L’entorse est un traumatisme fréquent chez les sportifs, qui survient le plus souvent lors d’un mouvement brusque de torsion au niveau d’une articulation. Elle désigne une atteinte des ligaments qui relient nos os entre eux.
Dans le cas d’une entorse du doigt, plusieurs ligaments peuvent être étirés, voire déchirées : les ligaments de l’articulation interphalangienne proximale (IPP) et ceux de l’articulation interphalangienne distale (IPD).
Pour soulager les symptômes et limiter les séquelles délétères, une prise en charge rapide est nécessaire. Encore faut-il savoir reconnaître un tel traumatisme. Éclairages et conseils du Dr Hervé Collado, médecin du sport et vice-président de la Société Française de Traumatologie du Sport (SFTS).
Définition : qu’est-ce qu’une entorse du doigt ?
Comme indiqué ci-dessus, une entorse du doigt désigne l’étirement ou le déchirement total d’un ou de plusieurs ligament(s) du doigt. « Chaque doigt est constitué de plusieurs phalanges, articulées et maintenues par des ligaments. Ces ‘câbles fibreux’ permettent de relier les os entre eux et de stabiliser les articulations », tient à rappeler le médecin.
Et de préciser : « l’entorse du doigt est relativement rare dans la vie quotidienne, à moins de tomber brutalement et de se retenir à l’aide de ses mains par exemple. C’est une blessure que l’on retrouve le plus souvent chez des sportifs qui pratiquent des sports de balle (basket, handball, rugby, etc.) ou du ski ».
Entorse légère, moyenne ou grave ?
Sa prise en charge dépend des ligaments affectés, mais aussi du degré de gravité de l’entorse. On distingue en effet :
- les entorses bénignes (les ligaments sont ‘simplement’ étirés) ;
- les entorses moyennes (les ligaments sont distendus et certaines fibres du ligament sont déchirées)
- et les entorses graves (toutes les fibres des ligaments sont déchirées et des arrachements osseux ont eu lieu).
Pouce, majeur, annulaire, petit doigt… Quels doigts peuvent être concernés ?
Tous les doigts de la main peuvent être concernés par une entorse : le pouce, l’index, le majeur, l’annulaire ou l’auriculaire (le petit doigt).
L’entorse peut aussi se produire au niveau des ligaments de l’articulation interphalangienne proximale (IPP), qui relie la phalange proximale et la phalange moyenne, ou de ceux de l’articulation interphalangienne distale (IPD), qui relie la phalange moyenne et la phalange distale.
Les entorses d’orteils existent aussi !
Les articulations des orteils de nos pieds sont elles aussi maintenues par des ligaments susceptibles d’être malmenés. Suite à un mouvement trop brusque ou à un choc violent, ils peuvent être étirés anormalement, voire déchirés. On parle donc d’entorses d’orteils. Le plus souvent elles concernent le petit ou le gros orteil et se produisent chez des sportifs, notamment les footballeurs.
Doigt tordu, enflé, douleur, hématome… Quels symptômes doivent alerter ?
« Les entorses surviennent suite à un traumatisme : la douleur n’apparaît pas progressivement, mais se manifeste brutalement », précise le Dr Collado. Plusieurs symptômes peuvent l’accompagner :
- un œdème (gonflement) ;
- uneecchymose (qui se forme dans les heures suivant le traumatisme) ;
- une sensation de chaleur et de faiblesse au niveau de la zone concernée ;
- et une difficulté à mobiliser le doigt concerné et à saisir des objets divers (notamment handicapant en cas d’entorse du pouce).
À noter : si le doigt a l’air tordu, il s’agit certainement d’une luxation, voire d’une fracture.
En vidéo : « Comment reconnaître une entorse ? »

Cause : comment peut-on se faire une entorse du doigt ?
Vous l’aurez compris, l’entorse des doigts est plutôt l’apanage des sportifs qui jouent avec une balle (handball, volleyball, rugby, etc.), voire avec des raquettes (tennis, badminton, etc.) ou des bâtons (principalement le ski). Elle peut aussi survenir dans la vie courante, suite à une chute avec réception sur les mains, ou à un choc brutal.
Diagnostic : comment savoir si le doigt cassé, si c’est une foulure, une luxation ou une entorse ?
Pour différencier une entorse d’une foulure, d’une luxation ou d’une fracture, il faut passer par un interrogatoire méticuleux, un examen clinique et surtout un bilan d’imagerie médicale. La radiographie permet notamment d’identifier un éventuel arrachement osseux, une fracture ou une luxation. Et seule une échographie permettra de distinguer une entorse bénigne d’une entorse grave.
Glaçage, repos, élévation, compression… : que faire en cas d’entorse du doigt ?
Quel que soit le degré de gravité de l’entorse, certains réflexes permettent de soulager la douleur et d’accélérer la guérison. Après le traumatisme, mettez en place le protocole RICE (repos, glace, compression et élévation) le plus rapidement possible :
- stoppez votre activité en cours pour éviter d’aggraver les lésions et la douleur (autrement dit, mettez votre main et surtout votre doigt au repos) ;
- refroidissez votre doigt à l’aide d’une poche à glace pendant une vingtaine de minutes (ou, si vous n’en possédez pas, placez des glaçons dans un linge et appliquez-les sur votre peau pour éviter de les brûler) ;
- pratiquez une contention souple (strapping) à l’aide d’un bandage élastique pour immobiliser votre doigt temporairement, sans trop serrer
- et surélevez votre main et votre doigt au-dessus de votre coude, pour éviter qu’il ne gonfle trop.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Quelle que soit la situation, mieux vaut consulter un(e) professionnel (le) de santé rapidement. Il / Elle pourra ainsi poser un diagnostic fiable, prescrire les médicaments ou séances de kinésithérapie adaptés et assurer un suivi. « Il ne faut surtout pas prendre ce type d’entorse à la légère, insiste le Dr Collado. Une intervention chirurgicale peut être nécessaire dans certains cas pour limiter des séquelles comme une arthrose précoce, des douleurs persistantes, une perte d’amplitude, etc. »
Traitement : comment se soigne une entorse au doigt ?
« L’objectif de la prise en charge est de favoriser la consolidation des ligaments atteints, sans pour autant immobiliser complètement le doigt », explique le médecin.
Une attelle peut parfois être proposée en première intention et rester en place pendant quelques jours avant d’être retirée au profit d’une syndactylie, mise en place pendant une quinzaine de jours (on attache le doigt traumatisé au doigt voisin qui sert de tuteur et n’impose pas une immobilisation trop stricte). Mais dans certains cas la syndactylie peut être réalisée dès le départ.
En cas de douleurs, le / la médecin peut prescrire des médicaments antalgiques : « généralement du paracétamol (en l’absence d’allergie ou d’insuffisance hépatique), car les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont plutôt déconseillés », précise le Dr Collado.
Comment se passe la rééducation ? Combien de temps dure-t-elle ?
Des séances de kinésithérapie sont généralement prescrites le plus tôt possible pour limiter l’enraidissement de l’articulation. La récupération totale prend parfois du temps et nécessite des massages, des drainages, des mobilisations douces, voire des techniques de vibration ou d’ultrasons.
Quand envisager une chirurgie ?
Une chirurgie des ligaments (ligamentoplastie) par arthroscopie peut exceptionnellement être envisagée en ambulatoire. Concrètement, le chirurgien réalise de minuscules incisions au niveau du doigt et insère une mini-caméra et de petits instruments pour réparer le ligament. L’intervention peut être envisagée en cas d’instabilité, de raidissements résistants à la rééducation ou de douleurs persistantes. Objectif ? Limiter les adhérences.
Quel est le délai de guérison d’une entorse ?
« On considère qu’une entorse est soignée à partir du moment où on peut mobiliser son articulation sans douleur et sans raideur handicapante », rappelle le Dr Collado. Le temps de récupération après une entorse dépend de son degré de gravité. Comptez une à trois semaines pour une entorse bénigne, quatre à six semaines pour une entorse moyenne et entre six semaines et trois mois pour une entorse grave. Et l’expert de préciser : « demandez toujours l’avis de votre médecin avant de reprendre une activité physique ou manuelle mobilisant votre doigt traumatisé ».
Comment soigner une entorse au doigt naturellement ?
En complément du protocole établi par votre médecin, certaines méthodes naturelles peuvent aider à soulager les symptômes :
- continuer à épargner son doigt en évitant de le solliciter et en privilégiant le repos ;
- appliquer de la glace régulièrement dans les premiers jours pour limiter l’œdème ;
- utiliser un bandage élastique pour réduire l’œdème et la douleur ;
- surélever au maximum son doigt traumatisé pour limiter l’œdème également ;
- miser sur des cataplasmes d’argile verte pour limiter le gonflement ;
- masser régulièrement son doigt (selon les conseils de son kiné) à l’aide d’huiles essentielles anti-inflammatoires ou antidouleur, comme l’huile essentielle d’immortelle, pour stimuler la circulation sanguine et atténuer la douleur ;
- adopter une alimentation saine et équilibrée et hydratez-vous suffisamment pour soutenir votre corps.