Spread the love


Le ministre a-t-il craqué sous la pression ? Ce mardi soir, une délégation d’élus a été reçue au ministère de la Transition écologique pour rencontrer Clément Beaune. Il faut croire que le locataire du 246 du boulevard Saint-Germain a entendu la centaine de personnes présente sur le trottoir d’en face.

Mobilisés à l’initiative d’élus et d’associations concernées par les nuisances des aéroports de Roissy, Orly et le Bourget, dont l’Association de défense contre les nuisances aériennes (Advocnar), les manifestants, parmi lesquels de nombreux riverains, s’élèvent contre l’adoption prochaine du Plan de prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE) en Commission consultative de l’environnement.

Elus et riverains demandent une baisse du trafic aérien

Annoncé en décembre dernier, ce document réglementaire, que nous avons pu consulter, planche sur une hypothèse d’augmentation du trafic aérien de l’ordre de 180.000 vols supplémentaires par an à Roissy, qui passerait alors de 500.000 à 680.000 vols annuels. Soit précisément ce qu’aurait apporté le Terminal 4 de l’aéroport Charles-de-Gaulle, un projet abandonné par le gouvernement en février 2021. « C’est l’inverse de ce que nous demandons, explique Audrey Boehly, porte-parole de l’association Non au T4, nous militons pour une diminution du trafic aérien. » Depuis plusieurs mois, élus et riverains dénoncent les effets de l’aviation sur leur santé, la nature et le climat.

Des nuisances aux graves conséquences sur la santé

Si des mesures technologiques ont été évoquées par le gouvernement pour diminuer ces effets, celles-ci ne convainquent pas les manifestants. « Il n’existe aujourd’hui aucune solution technologique pour qui permettrait de baisser le bruit et de redescendre sous le seuil tolérable de l’OMS (au-dessous de 45 décibels A Lden en journée et de 40 décibels A Lden la nuit – N.D.L.R.), ajoute Audrey Boehly. Et le constat est le même au niveau environnemental. Même constat pour l’aspect environnemental.

Troubles du sommeil, troubles cognitifs, hypertension, maladies cardiovasculaires. Le coût social a été estimé par l’Ademe à 6,1 milliards d’euros annuels pour le seul bruit aérien. « Ces nuisances peuvent faire perdre jusqu’à trois années d’espérance de vie en bonne santé », s’indigne Eugénie Ponthier, adjointe au Maire d’Epinay-sur-Seine (93) et signataire d’un courrier envoyé par 300 élus au ministre de la Transition écologique.

L’exemple des Hollandais moins volants

Seule solution pour les élus et riverains : réduire le trafic. C’est pourquoi ils ont été rejoints par leurs homologues des aéroports d’Orly et du Bourget, eux aussi victime du trafic aérien. Tous demandent une réduction de près de 10 % du trafic aérien par rapport aux chiffres constatés en 2019, dernière année avant le Covid-19, soit un plafonnement à 440.000 mouvements à Roissy, à 200.000 à Orly (le plafond actuel y est à 250.000) et à 50.000 pour le Bourget (contre 55.000 actuellement).

« C’est ce qui a été fait à l’aéroport de Schiphol d’Amsterdam, au trafic similaire à celui de Roissy, cela prouve que c’est possible. Que c’est une décision politique », renchérit Audrey Boehly.

Des couvre-feux pour tous les aéroports de la région

Cette demande de limitation s’ajoute à une autre, toute aussi importante pour les riverains, celle du couvre-feu. Aujourd’hui, seul l’aéroport d’Orly dispose d’un couvre-feu établi de 23h30 à 6 heures du matin : « Malheureusement, des dérogations sont accordées à tour de bras et il n’est pas respecté », commente Eugénie Ponthier qui milite avec les autres élus pour un allongement de ces limites.

Pour les aéroports de la Seine-Saint-Denis, c’est plus simple, il n’y a pas de couvre-feu. C’est pourquoi les élus demandent leur instauration, de 22 heures à 6 heures du matin pour celui du Bourget.

Le plafonnement en discussion, les couvre-feux c’est non

Contacté par 20 Minutes, Clément Beaune a salué la qualité « d‘un dialogue serein » et des « échanges de qualité » qui se poursuivront et affirme avoir proposé une méthode pour avancer concrètement sur la lutte contre les nuisances aéroportuaires : « D’ici l’été, des études d’impact vont être lancées à très court terme en accélérant le calendrier initialement établi. Cette démarche permettra d’établir et d’analyser plusieurs scénarios de restrictions complémentaires sur les aéroports franciliens (plafonnement, couvre-feu, etc.). »

Un dialogue que la délégation d’élus reconnaît, mais à travers un communiqué publié ce mercredi, ils déplorent que le ministre « refuse d’évoquer la question du couvre-feu ». « La promesse de Monsieur Clément Beaune d’étudier le plafonnement des aéroports de Roissy, Orly et le Bourget doit absolument déboucher sur des mesures concrètes de limitation du trafic aérien à la baisse, afin de protéger la santé de près de deux millions de Franciliens », commente Françoise Brochot, présidente de l’ADVOCNAR.

Tous attendent désormais que le ministre tienne parole, lui qui a promis de les recontacter d’ici à la fin du mois de mai.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *