Elisabeth Borne dépasse ce mardi la longévité d’Edith Cresson à Matignon

Malgré l’incertitude qui règne autour de son maintien à Matignon, Elisabeth devient, ce mardi 4 avril, la Première ministre à être restée le plus longtemps en poste, dépassant ainsi Edith Cresson avec dix mois et dix-neuf jours.
Record battu. Ce mardi 4 avril, Elisabeth Borne devient la Première ministre à avoir exercé le plus longtemps, dépassant ainsi sa seule prédécesseuse, Edith Cresson, qui a occupé le poste du 15 mai 1991 au 2 avril 1992. Un record de longévité qui pourrait toutefois ne pas perdurer tant la Première ministre a été fragilisée politiquement, à l’image de la cheffe de gouvernement propulsée par François Mitterrand, une trentaine d’années plus tôt.
«La méthode sera celle de la concertation et du dialogue» pour rechercher «les majorités les plus larges». Ce n’est pas Elisabeth Borne qui a prononcé ces mots mais la socialiste Edith Cresson, nommée «Première ministre» le 15 mai 1991. Car les deux femmes ont été confrontées à la même difficulté : l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, même s’il ne manquait que quelques députés à Edith Cresson, au lieu d’une quarantaine pour Elisabeth Borne.
Usage du 49.3
Pour faire passer des textes, elles ont dû convaincre au-delà de leur camp ou, à défaut, utiliser le 49.3, qui permet l’adoption de projets sans vote mais expose à la censure. Edith Cresson a utilisé cette arme constitutionnelle 8 fois, Elisabeth Borne 11 fois, y compris pour faire passer la très contestée réforme des retraites, attisant la contestation dans la rue et la fragilisant à Matignon.
Ce mardi, son bail rue de Varenne dépasse donc celui d’Edith Cresson : dix mois et dix-neuf jours. Une échéance regardée de près par l’Elysée qui estime toutefois qu’envisager un remplacement avant ce terme aurait été «dramatique dans le souvenir que ça laisserait», note un conseiller.
Elisabeth Borne Soutenue par sa majorité
Contrairement à Edith Cresson, attaquée dans sa gestion y compris par les «éléphants» du PS sur fond de «machisme», Elisabeth Borne n’a pas déplu à sa majorité. Après le 49.3, l’ancien chef du gouvernement, Edouard Philippe, parfois critique, l’a même réconfortée : «Je sais ce que c’est d’être Premier ministre, une autre peut le dire aussi. Ce n’est pas facile, je suis admiratif».
Si Elisabeth Borne devait quitter Matignon, «il faudra la juger sur son action politique et pas sur son sexe», insiste un cadre de la majorité. Et «rien n’empêche le président de nommer une femme après une femme. Son premier choix (la LR Catherine Vautrin, ndlr), c’était aussi une femme».
Quand Elisabeth Borne reçoit Edith Cresson à Matignon le 8 novembre, les deux femmes estiment que «les choses ont insuffisamment évolué» sur l’égalité, et qu’une femme à Matignon «ne devrait plus être une source d’étonnement». En trente ans, le gouvernement est devenu paritaire mais seules 5 femmes sur 21 y sont ministres de plein exercice.