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Adapter le dépistage organisé du cancer du sein aux données réelles mesurées, pour une meilleure prise en charge

Basée sur le nombre de décès par cancer du sein, une nouvelle étude scientifique met en avant les potentiels bénéfices d’un dépistage adapté aux réalités ethniques. En clair, on n’aurait pas les mêmes risques de contracter ce cancer que l’on soit blanche ou noire, ou encore de type asiatique, et le dépistage de ce cancer devrait donc être adapté en conséquence.

L’étude, parue le 19 avril 2023 dans le JAMA Network Open (Source 1), a inclus les données de 415 277 décès par cancer du sein survenus aux États-Unis entre 2011 et 2020, chez des femmes. Alors qu’il est préconisé à partir de 50 ans pour toutes les femmes aux États-Unis comme en France, il devrait commencer dès 42 ans, soit 8 ans plus tôt, chez les femmes noires. À l’inverse, au vu des données de l’étude, ce même dépistage pourrait aisément ne débuter qu’à 51 ans pour les femmes blanches, qu’à 57 ans pour les natives d’Alaska ou les femmes d’origine hispaniques, et qu’à 61 ans pour les femmes asiatiques ou originaires des îles du Pacifique.

Notons qu’il s’agit des chiffres à considérer toutefois avec prudence et qui n’invitent pas à renoncer au dépistage organisé. Selon les auteurs, ces résultats suggèrent simplement que les politiques de santé et les professionnels de santé devraient envisager une approche basée sur les risques liés à l’ethnie, et proposer un dépistage plus précoce aux femmes noires. La décision de commencer plus tôt le dépistage devrait rester individuelle, propre à chaque femme, estiment les chercheurs.

Des cancers plus précoces mais aussi plus mortels

Dans le détail, lorsque les chercheurs ont examiné les données par origine ethnique et âge, ils ont constaté que le taux de décès par cancer du sein chez les femmes dans la quarantaine était de 27 décès pour 100 000 personnes et par an chez les femmes noires, contre 15 décès pour 100 000 chez les femmes blanches et 11 décès pour 100 000 chez les femmes amérindiennes, autochtones de l’Alaska, hispaniques, asiatiques ou insulaires du Pacifique.

Les femmes noires seraient ainsi sujettes à des cancers du sein plus précoces, mais aussi plus mortels. Si l’on ne sait pas expliquer cette différence avec certitude, il est possible que la densité mammaire soit en jeu : les femmes noires auraient des seins plus denses que les autres, or, une haute densité mammaire augmente le risque de cancer du sein, tout en compliquant aussi la lecture des mammographies. Se pose aussi la question de l’accès aux soins, les femmes des minorités n’étant pas toujours aussi bien suivies que les autres.

Notons qu’une étude scientifique parue en février 2022 dans la revue Therapeutic advances in medical oncology a trouvé des différences significatives entre les processus moléculaires de l’ADN des femmes noires et des femmes blanches. Ces différences portent sur l’expression de gènes impliqués dans la réparation des dommages à l’ADN. Ce qui conduirait à la fois à une plus grande prolifération des tumeurs et à une diminution de l’efficacité de l’hormonothérapie.

Quid du risque de faux positifs ?

Le principal frein évoqué à un dépistage avant 50 ans est le risque de faux positifs et donc de traitements inutiles et dangereux. “Bien que certains puissent affirmer qu’un dépistage précoce peut entraîner une augmentation des rappels et des biopsies inutiles, les femmes sont rappelées pour une imagerie supplémentaire environ 10 % du temps et des biopsies sont nécessaires dans 1 à 2 % des cas, ce qui est assez faible”, a déclaré à ce propos le Dr Kathie-Ann Joseph, chirurgienne et oncologue au Perlmutter Cancer Center du NYU Langone (New York, États-Unis), à nos confrères de CNN. La chercheuse, qui n’a pas participé à l’étude, estime par ailleurs qu’un dépistage précoce des femmes noires leur permettrait, en cas de cancer, “de subir une chirurgie moins étendue et moins de chimiothérapie, ce qui a un impact sur la qualité de vie”.

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