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L’entorse de Chopart est plus fréquente qu’on ne le pense, mais passe souvent inaperçu. Pour cause ? Nombre d’entre nous ignorent totalement de quoi il s’agit et la confondent avec une entorse bénigne de la cheville. Un autodiagnostic délétère, dans la mesure où cette atteinte ligamentaire doit faire l’objet d’une attention particulière. Comment la reconnaître et la prendre en charge ? Réponses du Dr Hervé Collado, médecin du sport et vice-président de la Société Française de Traumatologie du Sport (SFTS).

Définition : qu’est-ce qu’une entorse de Chopart et où se situe cette articulation ?

« L’entorse de l’interligne articulaire de Chopart ne concerne pas la cheville, mais le médio pied. On parle donc parfois d’entorse médiotarsienne », précise d’emblée le médecin.

En effet, l’articulation de Chopart fait le lien entre les os du tarse postérieur et ceux du tarse antérieur du pied. Son rôle est essentiel : elle sert d’amortisseur lors de la marche et permet d’adapter la position du pied par rapport au terrain. « Mais elle est stabilisée par plusieurs ligaments qui peuvent être le siège d’entorses », indique le Dr Collado.

Comme toutes les entorses, les entorses de l’interligne de Chopart peuvent être plus ou moins graves. on distingue :

  • les entorses de l’interligne de Chopart bénignes, qui correspondent à un étirement des ligaments ;
  • les entorses de l’interligne de Chopart moyennes, qui correspondent à une élongation des ligaments
  • et les entorses de l’interligne de Chopart sévères, qui correspondent à une déchirure des ligaments.

Le plus souvent il s’agit d’entorses bénignes, car l’articulation de Chopart a peu d’amplitude, mais la prise en charge s’avère souvent plus complexe qu’une entorse de la cheville par exemple, souligne l’expert. 

Quelle différence avec une entorse de la cheville ou une fracture ?

Comme vous l’aurez compris, l’entorse de la cheville, l’entorse de l’interligne de Chopart et la fracture de la cheville sont toutes les trois des blessures susceptibles d’occasionner des douleurs, un œdème et des difficultés à se déplacer.

Toutefois l’entorse de l’interligne de Chopart se produit au niveau de l’articulation de Chopart, située entre le milieu du pied et l’avant-pied, tandis que l’entorse de la cheville se produit au niveau de l’articulation de la cheville, située entre la jambe et le pied. Toutes deux surviennent suite à une atteinte des ligaments, tandis qu’une fracture implique une rupture ou une fissure des os.

Dans certains cas, ces blessures peuvent survenir simultanément : « on peut, par exemple, souffrir d’une entorse de la cheville isolée, ou d’une entorse de la cheville associée à une entorse de l’interligne de Chopart », précise le Dr Collado.

Quelles sont les causes de l’entorse médiotarsienne ?

Les mécanismes à l’origine de l’entorse de l’interligne de Chopart sont similaires à ceux de l’entorse de la cheville. Le plus souvent, ce type d’entorse fait suite à un choc ou à une chute en avant avec torsion du pied, comme lorsque l’on rate une marche, lorsque l’on porte des talons trop haut et que l’on chute, lorsque l’on pratique une activité sportive, etc.

Quels symptômes doivent alerter ?

Une entorse de l’interligne de Chopart se manifeste généralement par une vive douleur localisée au niveau du coup du pied et associé à :

  • un gonflement et une inflammation autour de l’articulation ;
  • la présence d’ecchymose(s) au niveau de l’articulation ;
  • et des difficultés plus ou moins importantes à marcher, en fonction de la sévérité de l’entorse.

Au moment du traumatisme, les patient(e)s peuvent aussi entendre un craquement soudain caractéristique.

En vidéo : « Comment reconnaître une entorse ? »

Comment reconnaître une entorse ?

Quel est le temps de guérison d’une entorse de l’interligne Chopart ?

La durée de récupération est variable, répond le Dr Collado. Elle dépend notamment des ligaments atteints, de la sévérité de l’entorse et de la santé globale des patient(e)s. Sans compter les complications éventuelles, comme les arrachements osseux. En cas d’entorse légère, les symptômes s’atténuent généralement en moins d’un mois (deux à quatre semaines). En cas d’entorse moyenne, il faut compter deux à trois mois avant de pouvoir mobiliser son pied sans douleurs ou raideurs. Et en cas d’entorse sévère, la convalescence peut durer plusieurs mois.

Traitement : Médicaments, attelle, kinésithérapie… Comment prendre en charge ce type d’entorse ?

« La prise en charge de l’entorse de l’interligne de Chopart dépend de son degré de sévérité et des ligaments atteints », prévient le Dr Collado. Dans tous les cas, il faut éviter de prendre appui au sol, et mettre en place le protocole RICE (repos, glace, compression et élévation) le plus tôt possible, pour limiter l’œdème et l’hématome.

Quels médicaments, quelle attelle ou botte ?

Pour soulager la douleur, le médecin peut prescrire des médicaments antalgiques. « On évite les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que l’ibuprofène ou le naproxène », précise le médecin.

Une attelle souple destinée à maintenir le pied en position neutre (ni flexion ni extension) est également prescrite. Et l’expert de préciser : « En cas d’entorse sévère, ou associée à une entorse de la cheville, on peut préférer une botte de marche spécifique que l’on peut retirer pour se laver et éventuellement pour dormir ».

Comment se passe la rééducation ? Combien de temps dure-t-elle ?

« Il faut commencer les séances de kinésithérapie le plus rapidement possible et mobiliser l’articulation pour limiter l’enraidissement et l’installation d’une arthrose précoce », insiste le Dr Collado. Au programme ? Massages drainants et exercices de physiothérapie pour reprendre progressivement appui sur son pied.

Bon savoir : des infiltrations de corticoïdes peuvent être proposées en cas de douleurs persistantes. Un bilan d’imagerie complémentaire peut aussi être demandé pour vérifier l’absence de fractures ou d’autres lésions qui seraient passées inaperçues lors de l’interrogatoire, de l’examen clinique et du diagnostic initial.

Quelles sont les séquelles possibles ?

Dans certains cas, un syndrome douloureux régional peut s’installer : la fameuse algoneurodystrophie. Mais les complications restent tout de même rares. « Qu’on soit très sportif ou non, un premier épisode d’entorse de l’interligne de Chopart bien traité n’entraîne généralement pas de séquelles particulières. Le problème, c’est si la personne n’observe pas suffisamment longtemps son traitement, ou multiplie les entorses. Elle en arrive à avoir ce que l’on appelle une cheville « instable  » : les ligaments sont tellement abîmés que la rééducation ne suffit plus. La seule solution ? Une ligamentoplastie sous arthroscopie, c’est-à-dire une opération chirurgicale visant à refaire les ligaments chirurgicalement pour stabiliser la cheville et limiter le risque d’arthrose précoce. »

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