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La dépression ne doit pas être confondue avec une déprime passagère . Si les symptômes de ces deux affections peuvent parfois être similaires (tristesse, sommeil perturbé, découragement…), leur durée représente un bon indicateur.

Le simple coup de cafard entraîne des signes d’ordre passager. En revanche, la dépression se caractérise par la survenue de troubles de l’humeur bien caractérisés qui se manifestent en quasi-permanence pendant au moins deux semaines consécutives.

Ces perturbations engendrent généralement des difficultés importantes dans les domaines affectif, social ou professionnel. La combinaison de signes dépressifs peut alerter l’entourage. En outre, mieux identifier la maladie aide les proches à en parler avec les victimes.

Souffrez-vous de déprime ou de dépression ?

Tristesse, angoisse, irritabilité, perte de plaisir… Des symptômes qui persistent plus de deux semaines peuvent signer le début d’une dépression. Ce questionnaire PHQ-9 (Patient health questionnaire), qui a été validé par des médecins, permet d’évaluer la profondeur du mal-être. La Dre Astrid Chevance, psychiatre, nous aide à faire le point.

Quels sont les différents types de dépression ?

  • L’épisode dépressif : pendant plus de 15 jours, la personne est fatiguée, triste et a perdu tout centre d’intérêt. Autres symptômes : troubles du sommeil, de l’appétit, idées noires…
  • La dépression saisonnière : due à une diminution de la lumière naturelle, elle survient à la fin de l’automne jusqu’au printemps.
  • La dépression du post-partum : la mère ressent des symptômes dépressifs intenses dans le mois qui suit l’accouchement.
  • La dépression réactionnelle : elle fait suite à une épreuve (deuil, accident, divorce).
  • La dépression masquée : le corps exprime la souffrance par des troubles physiques (mal de dos, maux de tête), parfois associés à ceux de la dépression classique (tristesse, troubles du sommeil).
  • Le trouble dépressif récurrent (ou dépression chronique) : il se caractérise par l’apparition répétée d’épisodes dépressifs avec des périodes de rémission.
  • La dépression souriante : elle est très difficile à identifier car les personnes qui en souffrent ne laissent rien transparaître. Elles ont l’air heureuses en apparence, mais en réalité souffrent profondément intérieurement.

La perte d’énergie

La dépression entraîne généralement une perte de l’élan vital associée à une fatigue intense et à un manque d’énergie. Au quotidien, il est alors difficile d’accomplir des gestes anodins. Cet état porte un nom : la “tâche impossible“. On en parle lorsque le patient ne se sent plus capable d’accomplir des tâches qui, jusqu’alors, s’effectuaient naturellement sans y penser : aller acheter son pain, faire son lit, s’occuper des tâches administratives ou ménagères…

Une impossibilité soudaine généralement incomprise par les proches d’une personne souffrant du syndrome. Aussi banales que sont ces « tâches impossibles », vous ne devez pas hésiter à en parler à vos proches et à vous faire aider. L’écrivaine Molly Backes ayant elle-même souffert du syndrome raconte : « Une fois, un ami est venu me chercher et m’a conduit à la pharmacie qui était à deux pâtés de maisons. C’était un cadeau incroyable. »

Les troubles du sommeil

Chez certaines personnes, le sommeil devient un refuge. Toutefois, cet excès n’est pas bénéfique : les dépressifs sont toujours aussi fatigués, même avec 10 heures de sommeil à leur actif. Pour d’autres, les nuits sont courtes : coucher tardif, réveil nocturne ou tôt le matin, vers 4 ou 5 heures. Le sommeil est moins profond et le réveil peut être douloureux psychologiquement.

Les troubles de la sexualité

La plupart du temps, en période de dépression, la sexualité est délaissée car le corps et la tête, moteurs dans ce domaine, sont perturbés. La personne dépressive ne prend plus de plaisir à faire l’amour avec son partenaire et perd généralement l’envie de le faire.

Même ledésir sexuel pour l’autre devient inexistant. L’acte sexuel devient difficile, voire parfois douloureux chez la femme lorsque la baisse de libido se traduit par une sécheresse vaginale.

Une diminution de l’aptitude à se concentrer ou à penser

Les personnes dépressives peuvent éprouver des difficultés à réfléchir et à s’exprimer clairement. Lors d’une conversation, les mots sont difficiles à trouver et les phrases manquent de fluidité. Le sujet atteint de dépression a l’impression d’avoir la tête vide ou que le monde est devenu trop compliqué pour lui. La mémoire et la concentration ont également tendance à diminuer. Les personnes dépressives ont plus de mal à fixer leur attention, à retenir ce qu’elles viennent de lire ou d’entendre et à ne pas se laisser distraire.

Des troubles de l’alimentation

Lors de dépression, l’appétit est souvent perturbé. Il est soit augmenté, soit diminué. Les personnes dépressives peuvent se réfugier dans la nourriture (le plus souvent sucrée) pour se créer un refuge. Le plaisir de manger peut aussi les abandonner. Ou bien ils délaisseront tout ce qui se rapporte à l’alimentation. Dans ce dernier cas, les aliments semblent sans saveur, et la préparation de plats devient une corvée. Les horaires des repas deviennent souvent irréguliers et leur composition déséquilibrée.

La prise ou la perte de poids peut révéler l’état dépressif. Mais des troubles du comportement alimentaire peuvent aussi se transformer en dépression.

La tristesse et l’hypersensibilité

Sans raison apparente, les personnes dépressives peuvent être envahies par un sentiment de tristesse immense et inhabituel. Bientôt le sujet ne trouve plus de sens ni d’intérêt à la vie. Les petits plaisirs (lire un livre, se promener, voir des amis) qui ponctuaient jusqu’alors sa vie n’en sont plus.

La tristesse peut amener une hypersensibilité face à des situations de tous les jours. La moindre difficulté ou contrariété devient insurmontable. La sensibilité est souvent associée à une sensation de vide émotionnel ou à une irritabilité. Chaque confrontation ou obstacle dans le quotidien peut amener la personne dépressive à s’énerver très facilement et de manière importante.

En vidéo : “J’ai traversé une dépression sévère”

De la culpabilité et des idées noires

La baisse d’estime de soi est très fréquente chez les personnes dépressives. Elles se sentent responsables de leur état et culpabilisent de ne pas pouvoir s’en sortir seules. Le défaitisme apparaît, puis s’étend à la vie entière.

Souvent, les personnes dépressives ne s’imaginent même pas vivre d’une autre manière et encore moins voir la fin du calvaire. Pour cette raison elles ne font pas appel à une aide extérieure et ont l’impression que personne ne pourra influer sur leur situation.

Des pensées morbides peuvent se manifester. La personne doit à tout prix en parler et être prise en charge rapidement car la dépression est la première cause de suicide en France.

Votre téléphone, meilleur allié pour réduire la dépression ?

Dans une étude récente, publiée dans l’édition en ligne du 9 juin 2021 de Nature Translational Psychiatry , des chercheurs de la faculté de médecine de l’Université de Californie à San Diego (Etats-Unis) ont utilisé une combinaison de modalités comme la mesure de la fonction cérébrale, de la cognition et des facteurs liés au mode de vie, pour générer des prédictions personnalisées de dépression.

Une approche personnalisée

Pendant un mois, les chercheurs ont collecté des données auprès de 14 participants souffrant de dépression à l’aide d’applications pour smartphones et de dispositifs connectés (comme des montres intelligentes). Tous ces appareils permettent de mesurer le sommeil, l’exercice, l’alimentation et du stress. Ces données ont ensuite été associées à des évaluations cognitives et à l’électroencéphalographie grâce à des électrodes placées sur le cuir chevelu.

“Notre étude montre que nous pouvons utiliser la technologie et les outils qui sont facilement disponibles, comme les applications pour téléphones portables, pour collecter des informations auprès d’individus souffrant ou à risque de dépression, sans charge importante pour eux, puis exploiter ces informations pour concevoir des plans de traitement personnalisés”, se félicitent les chercheurs. À titre d’exemple, l’exercice et la consommation quotidienne de caféine sont apparus comme de puissants prédicteurs de l’humeur pour un participant, mais pour un autre, c’était le sommeil et le stress, tandis que chez un troisième sujet, les principaux indicateurs étaient la fonction cérébrale et les réponses cognitives aux récompenses.

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