Spread the love


« La maîtresse de Sarah a commencé à m’alerter en CE2, raconte Sophie, sa maman. Incapable de se concentrer, elle saute du coq-à-l’âne en permanence. Pour les devoirs à la maison, je dois lui répéter dix fois la même chose. Sa scolarité est compliquée. » Combien sont-ils à manquer de concentration ? Ce phénomène est en plein essor, à tel point que la Haute Autorité de Santé (HAS) a mis au point une liste de recommandations à destination des médecins, pour les aider à diagnostiquer le fameux trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Mais le défaut d’attention, avant d’être une maladie, n’est-il pas d’abord un “tic” d’époque ? « Entre bips et stimuli permanents, notre cerveau est très sollicité. Sans parler de l’hypervigilance anxieuse et d’un sentiment d’insécurité possible à l’école », souligne Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne spécialiste des troubles de l’apprentissage. Découvrez des solutions efficaces pour des enfants dès l’âge de 5, 6 ans, et même 4 ans pour l’exercice de la fraise Tagada.

1. Pour le sécuriser, offrez-lui un environnement chaleureux

« Il faut impérativement offrir aux enfants un cadre tendre et sécurisant, et éviter de les mettre sous pression, insiste Laurence Roux-Fouillet, sophrologue, qui reçoit de nombreux enfants inattentifs. Ranger son smartphone pour faire ses devoirs, éteindre la télévision pendant le repas : c’est le minimum ! Sans parler bien sûr d’une hygiène de vie adaptée : dormir dix heures par nuit au moins avant le collège. »

2. Pour le recentrer, apprenez-lui cet exercice corporel

La concentration s’entraîne également comme un muscle. Et, en ce sens, les thérapies dites “à médiation corporelle” (sophrologie, auto-hypnose, méditation de pleine conscience) sont idéales.

Laurence Roux-Fouillet recommande de s’installer sur une chaise, les pieds touchant le sol, comme les racines d’un arbre. Et de faire cet exercice pour se recentrer avant les devoirs ou en classe : « L’enfant ferme les yeux pour ressentir les points d’appui dans tous son corps : les bras sur l’accoudoir, les omoplates, le milieu du dos. Il visualise un pinceau qui vient dessiner un point de couleur sur chaque partie de son corps : le milieu du dos, l’arrière des cuisses, des genoux, sur les pieds puis au sommet de la tête. À lui, ensuite, de relier les différents points de couleurs, de la tête aux pieds. »

3. Pour le faire entrer “en mode devoir” faites-le “visualiser”

La psychologue et hypnothérapeute Lise Bartoli travaille sur la thématique de la “sonnette intérieure”.

« L’enfant, explique-t-elle, visualise, en fermant les yeux, une petite “sonnette de la concentration”, qu’il peut allumer ou éteindre. En cas de besoin, avant les cours ou avant les devoirs par exemple, il ferme les yeux, appuie sur sa sonnette imaginaire. Une petite musique se met en route, que lui seul entend. Cela signifie qu’il est en phase de concentration. »

Réalisé quotidiennement, l’exercice devient un apprentissage vers une concentration maximale.

4. Pour le calmer, incitez-le à méditer

Jeanne Siaud-Facchin conseille également à ses petits patients la méditation de pleine conscience : « La mindfullness libère de l’espace psychique, celui qui est parasité par le stress et les stimuli extérieurs », assure la psy, qui recommande, à titre d’initiation, l’exercice de la “fraise Tagada”.

On pose un bonbon dans la paume de l’enfant et on lui demande de l’observer, de contempler les reflets du sucre dans la lumière, puis, en fermant les yeux, de le placer sur la langue, sans le manger, en prêtant attention aux grains de sucre, à l’acidité, à tout ce qu’il ressent au moment présent.

Pour compléter, l’enfant peut s’adonner au coloriage “méditation”, une vraie tendance aujourd’hui, « en particulier, précise la psychologue, les coloriages de mandalas, qui procurent un apaisement en favorisant le lien entre les deux hémisphères cérébraux ».

5. Pour favoriser son attention, faites-le jouer de la musique

D’autres pistes sont intéressantes : les arts martiaux (karaté, judo…) mais aussi la pratique d’un instrument de musique. En jouant, l’enfant se concentre sur des séquences rythmiques, qui favorisent la mémorisation et l’attention. Le plus efficace restant le jeu en orchestre : « L’enfant habitué à isoler sa partition de violon ou de hautbois au sein d’un orchestre saura mieux que d’autres se concentrer sur la voix de son enseignant », affirme Marianne Blayau, déléguée générale de l’association Orchestre à l’école.

Mais ces loisirs ne doivent pas grignoter tout le temps de l’enfant. On sait aujourd’hui l’importance de ces plages de temps libre, propices à la créativité et à la concentration. « Cette dernière est non seulement une condition sine qua non de la réussite scolaire, assure Jeanne Siaud Facchin, mais plus généralement du bien-être. »

Quand parle-t-on vraiment d’hyperactivité ?

La réponse de Patrick Landman pédopsychiatre et auteur de Tous hyperactifs ? (éd. Albin Michel) : « La plainte vient en général de l’école. Si l’enfant saute du coq-à-l’âne en permanence, y compris dans son discours, s’il est incapable de se concentrer même cinq à dix minutes sans s’interrompre, papillonner, ou passer à autre, il faut consulter un pédopsychiatre.

Au moyen d’une batterie de tests neuropsychologiques, celui-ci posera ou non le diagnostic de trouble de l’attention, avec ou sans hyperactivité. L’enfant hyperactif est en plus “kinesthésique”, agité à longueur de journée. Il faut s’assurer que ce problème n’est pas ponctuel, provoqué par une anxiété ou un stress majeur, et écarter d’autres causes : la dyslexie, la dyspraxie, et même le surdon. Les enfants surdoués s’ennuient tellement en classe qu’ils ne parviennent pas à fixer leur attention. Je vois aujourd’hui des prescriptions à la va-vite de Ritaline, alors qu’il faudrait voir l’enfant au moins trois fois, pendant une heure. »

À lire pour aller plus loin : 

  • L’Art d’apaiser son enfant, Lise Bartoli. 16,50 €, éd. réactualisée Payot.
  • Au secours mon enfant est stressé, Laurence Roux-Fouillet. 17 €, éd. Presses de la Renaissance.
  • Tout est là, juste là et Mais qu’est-ce qui l’empêche de réussir, Jeanne Siaud-Facchin. 25,90 € et 21,90 €, éd. Odile Jacob.

Leave a Reply

Your email address will not be published.