Comment être sûr de prendre la bonne décision ?

Dans l’urgence, submergé par la peur, le cerveau réagit au quart de tour, en se branchant sur un mode survie. Soit il nous engage à fuir (évitement), soit à attaquer (agressivité), soit il bloque toute velléité d’action (on subit). Des mécanismes archaïques qui œuvrent à notre insu. En revanche, le cerveau peut aussi adopter le mode “analytique” ou “adaptatif”, plus lent, avec calcul de probabilités, menant à une décision raisonnée. Un processus peu adapté à un contexte de forte tension, tant psychique que physique. Décider sous stress, c’est l’art de mêler expérience, intuition et sérénité retrouvée.
Comment faire des choix ? S’entraîner à la prise de décisions
Celui qui n’a jamais rien décidé, en se déchargeant des petites décisions quotidiennes sur des tiers, sera plus facilement désarçonné. Selon le philosophe Mathieu Maurice, coauteur de “La décision fertile”, “la décision est comme une sorte de muscle : moins on en prend, plus c’est dur et pénible de décider. On se met alors à subir, et plus on prend l’habitude de subir, et plus on a du mal à décider“. Exercez-vous donc d’abord à faire de “petits” choix, car l’habitude des petites décisions aide à prendre les grandes décisions.
Que faire quand on n’arrive pas à prendre une décision difficile ? Ne pas rester seul et demander de l’aide
En cas de décisions importantes et/ou difficiles à prendre, certains ont besoin de verbaliser les choses et de trouver une oreille attentive, un proche à qui exprimer leurs questions. Prenez plusieurs avis auprès de personnes compétentes, mais mieux vaut quelqu’un qui saura vous aider à vous poser les bonnes questions plutôt qu’une avalanche de bons conseils. Ne laissez personne choisir à votre place !
Rester à l’écoute de son intuition et de ses émotions pour faire un choix
Apprenez à repérer les signaux émotionnels, dans votre corps : coup au cœur, nœud à l’estomac, bouche sèche… qui sont autant d’alertes. Ce qui se passe dans votre corps constitue une excellente boussole. Si vous ressentez davantage de joie et d’enthousiasme à l’idée de suivre l’option A que l’option B, ou si au contraire, vous ressentez de la tristesse, de l’hésitation, un sentiment de malaise, ces émotions sont une bonne indication sur la décision à prendre. Selon Catherine Balance, coach et thérapeute, “vos signaux corporels sont essentiels : lorsque vous envisagez telle alternative, sentez-vous votre gorge, votre ventre se contracter ou au contraire s’ouvrir ?”. Dès lors que vous vous êtes positionné, détendez-vous et posez-vous cette question : “Est-ce que je le sens ou pas ?”
Se fier à son intuition, parfois, peut aider. Quand on est expérimenté, dans une situation connue, l’intuition est plus rapide et efficace que la raison. Un anesthésiste, un pilote d’avion… tous ceux exerçant un métier à risques, ont mémorisé des réflexes. “L’intuition est un répertoire d’expériences que le cerveau a enregistré au fil de nos décisions”, résume Maba Diarra, psychologue psychothérapeute.
Le saviez-vous ? Les hommes prendraient des décisions plus extrêmes que les femmes. C’est la principale conclusion d’une vaste recherche impliquant plus de 50 000 participants. Publiée en 2021 dans la revue PNAS, cette vaste analyse indique que les choix et décisions plus extrêmes des hommes peuvent être à la fois positifs ou négatifs. “Nous avons constaté que les hommes étaient beaucoup plus susceptibles que les femmes d’être aux extrémités du spectre comportemental, agissant de manière très égoïste ou très altruiste, très confiants ou très méfiants, très justes ou très injustes, très risqués ou très opposés au risque, et étaient soit focalisés sur le très court terme ou le très long terme”, a commenté le Pr Stefan Volk de l’Université de Sydney Business School, coauteur de l’étude, dans un communiqué.
Pour expliquer le pourquoi de ces décisions extrêmes chez les hommes, l’équipe de recherche évoque des racines évolutives aux différences homme/femme, qui ne datent donc pas d’hier. Une autre explication possible : les comportements extrêmes des hommes auraient tendance à être socialement bien acceptés, bien perçus.
S’informer, un peu… mais pas trop !
S’informer avant de décider, c’est sage. S’il est question d’un changement de poste par exemple, il est évident qu’il faut vous renseigner sur sa nature et ce qu’il implique. Mais vouloir trop de certitudes avant de faire un choix, c’est s’assurer que l’on ne se décidera jamais. Les chercheurs en neurosciences ont observé que plus nous amassons des données sur un sujet, plus nous courrons le risque de nous éloigner de l’essentiel. Peut-être que l’instinct, combinaison de la raison et de l’émotion, est le meilleur des guides.
Mathieu Maurice : Il est bon de se mettre à l’écoute de l’environnement, être curieux, se poser des questions et consulter, explorer, analyser. Le tout est de ne pas s’enliser pour finir par ne plus décider. Fixez-vous des jalons temporels, avec des délais à respecter.
Comment prendre la bonne décision ? Bien analyser ce que l’on a à perdre ou à gagner avant
Dressez les avantages et les inconvénients de chaque option, en réfléchissant aux conditions dans lesquelles la décision que vous prendrez sera la bonne, et en sachant vous arrêter : “Analyser c’est bien, mais tout ne se met pas en équation. À vouloir tout analyser, on finit par ne plus prendre de décision.”
Maba Diarra : Dans la décision, surtout sous pression, il y a toujours une prise de risque, des conséquences pour soi, pour autrui. Mais c’est le sel de la vie !
Dans tous les cas, il faut soupeser les enjeux et en privilégier un. “Parfois, c’est accepter un inconfort, mais en sachant pourquoi, poursuit la psychologue Maba Diarra. Du coup, on n’a pas le sentiment de subir une décision prise impulsivement.” En outre, on se laisse une marge de liberté : un petit temps de réflexion avant de donner une réponse. “Songez à faire des pauses, conseille l’experte. Si, si, même dans les urgences on peut s’arrêter.”
Pourquoi prendre une décision le matin ?
Vous connaissez le dicton : “La nuit porte conseil“. En fait, durant la phase de réveil matinal qui dure environ une dizaine de minutes, notre cerveau émet des ondes spécifiques des états de conscience modifiés, de relaxation profonde et de méditation. Des informations clé émergent à ce moment-là. Elles peuvent être très pragmatiques ou plus stratégiques. Pour les capturer, juste quand vous vous réveillez, laissez émerger ces idées à la surface de votre conscience. Si besoin est, notez-les pour ne pas les oublier.
Notre sélection de livres pour apprendre plus d’astuces sur le sujet
- Intuition et prise de décision, Catherine Balance, éd. Jouvence, 5,95 € (janvier 2021).
- Shuchuryoku : techniques mentales pour rester concentré sur ses objectifs, Nicolas Chauvat, éd. Jouvence, 12,90 € (février 2021).
- Décider ça se travaille !, Marine Balansard, Marine de Cherisey, éd. Eyrolles, 16,90€.
- Les talents cachés de votre cerveau au travail, Bernard Anselem et Emmanuelle Joseph-Dailly, éd. Eyrolles, 22€.