ayant un diabète gestationnel. « La pré-éclampsie peut par exemple se traduire par un décollement du placenta, un accouchement prématuré, un retard de croissance du fœtus… » détaille la médecin nutritionniste. Le diabète de grossesse est aussi associé pour la mère à un risque de césarienne et une anxiété, suite à l’annonce du diagnostic de diabète gestationnel.
Conséquences chez le bébé
« Du fait du glucose en excès dans le sang maternel et passant par le placenta, le bébé risque de grossir trop vite par rapport à son âge et de naître avec un poids de naissance élevé (macrosomie fœtale) » détaille la médecin nutritionniste. On parle de ce trouble lorsque le poids est supérieur au 90e percentile de la courbe de croissance de référence, soit supérieur à 4 kilos pour un bébé né à terme.
Des hypoglycémies (glycémie trop basse) du nouveau-né peuvent aussi apparaître au moment de la naissance, en lien avec un diabète gestationnel. « Avec des risques d’état d’agitation, de tremblements importants, d’altération de la conscience ou de convulsions » illustre la médecin nutritionniste. Ces anomalies peuvent toutefois être corrigées par une alimentation rapprochée du bébé.
Même si plusieurs risques visent la femme enceinte en surpoids et son futur bébé, un régime alimentaire au sens strict du terme sera déconseillé au profit d’un rééquilibrage alimentaire supervisé par l’équipe médicale.