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Le grand ménage de printemps approche et dans le tri, un objet de votre cuisine serait à jeter immédiatement : les ustensiles en Teflon. Sur Instagram, une publication mise en ligne en fin de semaine dernière reprend les images d’un plateau de « C à vous », où Anne-Elisabeth Lemoine recevait l’acteur Mark Ruffalo le 13 février 2020 à l’occasion de la promotion du film Dark Waters. Dans ce film, il y incarne l’histoire vraie de Robert Bilott, un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques.

Sur le plateau, Mark Ruffalo revenait sur le scandale du Teflon qui serait en cause dans le film. « C’est quelque chose que tout le monde a aujourd’hui partout dans le monde », souligne Anne-Elisabeth Lemoine. Et l’acteur de lui répondre : « 99 % des êtres humains sur la planète sont contaminés », avant de rappeler le risque élevé de cancers derrière.

Sauf que la publication vue sur Instagram ajoute : « Vous aimez les fritures dans ces poêles qui ne collent pas et qui se nettoient presque toutes seules ? Vous aimez ces habits protecteurs et “respirants” dans lesquels – enfin ! – vous pouvez marcher sous la pluie en restant au chaud et au sec ? Même sans en utiliser régulièrement, vous en avez déjà sûrement TOUS dans votre sang. De quoi ? Du PFOA, un toxique présent partout dans notre quotidien… et qui peut aller jusqu’à endommager notre ADN ». Si le Teflon a déjà été prouvé comme dangereux pour la santé, la conséquence sur un possible changement dans l’ADN n’a pas été validée. 20 Minutes vous en dit plus.

FAKE OFF

L’ustensile de cuisine en Teflon avait tout pour plaire au moment de sa commercialisation il y a plusieurs décennies. Les poêles n’accrochaient plus et facilitaient nettement la cuisine, ainsi que son nettoyage. Cette formule qui paraissait magique était liée à un de ses composants, l’acide perfluoro-octonoïque (PFOA)… une recette pratique mais dangereuse. D’après un document publié par l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), il était également utilisé dans de nombreuses conditions pour « divers secteurs industriels (aérospatiale, construction, automobile, électronique », mais aussi utilisé « sur des tissus, emballages, tapis et moquettes, revêtements antiadhésifs ».

Toutefois, la publication vue sur Instagram mélange de nombreuses études liées à ce sujet. « Le problème principal de ce genre d’affirmation est qu’elle est vraie du point de vue des dangers, mais à nuancer du point de vue des risques qui tiennent compte de l’exposition », confirme le directeur de l’équipe Inserm – Metatox, Xavier Coumoul.

Plusieurs cancers détectés

Toujours d’après le document de l’INRS, des études ont été élaborées à la fois sur des rats et sur l’homme pour déterminer la toxicité du PFOA. « Le PFOA est absorbé principalement par voie orale et, dans une moindre mesure, par les voies cutanée et respiratoire », peut-on lire sur la base de données. L’INRS montre que si les données chez l’homme sont rares, il est prouvé que le PFOA touche principalement le foie, les poumons et les reins. Chez les souris, une altération du système immunitaire hépatique a également été démontrée.

Qu’en est-il pour les effets cancérogènes ? « Aux fortes doses d’exposition, le PFOA est tumorigène par voie orale », concluent deux études élaborées sur des rats. Chez l’homme, plusieurs études ont analysé les effets de l’exposition au PFOA sur plusieurs salariés d’usine concernés. « Certaines études ont montré des excès de cancers du rein, de la prostate et des testicules dans des populations exposées au PFOA et/ou à ses sels d’ammonium », met en évidence la fiche toxicologique.

Quelles conséquences ?

Plus largement, les multiples études concluent à une altération du développement des fœtus, de l’affaiblissement du système immunitaire et de l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. D’ailleurs le PFOA constitue plusieurs dangers signalés par l’Agence européenne des produits chimiques (Echa) : il peut nuire à la fertilité, peut être nocif pour les bébés nourris au lait maternel et peut provoquer des lésions oculaires graves.

Toutefois, son lien avec une rupture de l’ADN est moins établi aujourd’hui. « Les dommages à l’ADN induits par le PFOA […] peuvent développer une mutagénicité dans des conditions où l’apoptose [la mort cellulaire programmée] induite par l’APFO n’est pas suffisante pour éliminer les cellules endommagées », évalue une première étude. Mais une seconde contredit les éléments : Le PFAO « ne pourrait induire une augmentation des dommages à l’ADN (cassures des brins d’ADN et micronoyau) ».

Finalement, en juillet 2020, l’Union européenne a interdit l’utilisation du PFOA qui fait désormais inscrit sur la liste des polluants organiques persistants. Déjà sous pression, les fabricants doivent désormais s’adapter et utiliser de nouvelles molécules. Mais d’après une enquête de 60 millions de consommateurs, les techniques remplaçantes ne seraient pas forcément meilleures pour la santé. C’est notamment le cas des polymères GenX ou PFBS, également sous les radars de l’Echa. Ainsi, UFC Que Choisir recommande plutôt de se tourner vers des matériaux comme la céramique… qui seraient bien moins dangereux pour la santé.

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