Est-ce que l’on peut changer quelqu’un ?
Peut-on changer son amoureux·se ? Telle est la grande question… Milène Leroy est claire : « On ne peut pas changer son ou sa partenaire et surtout, on ne devrait pas vouloir le faire. Cela renforce négativement le niveau d’attentes que l’on a vis-à-vis de son·sa partenaire et affaiblit, a contrario, le sentiment d’acceptation de l’autre personne telle qu’elle est. »
Dans quels cas peut-on s’autoriser à changer l’autre ?
« Pratiquement jamais. Sauf si la personne en face manifeste elle aussi un désir et/ou un besoin de changer. Mais si son énergie et sa motivation à vouloir évoluer sont moindres, la relation ne pourra pas vraiment être fluide ni sereine », indique la sexologue.
Pourquoi vouloir changer l’autre ?
S’il est bien évident que la relation avec l’autre (son amoureux/amoureuse) peut évoluer avec le temps et entraîner un certain nombre de changements dans la manière que les partenaires ont de se conduire l’un envers l’autre, ce ne serait pas si « sain » d’espérer changer l’autre.
La vraie question à se poser quand on a le désir de changer l’autre est : pourquoi ce comportement/cette attitude/cette habitude de l’autre me touche-t-elle, m’irrite-t-elle ? Qu’est-ce que ça me renvoie de moi-même ? Comme la sexologue l’explique : « Il y a un “effet miroir” qui n’est pas toujours évident à accepter. Si je veux changer l’autre, c’est que je peux avoir des difficultés à changer quelque chose en moi. Me focaliser sur l’autre pour ne pas me prendre en charge est une belle stratégie d’évitement. »
Comment repérer un partenaire qui veut changer l’autre ?
Il existe de nombreuses injonctions employées par une personne qui veut changer son/sa amoureux·se. Par exemple : « Tu devrais faire ça comme ça », « Tu ne parles pas assez », « Tu ne fais jamais d’efforts »…
Le “tu” qui tue est un reproche fait à l’autre qui instaure une tension interne et/ou externe monumentale : il dit à l’autre qu’il/elle n’est pas à la hauteur. Milène Leroy, sexologue
Ces conseils, pouvant être posés avec une bonne intention, peuvent se révéler destructeurs pour l’autre. Les profils les plus fragiles auront tendance à s’y fier et à se dévaloriser, à s’autoflageller, à souffrir et à se remettre sans cesse en question. « C’est d’ailleurs souvent ces derniers qui viennent consulter, arguant que c’est leur partenaire qui leur a conseillé de se faire suivre par un professionnel », constate Milène Leroy. Il serait plus judicieux pour l’équilibre du couple de venir consulter à deux pour recadrer les attentes de chacun et reformuler, au besoin, le sentiment de défiance qui prévaut entre les partenaires.
La sexologue précise : « Si un individu ne veut pas ou n’est pas prêt à travailler un aspect de sa personnalité, c’est son choix. Chacun a le droit de ne pas vouloir/pouvoir évoluer même s’il a conscience que ça ne plaît pas à son·a partenaire. »
Faut-il réagir différemment selon le type de changements demandés ?
Les chances de voir se produire un changement chez l’autre ne seront pas les mêmes selon la façon dont cette demande est formulée : ton employé, fréquence, style de vocabulaire employé… Exprimer un simple reproche du style « tu devrais essayer de t’habiller plus sexy » et faire une critique pouvant être blessante en disant par exemple « arrête de te maquiller, c’est vulgaire » peuvent en effet, produire deux réactions différentes.
Que faire si l’autre veut me changer ?
Le fait d’aborder ce « changement souhaité » avec son/sa partenaire de manière verbale voire avec un professionnel spécialisé en thérapie de couple peut aider à apaiser la relation de couple et cette volonté de changement ou non. N’oublions pas qu’il existe plusieurs langages amoureux : « Certains vont en effet être plus tactiles recourant aux câlins/caresses, quand d’autres seront plus dans l’expression verbale, ou plus à l’aise avec le fait de faire des cadeaux… », illustre Milène Leroy.
Peut-on changer l’autre par amour ?
L’amour est censé être une source de bonheur et d’épanouissement et non une charge. Changer pour faire plaisir à l’autre ne pourra donc certainement pas résoudre un problème de couple, dans le temps. « Pour que le duo fonctionne, le changement doit être cautionné par les deux parties, au risque sinon, de transformer la relation en dominant/dominé. » Et à trop vouloir plaire à l’autre, un déséquilibre voire un risque de dépendance affective pourrait naître. Une forte pression pourrait de la sorte, s’installer et transformer la relation amoureuse en relation toxique.
Comment préserver son couple ?
Une question d’équilibre
« L’équilibre du couple ne peut survenir que si les changements demandés le sont réciproquement et consentis par les deux partenaires », rappelle Milène Leroy.
Éviter les reproches et accompagner le changement
Il sera toujours préférable d’exprimer ce que l’on ressent, ce qu’on attend clairement de l’autre, de s’ouvrir à son/sa partenaire pour connaître ses attentes et besoins avant d’espérer un quelconque changement spontané. « Les formes, l’attitude, le tact sont des outils pour y arriver par amour sans risquer de brusquer ou d’offusquer l’autre », conseille Milène Leroy. La patience sera aussi souvent de rigueur mais quand on aime… n’est-il pas vrai qu’on ne compte pas ?